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L'Hiva et le Cemis évaluent l'inburgering à la flamande

Alors que le décret flamand sur les parcours d’intégration aura quatre ans le 1er avril, paraît la première étude officielled’évaluation de ce processus1, aussi connu sous le vocable néerlandais d’inburgering. D’une manière générale, les «usagers » du système sont plutôt satisfaits. Par contre, le décret est loin de toucher tout son public cible.

15-02-2008 Alter Échos n° 245

Alors que le décret flamand sur les parcours d’intégration aura quatre ans le 1er avril, paraît la première étude officielled’évaluation de ce processus1, aussi connu sous le vocable néerlandais d’inburgering. D’une manière générale, les «usagers » du système sont plutôt satisfaits. Par contre, le décret est loin de toucher tout son public cible.

L’étude, commandée par le gouvernement flamand, comporte deux volets : l’Hiva (KULeuven) a évalué dans quelle mesure le décret était appliquéet avec quelle efficacité. Le Cemis (Université d’Anvers) est parti du point de vue de l’usager et a effectué un sondage de satisfaction auprès de sept centsd’entre-eux. L’ensemble des résultats de l’enquête doit servir de niveau de référence zéro, pour des coups de sonde identiques ultérieurs.

Faible impact du décret

Premier constat, l’impact du décret est plutôt réduit : en 2005, seuls 38,1 % des primo-arrivants s’étant installés dans une commune se sonteffectivement présentés dans un bureau d’accueil. Et parmi ceux-ci, seuls 10 % ont obtenu un certificat final. Selon les termes du décret, c’est la commune qui doitveiller à ce que le primo-arrivant se présente au bureau d’accueil local, alors qu’avant 2004, c’était la tâche du bureau d’accueil lui-même.Cet aspect des choses semble s’améliorer avec le temps (46,2 % en 2006). Les trois bureaux urbains font aussi à ce niveau nettement mieux (60 %) que les cinq bureaux provinciaux,lesquels doivent entretenir des contacts avec un nombre beaucoup plus grand de communes.

Le concept même de parcours d’intégration est apparemment assez flou dans l’esprit de bon nombre de primo-arrivants. Mais même parmi ceux qui s’inscrivent aubureau d’accueil, 41,5 % ne terminent pas leur trajet. Les raisons sont ici multiples : pas toujours de réelles sanctions, pas de suivi systématique (sauf au bureau de Bruxelles),problèmes pratiques au cas par cas (absence de solution pour faire garder ses enfants, par exemple), etc.

Pour ce qui est des parcours, la collaboration entre les différents intervenants (bureau d’accueil, maison du néerlandais, cours de langues et VDAB) sembles’améliorer. En témoigne la proportion croissante de parcours entamés dans les délais prévus, soit trois mois à dater de l’inscription au bureaud’accueil. En 2004, elle était de 52,3 %. En 2006, on atteignait 92,6 %. Quant à la durée du parcours, avec une moyenne de 7,1 mois, elle est bien inférieure aumaximum de 12 mois prévu par le décret. À première vue, l’offre de cours est suffisante par rapport à la demande (il n’y a pas de filesd’attente), mais ce constat doit évidemment être mis en rapport avec le faible impact du décret.

Des parcours très différents

Mais le primo-arrivant est-il pour autant plus intégré en sortant qu’en entrant ? Difficile à dire. Aucune véritable évaluation des connaissancesn’est liée à l’obtention de l’attestation finale. Du coup, les programmes concrets diffèrent assez fort d’un bureau d’accueil àl’autre. Pour les auteurs, on ne peut pas réellement parler d’une politique flamande cohérente d’inburgering. Plus ennuyeux : les mêmes divergences devues locales se retrouvent au niveau de la politique de sanction.
Dans l’enquête de satisfaction, les cours de langue néerlandaise sont jugés importants par tous : ceux qui ont terminé un parcours, ceux qui ne sont pas allésjusqu’au bout et même ceux qui n’ont finalement pas commencé le parcours pour lequel ils s’étaient inscrits. Beaucoup de ceux-ci ont d’ailleurs suivi uncours de langue dans un autre cadre. D’une manière générale, l’indice de satisfaction des participants est très élevé : 98 % de ceux-ci sedéclarent satisfaits à très satisfaits du cours d’orientation sociale, 94 % des cours de néerlandais et 84 % des cours d’orientation professionnelle (VDAB).Là aussi, cette satisfaction globale se retrouve même au niveau de ceux qui ont abandonné en cours de route. Un paradoxe : la raison la plus courante pour l’abandon duparcours est le fait d’avoir trouvé du travail. Cependant, pour les femmes, une autre cause souvent invoquée est le début d’une grossesse.

Pour la plupart des primo-arrivants, la principale priorité est de trouver du travail et la forme actuelle du parcours, fortement orientée vers le marché du travail, leurconvient. Par contre, pour une minorité non négligeable, principalement des femmes, c’est l’aspect socioculturel et éducatif qui est prépondérant.Enfin, des entretiens avec les utilisateurs des parcours eux-mêmes, ressort également que les bureaux d’accueil ont des conceptions assez différentes de ce que doitêtre un parcours d’intégration. Et dans cette optique, il semble que la manière d’opérer du bureau bruxellois puisse être considérée, pourles auteurs, comme un exemple de « bonnes pratiques ».

1. Het Vlaamse inburgeringsbeleid geevalueerd. Synthese, Miet Lamberts, Peter De Cuyper, Johan Geets, Ludo Struyven, Christiane Timmerman, Steven Van den Eede & Johan Wets, Hiva,Leuven, 2007.
La synthèse est téléchargeable sur le site de l’Hiva :
http://www.hiva.be/publicatie_detail.php?id=3006&option=detail

Pierre Gilissen

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