La maison de jeunes Losange1 multiplie les projets en province du Luxembourg. Une structure qui cristallise les difficultés des MJ en milieu rural. Pour mieux se faireconnaître, la MJ a intégré le « collectif lux » qui regroupe les neuf maisons de jeunes de la province.
Les amateurs de rock’n roll connaissent bien L’Entrepôt, salle mythique de la province du Luxembourg. Mais peu parmi eux sauront que c’est l’asbl Losange, une maison de jeunesd’Étalle, qui gère ce lieu. La musique est une des passions de cette MJ qui propose aussi, fin avril, le festival Les Aralunaires et fait bourgeonner des vocations de musiciensgrâce à son centre de formation aux musiques actuelles.
Mais il n’y a pas que la musique dans la vie de cette MJ, vieille de trente ans, qui draine de 650 à 800 jeunes par an. L’an passé, par exemple, l’asbl Losange a participé auprojet de collaboration avec des organismes d’insertion socio-professionnels et la maison de l’emploi d’Étalle-Habay-Tintigny – qui dépend du Forem d’Arlon –, pour que lesjeunes comprennent mieux le parcours du combattant de l’emploi.
Si l’on en croit Jean-Pierre Pirson, le fondateur de la MJ, le projet phare, c’est surtout le « centre de formation au métier d’étudiant ». Cette initiative, auxmultiples ramifications, s’inspire de la « pédagogie des opprimés » de Paulo Freire. Une pédagogie qui s’appuie sur l’idée du partage des savoirs.« Lorsqu’on l’adapte au contexte d’une MJ, et bien cela donne des ateliers où les jeunes, après l’école, s’associent pour partager leurs connaissances. C’est aussil’occasion pour les jeunes de faire le point sur leurs projets et d’avancer. » Le Losange n’est donc pas une école. Il ne s’agit pas non plus officiellement d’une école dedevoirs, malgré les modules d’accompagnement aux devoirs qui sont proposés. Il faut dire que l’implication de cette maison de jeunes aux côtés des élèves endifficulté est réelle. Ainsi, de l’aveu même de Jean-Pierre Pierson, « la MJ a développé un partenariat avec les écoles libres et officielles afin deréfléchir à ce qui peut être fait pour les élèves qui tirent un peu la patte ». L’écueil possible de ce type de démarches est que la MJdépasse son cadre de travail habituel, « tous les trois mois il y a des jeunes qui viennent des services d’accrochage scolaire, on nous les envoie depuis les SAS vers la MJ, commeça, sans mandat, ce qui pose problème », s’inquiète Jean-Pierre Pirson.
« Ici, il faut proposer des projets pour faire venir les jeunes »
La qualité des projets proposés aux jeunes est essentielle dans une maison de jeunes en milieu rural. C’est ce qu’affirme Benoît Nivelet, coordinateur à la MJ Losange,« il est plus facile de faire des contacts vers les jeunes au cœur de la ville. Ici, il faut proposer des projets pour les faire venir, il faut faire de la publicité. Une de nosréponses aux problèmes de mobilité, c’est d’aller à la rencontre des jeunes, de bouger. C’est pourquoi nous sommes présents à Arlon ou dans des petitescommunes de la région. C’est aussi dans cette logique que nous allons bientôt déménager pour rendre nos locaux plus accessibles. » Dès lors, lesactivités occupationnelles ou l’accueil ouvert au tout-venant font moins partie intégrante de la vie d’une Maison de jeunes en pleine campagne, car toutes les activités sontstructurées autour des projets. De plus, Benoit Nivelet rappelle que ce sont les clubs de jeunes qui – d’ordinaire – proposent de l’occupationnel. Les maisons de jeunes, elles,sont par essence tournées vers l’éducation permanente, et les jeunes sont encadrés par des professionnels, ce qui n’est pas toujours clair pour le grand public. »
Ces points de vue de professionnels ont été partagés avec Évelyne Huytebroeck (Écolo) qui a récemment fait un petit tour en province du Luxembourg,à la rencontre des maisons de jeunes, dans l’espoir de nourrir son futur plan jeunesse avec des expériences estampillées « terrain ». Mais la MJ d’Étallen’était pas seule. En effet, depuis plus d’un an, il existe en Luxembourg une coordination des neuf maisons de jeunes de la région. Leur objectif est d’améliorer leurvisibilité, de de mutualiser leur expérience. C’est ainsi que les problèmes de mobilité et l’amalgame maisons de jeunes-clubs de jeunes ont pu être abordés.Ce « collectif ML » lux lancera prochainement une grande campagne pour mieux se faire connaître.
1. Maison de jeunes Losange :
– adresse : rue de l’Enclos, 150 à 6740 Étalle
– tél. : 063 45 60 84
– site : www.losange.net
– courriel : info@losange.net
