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"Politiques de l'emploi : analyse comparative entre pays européens"

12-03-2001 Alter Échos n° 93

« Depuis le début des années 90, la politique sociale n’est plus confinée dans une fonction de redistribution, mais contribue à la réintégration rapidedans le marché du travail. » Au programme : processus d’activation des indemnisations de chômage et apparition de partenariats entre pouvoirs publics et acteurs sociaux. « Ces deuxévolutions obéissent à des logiques et à des rythmes différents : la première tend à subordonner la politique sociale aux impératifs de lacompétitivité. (…) La seconde vise le renforcement, voire la reconstitution de la société civile… »
C’est par ces mots de Jean-Michel Bonvin1 que débute « Politiques actives de l’emploi en Europe »… Un petit ouvrage collectif2 qui propose une analyse comparative des politiques socialesen matière d’emploi et de (ré)insertion professionnelle entre plusieurs pays européens. Arrêt sur chapitres.
« En Suisse, la législation sur le chômage a toujours été législation d’urgence », affirme Jean-Pierre Tabin3. Elle fait suite à différentes crisessocioéconomiques depuis 1873. Il passe ensuite en revue le traitement social du chômage, en termes d’indemnités, mais aussi de mesures actives. Il s’agit essentiellement deprogrammes de reconversion et de perfectionnement, d’emploi temporaire et de formations – (re)motivation…
L’intérêt de ce chapitre réside dans l’étude d’incidence de ces mesures au plan quantitatif (nombre de personnes bénéficiaires) et économique(coût). Il met le doigt aussi sur la philosophie sous-jacente de la législation suisse sur l’assurance-chômage : la conviction que l’absence de travail est liée à lapersonne au chômage et non pas à la situation économique générale. La réponse proposée est celle de la formation et de l’expérienceprofessionnelle.
Du côté de la France, François Bafoil et Bénédicte Demonque4 analysent les dispositifs de lutte contre l’exclusion. En mettant au premier plan le rôle desentreprises, il s’interroge sur leur auto-exclusion des dispositifs concrets et sur le fait « qu’entre les logiques sociales des acteurs sur le terrain de l’insertion et les logiqueséconomiques des entreprises, la marge est parfois grande pour espérer un quelconque rapprochement. » Réponses intéressantes à découvrir…
En Belgique, Bernard Conter5 dresse les caractéristiques et évalue l’efficacité des dispositifs et des politiques de formation visant à la réinsertion sociale etprofessionnelle des chômeurs. Les rôles et fonctions de ces « parcours de formation et d’insertion » visent « à la remobilisation des individus et plus uniquement àl’actualisation de leurs compétences ou à l’élévation de qualification globale de la population. »
Elle concerne tant les actifs (qui doivent « entretenir leur employabilité ») que les demandeurs d’emploi, dont on attend « une mobilisation, une formation et la recherche active d’un emploi. »Conséquence : une responsabilité individuelle parfois lourde à porter. Les pouvoirs publics assurent la flexibilité des structures de formation, leur accès et leurpertinence par rapport aux besoins de l’économie.
Pierre Walthéry6 dresse enfin un rapide tableau des préoccupations par les différents États membres en matière d’emploi et de (ré)insertionsocioprofessionnelle, leur concrétisation dans différents accords européens, dans les négociations collectives et les PANs (Plans d’action nationaux pour l’emploi).
Principal intérêt du livre : la mise en parallèle des forces et limites en matière de politiques d’emploi menées par les uns et les autres. Point négatif :une plus grande prise en compte de la dimension qualificative aurait encore ajouté à la pertinence de l’analyse…
1 Jean-Michel Bonvin, chargé de recherche à l’Université de Lausanne.
2 « Politiques actives de l’emploi en Europe », sous la direction de Jean-Michel Bonvin, revue Les politiques sociales nos q et 4. Disponible auprès du Service social dans le Monde : rue M.Bervoets, 10 à 7000 Mons. Fax : 065 35 11 77.
3 Jean-Pierre Tabin, professeur à l’École d’études sociales et pédagogiques de Lausanne.
4 François Bafoil, chargé de recherche CNRS-CERAT, chercheur associé au CERI de Grenoble, et Bénédicte Demonque, ingénieur d’études contractuelles,CSO-CNRS à Paris.
5 Bernard Conter, politologue, conseiller au Conseil économique et social de la Région de Bruxelles-Capitale.
6 Pierre Walthéry, chercheur à l’Institut des sciences du travail de l’UCL.

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