Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

L’habitat groupé solidaire du 123, rue Royale

L’habitat groupé solidaire du 123, rue Royale vient de fêter ses quatre ans. Les habitants de l’immeuble ont créé l’asbl « Woningen 123 Logements » quipropose une solution alternative et concrète à la crise du logement.

12-06-2011 Alter Échos n° 317

L’habitat groupé solidaire du 123, rue Royale1 vient de fêter ses quatre ans. Les habitants de l’immeuble ont créé l’asbl « Woningen 123 Logements» qui propose une solution alternative et concrète à la crise du logement. Les habitants vivent ensemble, de manière solidaire et selon les principes del’autogestion. Rue Royale, ils sont une soixantaine à avoir créé un monde différent.

Le bâtiment du 123 de la rue Royale est sombre et haut de sept étages. Sans badge, on ne rentre pas. Dans cet ancien immeuble de bureaux réaffecté en habitat, chacundispose de son espace intime. Sur la table de la cuisine commune du premier étage, des sacs remplis de pain sont ouverts. Les frigos contiennent des aliments de récupération.Deux habitants se croisent dans l’escalier central. « Pour ce soir, je prends le matériel habituel ? Clé à molette, pied de biche et visseuse? », « Oui et cette fois-ci, pense à prendre suffisamment de batteries. » Certains résidents sont à la recherche de nouveaux bâtimentsvides à occuper.

En mai 2007, d’anciens squatteurs du cloître du Gesù et d’autres mal-logés concluent, après négociations, une convention d’occupation temporaireavec la Région wallonne, propriétaire de l’immeuble du 123, rue Royale. Depuis, l’édifice accueille familles, étudiants, artistes, anciens SDF,étrangers, militants, etc. Certains y vivent par choix, d’autres par contrainte. Le public a évolué ces dernières années. « Au début, il yavait entre 75 et 80 % de sans-abri. Aujourd’hui, ils ne représentent que 50 à 60 % », explique Bart, quarante-quatre ans, habitant du 123 depuis le premierjour. « Le groupe s’est également un peu rajeuni et féminisé », ajoute Aliona, vingt-deux ans, étudiante en peinture et habitante du 123. Enquatre ans, 250 personnes ont été accueillies. « Les critères d’admission sont flexibles. Nous donnons priorité aux personnes sans logement ainsiqu’aux personnes dotées de compétences (par exemple : des électriciens, des plombiers, etc.) Nous espérons qu’ils apporteront une énergie positiveau projet ainsi qu’une plus-value à la dynamique du groupe », raconte Bart.

Des cotisations entre 60 et 120 euros

Chaque résident paye ses cotisations. Elles varient entre 60 et 120 euros selon les moyens de chacun. Ces derniers sont également invités à signer une charte. Elle lesencourage à participer aux réunions hebdomadaires et instaure quelques règles de savoir-vivre comme la non-violence ou le respect d’autrui. L’objectif est quetout le monde puisse participer aux tâches, développer et s’impliquer dans des projets collectifs, apprendre à gérer son espace de vie, etc. De nombreusesactivités culturelles et des débats sont également organisés dans l’immeuble. Des ateliers peinture, vélo, bois, électricité, couture ouinformatique ont également lieu. Ici, les compétences sont partagées et les savoirs transmis.

Cette vie en communauté favorise aussi la responsabilisation des habitants. Chaque habitant doit pouvoir s’intégrer dans son logement. Habiter au centre de la capitale favoriseégalement la réinsertion de certains résidents. Parallèlement, l’insertion sociale passe par la rencontre et la cohabitation de personnes de milieu, de culture etd’origine variés. Cette mixité et cette diversité permettent notamment l’apprentissage du respect, de la tolérance et de l’acceptation de l’autre.Pour Aliona, habiter au 123 signifie prendre le temps de se comprendre et de se mettre d’accord. « Je pense que nous avons des rapports plus sains entre habitants car il n’y apas de liens affectifs. C’est un processus de libération. Nous sommes plus ouverts et honnêtes entre nous qu’avec, par exemple, notre propre famille. »

Pourtant, tous les habitants du 123 de la rue Royale ne participent pas à cette dynamique d’habitat groupé solidaire. « Certaines personnes se complaisent dans leursituation et ne s’impliquent pas dans le projet. D’autres mettent parfois en péril la tranquillité du bâtiment, notamment par des comportements violents »,dit Adrien, un étudiant de vingt-six ans. Aliona ajoute : « Nous ne sommes pas des professionnels du social, c’est aussi chez nous, ici. Et il nous arrived’expulser des habitants ». L’habitat groupé ne convient pas à tous comme l’explique Bart : « Certaines personnes ont parfois besoin de plusieursmois avant de se rendre compte que ce n’est pas un endroit pour eux. »

1. Asbl Woningen 123 Logements :
– adresse : rue Royale, 123 à 1000 Bruxelles
– site : www.123rueroyale.be

Nathalie San Gil Coello

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)