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Regard critique · Justice sociale

Social

Un abri de nuit qui repart de zéro

Cela faisait plus de quinze ans que le nouvel abri de nuit était attendu à Namur. Depuis le mois d’août dernier, c’est désormais une réalité.

26-10-2012 Alter Échos n° 348

Cela faisait plus de quinze ans que le nouvel abri de nuit était attendu à Namur. Depuis le mois d’août dernier, c’est désormais une réalité.

Si l’on n’y prêtait pas attention, on ne verrait pas le nouvel abri de nuit de Namur[x]1[/x], situé dans une ancienne maison de maître, derrière la gare. Autant dire que cela contraste avec l’ancien abri, un bâtiment désaffecté sur le site des Abattoirs de Bomel qui, depuis 1991, servait de lieu d’accueil pour les sans-abri.

Outre l’ambiance cosy qui tranche avec l’aspect spartiate de l’ancien abri, la capacité d’accueil de ce nouveau lieu a été accrue : on passe de 14 à 33 lits dont un est réservé à une personne à mobilité réduite. Exit aussi l’ancien dortoir mixte. Dorénavant, il y a cinq chambrées, allant de quatre à huit lits, avec trois douches mises à disposition. Puis, il y a des boxes pour accueillir sept chiens. Un projet ambitieux mené par les autorités, mais cela n’a pas été sans mal.

« Il fallait repartir de zéro, trouver un lieu qui tiendrait compte des besoins logistiques, tant des usagers que du personnel, explique Nathalie Poupier, responsable de l’abri de nuit. L’an dernier, la promiscuité n’était pas facile à gérer dans le dortoir. Ici, le fait d’avoir des chambres séparées et limitées à quelques personnes permet de mieux gérer les groupes. On peut organiser l’abri en fonction des demandes de chacun, notamment quand la personne est accompagnée de son chien. »

C’est vrai que l’on vient de loin. L’hiver dernier, plusieurs usagers s’étaient révoltés contre les conditions d’accueil à l’ancien abri. « On avait l’impression de perdre sa dignité, avoue Thierry, un SDF. Les couvertures étaient sales, il n’y avait pas de douche, et cela ne se passait pas très bien avec les éducateurs. »

Peu avant l’inauguration du nouvel abri, c’était au tour des éducateurs de se plaindre des conditions de travail, déplorant de n’être que deux travailleurs par nuit pour assurer désormais l’accueil d’une trentaine de personnes. Enfin, face au phénomène de paupérisation croissante, les 33 lits de l’abri de nuit semblent insuffisants pour répondre à toutes les demandes puisqu’il y aurait près de 340 SDF recensés à Namur. « On a entre 30 et 40 demandes d’hébergement par soir. En moyenne, une cinquantaine de personnes viennent passer la nuit à l’abri par semaine, ajoute Nathalie Poupier. Quand on dépasse les capacités d’accueil, on demande aux personnes si elles ont une solution alternative, s’il n’y a pas de solution, on doit procéder par tirage au sort en retenant les personnes prioritaires et en aidant les personnes sans logement via le dispositif d’urgence sociale présent chaque soir à l’abri. »

Un manque de personnel
Du côté du monde associatif, on salue l’arrivée de ce nouvel abri de nuit. « C’est positif, le contraste est tellement grand avec l’ancien abri, mais cela fait des années qu’on attendait un lieu d’accueil qui réponde aux besoins essentiels des usagers, souligne Roberto Galante du Resto du cœur. On redresse le niveau, c’était indispensable, car dans l’ancien abri, il y avait des personnes qui se trouvaient mal parquées, l’accueil était déplorable en termes de confort, avec du matériel usagé. Je crois que l’accueil dans le nouvel abri reste à la dure, avec un règlement intérieur sévère, mais nécessaire. Mais pour que cela fonctionne, il faudrait plus de personnel. Pourquoi ne pas proposer un petit déjeuner le matin, un potage le soir. Tout cela n’est pas encore acquis, c’est l’associatif qui le fait. Pourtant, c’est essentiel pour structurer et réintégrer la personne. »

Justement, l’objectif de la Ville, c’est de pérenniser l’outil dans les prochaines années. « Avec ce nouvel abri, on a le double de personnes à gérer. Avec la présence des douches, l’accueil des chiens, les éducateurs sont face à un éventail de nouvelles pratiques. Si on parvient à pérenniser cet outil dans la douceur avec les usagers, on pourra dire que ce sera un succès, explique Sabine Vandenbroucke, chef de cabinet du bourgmestre de Namur, Maxime Prévot. Pour nous, c’est un engagement de s’engager dans la cohésion sociale, ce n’est pas simple parce que les situations rencontrées par les usagers de l’abri sont multi-problématiques. D’où notre volonté de créer des ponts entre les équipes des travailleurs sociaux pour renforcer l’accueil et l’accompagnement des sans-abri à Namur. »

1. Abri de nuit:
– adresse : bd du Nord, 22 à 5000 Namur
– tél. : 081 24 63 94
– site : http://www.ville.namur.be

En savoir plus

Alter Echos n° 265 du 16.01.2009 : https://www.alterechos.be/index.php?p=sum&c=a&n=265&l=1&d=i&art_id=18546 Des chambres avec vue sur l’insertion

Pierre Jassogne

Pierre Jassogne

Journaliste (social, justice)

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