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Regard critique · Justice sociale

Quand les détournements se justifient dans le logement social

La crise de l’accueil des demandeurs d’asile avait vu en septembre dernier la commune de Schaerbeek réquisitionner en urgence une maison appartenant au Foyer schaerbeekois.

05-03-2012 Alter Échos n° 333

La crise de l’accueil des demandeurs d’asile avait vu en septembre dernier la commune de Schaerbeek réquisitionner en urgence une maison appartenant au Foyer schaerbeekois.

Cette première, causée par l’urgence de l’expulsion de familles roms de la gare du Nord et l’émoi qu’elle avait suscité, a fait débat surla nature du rôle de chacun des intervenants. « Il faut bien reconnaître que ce n’est pas le rôle des communes et des CPAS de s’occuper de cela. Laconférence des présidents de CPAS des 19 communes est très claire en réaffirmant que ce n’est pas notre rôle de suppléer l’Etatfédéral. Mais la période hivernale est très difficile. On a essayé de faire les choses de la manière la plus respectueuse possible. On a donc fait notreécot », explique Dominique Decoux, présidente (Ecolo) du CPAS de Schaerbeek1. Au niveau de l’Action sociale, le suivi a été assuréà temps plein par un agent du CPAS pour les informer sur leur situation administrative et les assister dans leurs démarches. Une partie des familles reçoit une aidefinancière ; l’autre, une aide en nature par des colis alimentaires.

Un appel à solidarité

Au total, il y a eu 13 familles hébergées, soit 53 personnes. Il en reste 8, soit 34 personnes. Certaines sont rentrées en Slovaquie, d’autres ont trouvé un logementà Schaerbeek ou dans une autre commune. « Pour les huit familles qui restent, quatre sont toujours demandeurs d’asile. Fedasil devrait donc s’en occuper. Nous avonsécrit à Maggie De Block en ce sens. Quatre autres sont en situation irrégulière car leur demande d’asile a échoué, sans qu’ils doiventimmédiatement quitter le territoire », précise la présidente du CPAS qui a lancé un appel à la solidarité via la Concertation sociale pour essayerde trouver des logements à bon marché. « De notre côté, nos propres logements sont mis en gestion à l’AIS dont nous ne pouvons déroger auxrègles d’attribution », s’excuse Dominique Decoux.

Bernard Lanssen, le président du Foyer schaerbeekois2, rappelle les raisons de la disponibilité du bâtiment. « Le bâtiment étaiténergivore, c’est pourquoi il devait être rénové et était donc inoccupé dans l’attente des travaux. Mais c’était habitable quoiquesurpeuplé quand même », souligne-t-il. La maison était réservée aux seuls occupants à l’exclusion du rez-de-chaussée occupé parune école de coiffure. « Nous avons agi en tant que propriétaire. Les agents du Foyer ont été fort présents à l’installation. Ensuite, leCPAS a pris le relais. »

Du côté régional, peu de réactions. « Nous avons signé une convention précaire type entre le CPAS et le Foyer. La SLRB s’estcontentée de prendre acte de la réquisition par la commune », explique le président.

Quand les poubelles s’emmêlent…

Expérience concluante ? « La principale difficulté fut la suroccupation. Ce fut plus des dortoirs qu’un véritable logement. Il y a évidemment euquelques problèmes de sanitaires mais, dans l’ensemble, le bâtiment a bien résisté », commente-t-il. Quant au voisinage, les comportements ontété fort différents, du bon accueil à l’hostilité. Certains mauvais plaisants ont sorti leurs poubelles et les ont mis devant la maison en dehors des horairesréservés pour mettre ce comportement sur le dos des Roms…

Le président du Foyer retient la mobilisation et la fierté des agents de participer à un projet. « Néanmoins, ce type de fonctionnement va àl’encontre de la tendance du secteur qui vise à mettre des balises, principalement par le Code du logement. Et là, on fait le contraire pour des raisons évidemmenttrès valables. Mais c’est assez perturbant », s’interroge Bernard Lanssens.

Dominique Decoux tire des conclusions politiques assez générales sur la nécessité de l’amélioration des moyens de la coopération.« Notamment dans les soins de santé dont on constate qu’ils sont un facteur d’exil important ! », lance-t-elle, ramenant les événementsà leur juste mesure. « On a fait une exception qu’il serait déraisonnable de répéter trop souvent. Restons modestes, c’est minuscule àl’échelle du problème. Il faut remettre à plat les politiques de migration dans notre pays et au niveau européen », conclut-elle.

1. CPAS de Schaerbeek :
– adresse : rue Vifquin, 2 à 1030 Bruxelles
– tél. : 02 240 35 57
– courriel : info@cpas-schaerbeek.be
– site : www.dominiquedecoux.be
2. Le Foyer schaerbeekois :
– adresse : avenue Charles Gilisquet, 147 à 1030 Bruxelles
– tél. : 02 240 80 40
– site : www.foyerschaerbeekois.be

Jacques Remacle

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