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« Politiques d’emploi et parcours d’insertion » : séminaire Fopès à Louvain-la-Neuve

La chaire Max Bastin (Fopès-UCL)1 présentait ce 31 janvier à Louvain-la-Neuve son 4e séminaire sur les nouvelles figures de la question socialeintitulé : « Politiques d’emploi et parcours d’insertion : et si on parlait des processus individuels et sociaux ? », les conclusions d’une recherche de Donatienne Desmette dans lecadre du Cerisis-UCL.

01-08-2005 Alter Échos n° 136

La chaire Max Bastin (Fopès-UCL)1 présentait ce 31 janvier à Louvain-la-Neuve son 4e séminaire sur les nouvelles figures de la question socialeintitulé : « Politiques d’emploi et parcours d’insertion : et si on parlait des processus individuels et sociaux ? », les conclusions d’une recherche de Donatienne Desmette dans lecadre du Cerisis-UCL.

Le point de départ de la chercheuse : le consensus qui reconnaît que la « création directe d’emploi est la politique active la moins efficace mais que des mesurespermettant l’augmentation de la formation des demandeurs d’emploi ont des effets positifs sur le taux d’emploi. Or, 59 % des dépenses déployées par la Belgique en matièrede politique d’emploi sont consacrées aux subventions et à la création directe d’emplois. »

D. Desmette s’est attachée à expliquer les mécanismes de l’identité sociale ainsi que les multiples dimensions du processus d’insertion. L’insertion durable impliquenon seulement les sphères professionnelles mais aussi sociales et privées. La reconnaissance sociale (besoin symbolique) est aussi indispensable qu’un revenu décent (besoinmatériel).

Les formations mises en place peuvent se fonder sur deux logiques différentes : l’une qui part du fait qu’il n’y a pas d’apprentissage sans interactions sociales simultanées, l’autrequi aborde l’insertion par étapes progressives. Les autorités wallonnes et européennes ont opté depuis 1997 pour un parcours d’insertion réparti en plusieursétapes : à la base, les compétences sociales, ensuite l’apprentissage cognitif, puis l’accompagnement à l’emploi. Mais sur le terrain, on constate que les organismes serépartissent les offres de formation selon deux publics cibles : les personnes les plus éloignées de l’emploi font l’objet d’une formation à la socialisation et celles quiont besoin d’activer ou de perfectionner une qualification professionnelle font l’objet d’une formation qualifiante. Cette séparation est, selon D. Desmette, une erreur du moins partielle.

La sélection de départ biaise la formation

Effectivement, une recherche du Cerisis sur les dispositifs de formation à La Louvière (Jaminon, 2000) a mis en lumière que 66 % des individus sortis des dispositifs desocialisation ne poursuivent pas la formation et se retrouvent au chômage 9 mois plus tard. Il y a rupture de la trajectoire d’insertion. La sélection de départ a doncbiaisé l’accès à la formation, car les dispositifs de socialisation s’adressaient plutôt aux femmes plus âgées, seules avec ou sans enfants tandis que laformation qualifiante s’adressait aux individus plus « employables ». Résultat qui risque d’évincer les dispositifs de socialisation qui n’ont pas d’effetimmédiatement rentable en termes d’embauche. Pour D. Desmette, au contraire, « il apparaît d’autant plus important de renforcer, pendant la formation, les processus qui peuventconstituer le soubassement d’une insertion professionnelle, même différée ».

Une insertion peut donc être de qualité, même si l’insertion professionnelle est différée ou absente. En effet, les formations suivies par les chômeursparticipent d’une stratégie de reconstruction d’une identité fière ou positive. Alors que l’appartenance à un groupe victime de préjugés (celui deschômeurs) est source de dévalorisation. Le principal handicap de la personne demandeuse d’emploi en formation est justement d’affronter l’image dévalorisante qu’elle ad’elle-même. Et il s’avère que la formation a un effet positif sur les personnes justement les moins convaincues de leurs compétences. Les formateurs, les autres adultes enformation ainsi que le réseau amical et familial jouent un rôle primordial de support du sentiment d’efficacité de la personne engagée dans un processus de formation,sentiment qui devient un pré-requis à l’insertion.

Le groupe des chômeurs fait l’objet de préjugés négatifs ce qui leur occasionne un préjudice. Cette stigmatisation contribue à dévaloriser chaquemembre du groupe et à lui faire subir une discrimination sociale. De par l’interaction forte qui existe entre l’identité sociale de la personne, ses processus cognitifs et sonenvironnement social, le chômeur active des mécanismes auto-handicapants notamment en situation de test ou d’épreuve, ce qui va le mettre en situation d’échec. Sescapacités se retrouvent altérées de par « la menace du stéréotype » qui vient gripper le processus d’insertion et influe sur son attitude dans sarecherche d’emploi.

Tout en rappelant les projets pilotes de job coaching mis en place pour accompagner les demandeurs d’emploi vers l’emploi, Béatrice Van Haeperen du Service des Études et de laStatistique de la Région wallonne, s’est interrogée sur la façon de faire face individuellement aux 109 000 demandeurs emplois peu qualifiés répertoriés enWallonie.

1. Fopès, rue de la Lanterne Magique, 32 à 1348 Louvain-la-Neuve (Brigitte Watelet : inscription séminaire),
tél. : 010 47 39 07, fax. : 010 47 81 59, e-mail : watelet@opes.ucl.ac.be

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