Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale
©M.U.R.

Depuis une dizaine de mois, les Bruxellois ont pu admirer, Rue Marché aux Poulets, une succession de fresques réalisées par des artistes belges. Venu de France, le concept de M.U.R (modulable, urbain et réactif) s’est invité à Bruxelles sous l’impulsion de l’association Costik. Entre découverte d’un milieu artistique méconnu et réappropriation de l’espace public, retour sur une première expérience réussie.

En place depuis le 20 juillet dernier, le M.U.R de l’ASBL Costik en est à son dixième chapitre, c’est-à-dire à sa 10ème fresque de 9 mètres sur 3 d’un artiste belge. Le concept, venu de France, propose, sous un format attaché à la publicité, de créer un espace d’exposition gratuit et à ciel ouvert. «On est harcelé par la pub et on trouve ça normal. Le fait de recréer un canevas fait voir l’art urbain d’une autre manière» explique Noémie Tant, coordinatrice de l’ASBL Costik. L’objectif est double donc, faire découvrir un art souvent critiqué et embellir l’espace public. «La ligne de conduite c’est mettre en avant l’art urbain, l’art a une place importante et signifie quelque chose. Ça coulait de source de se réapproprier l’espace public» continue Loubna El Wahabi, chargée de la promotion du M.U.R.  Les deux femmes, qui travaillent dans le milieu du graffiti avec leur association sont souvent confrontées à l’incompréhension ou à la colère face à l’art urbain «vandale» mais dans le cadre du M.U.R, les réactions ont été très positives de la part des passants et des spectateurs. Car avant chaque inauguration, de plus en plus de gens viennent regarder l’artiste du mois réaliser son œuvre. «Les gens viennent observer les artistes travailler, les gens sont contents de s’exprimer. Même s’ils n’aiment pas, ils savent que ça change le mois suivant» explique Noémie, qui insiste aussi sur le fait de rendre l’art accessible, «c’est rendre l’art accessible aux gens qui ne vont pas dans les expos, une espèce de musée à ciel ouvert».

«On est harcelé par la pub et on trouve ça normal. Le fait de recréer un canevas fait voir l’art urbain d’une autre manière.»  Noémie Tant, coordinatrice de l’ASBL Costik.

Et l’association aimerait ne pas en rester là, «on essaye de monter une expo version intérieure, mais pour l’instant l’idée c’est de garder ce focus sur le tremplin, faire découvrir le potentiel belge dans un premier temps». L’association peut d’ailleurs compter sur quelques partenariats pour donner de la visibilité au projet. Depuis plusieurs mois, les guides de visite.Brussels ont été mis au courant et certains passent admirer la fresque avec des groupes de touristes. L’association Fais le Trottoir, qui organise des visites autour du graff bruxellois, passe aussi régulièrement et Costik fait alors une présentation de l’artiste et de l’œuvre. Mais depuis les premières inaugurations, d’autres partenariats moins officiels se sont créés. «Ça attire pas mal de discipline, à Noël une chorale est venue chanter devant le panneau, une femme a aussi fait un spectacle de danse contemporaine,… » se souvient la coordinatrice de Costik. Un mur qui attire aussi ses semblables puisque les contours du mur sont régulièrement décorés d’une constellation de pièces plus petites. « De chaque côté du panneau les murs font 30 mètres, tous les mois il y a du passage, ça montre la diversité, on trouve ça vraiment intéressant» expliquent les deux femmes. Une philosophie qui n’est malheureusement pas toujours partagée par les passants. « C’est marrant, les gens qui viennent dire, c’est joli pas comme les tags », s’amuse Noémie!

Si ce premier M.U.R belge est un succès, ce qui a permis à un autre de voir le jour à Tournai, il se retrouve malheureusement en difficulté puisque le mur sur lequel il se trouve actuellement sera bientôt démoli. L’association est donc à la recherche d’un nouvel endroit où poser ses bombes de peintures.

En savoir plus

Banksy et le street art, la mort de la contestation ?, Alter Échos n° 438, 6 février 2017, Olivier Bailly

Alexandre Decoster

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