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Regard critique · Justice sociale

Des pistes contre la précarité énergétique

La Fédération des CPAS wallons organisait pour évoquer le rôle des tuteurs énergie et de l’économie sociale face à la précaritéénergétique.

03-12-2012 Alter Échos n° 350

Face aux hausses des factures énergétiques, la Fédération des CPAS wallons organisait, ce 8 novembre, à Beez une conférence – « Laprécarité énergétique : quelles pistes pour l’avenir ? » – pour rappeler le rôle des tuteurs énergie et de l’économie sociale dans cedomaine.

La précarité énergétique touche de plus en plus de personnes. En 2011, le nombre de clients en défaut de paiement a augmenté, notamment en Wallonie :6 191 coupures d’électricité (+ 77 % par rapport à 2008), dont 2 228 en période hivernale. L’an dernier, les coupures de gaz étaient aussi enaugmentation : 3 430, dont 959 en hiver. Face à ce problème, au sein de plusieurs CPAS, des tuteurs énergie ont été mis en place en 2008 afin deréduire la facture énergétique des citoyens en difficulté.

Accompagner un public fragilisé

« Concrètement, un tuteur énergie analyse les sources de surconsommation énergétique chez la personne en difficulté afin d’envisager des travauxd’isolation et de mise en règle du système de chauffage. C’est un travail à long terme. Le dossier peut bloquer à tout moment, car il faut convaincre la personne de sefaire aider, le propriétaire de faire les travaux nécessaires. Ce n’est pas toujours simple… », admet Marjorie Fontaine, tuteur énergie au CPAS deBrunehaut1 dans le Hainaut.

En trois ans, le nombre de ménages ayant fait l’objet d’une intervention des tuteurs énergie a plus que doublé. Mais actuellement, le budget destiné au travail destuteurs énergie est garanti par la Région wallonne jusqu’en 2014 uniquement.

Pour Claude Emonts, président de la fédération des CPAS, il faut assurer la pérennité de cette mesure. « Le travail des tuteurs énergie est unaccompagnement qui porte ses fruits. Mais faute de moyens, le dispositif reste bancal. A Liège, où je suis président, nous sommes confrontés à de nouveaux publicsprécarisés à cause du coût de l’énergie. Il faut qu’on investisse dans cette fonction, en l’élargissant à tous les CPAS, ce qui n’est pas le casaujourd’hui. »

L’économie sociale, pionnière en matière d’énergie verte

A côté des tuteurs énergie au sein des CPAS, l’économie sociale est aussi une piste pour lutter contre la précarité énergétique.« Très souvent, les entreprises en économie sociale sont des pionnières en matière d’énergie verte. Cela se fait de différentes manières,soit à travers la sensibilisation du public pour lutter contre la surconsommation, soit via des projets en écoconstruction pour offrir à des familles à faible revenu lapossibilité de rénover leur logement ou même de devenir propriétaire d’une maison passive en la construisant eux-mêmes », souligne Véronique Huensdes Solidarités alternatives wallonnes et bruxelloises (SAW-B)2.

En Wallonie comme à Bruxelles, de nombreux projets portent leurs fruits. C’est le cas d’Isoprim à Molenbeek. L’idée, c’est de rendre les économies d’énergieaccessibles en sensibilisant le public à l’isolation de son habitation. Le projet a été lancé depuis deux ans par la Maison de quartier Bonnevie en collaboration avecCasablanco, une association spécialisée qui vise à l’insertion professionnelle des personnes en difficulté sur le marché du travail. « Le plusimportant, c’est le travail d’accompagnement de la personne à cette problématique de la surconsommation énergétique. C’est un travail sur mesure, car on a cettepossibilité de prendre le temps pour la sensibiliser à l’isolation, le temps pour lui expliquer ce qu’est un audit énergétique, le temps pour la guider dans toutes lesdémarches administratives et dans toutes les phases des travaux », insiste Gilles Demey, responsable de la Maison de quartier Bonnevie3. En deux ans, 66 demandes ontété introduites pour des travaux d’isolation. Un quart d’entre elles ont déjà pu être réalisées, et près de 60 % sont en cours definalisation.

Que ce soit en Wallonie ou à Bruxelles, des pistes existent pour lutter contre la précarité énergétique. Reste à pérenniser tous ces projetsessentiels pour l’avenir.

1. CPAS de Brunehaut :
– adresse : rue Wibault Bouchart, 11C à 7620 Bléharies
2. SAW-B :
– adresse : rue Monceau-Fontaine, 42/6 à 6031 Monceau-sur-Sambre
– tél. : 071/53 28 30
– site : www.economiesociale.be
3. Maison de Quartier Bonnevie :
– adresse : rue Bonnevie, 40 à 1080 Molenbeek
– tél. : 02 410 76 31
– site : www.bonnevie40.be

Pierre Jassogne

Pierre Jassogne

Journaliste

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