Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Vu de Flandre

La société de logement social de Vilvorde dans la tourmente

Un rapport accablant de l’Inspection du logement flamande sur l’IVMH fait des vagues. Pas moins de neuf sociétés de logement sont dans le collimateur.

16-03-2012 Alter Échos n° 334

Un rapport accablant de l’Inspection du logement flamande sur l’IVMH (société de logement social de Vilvorde) fait des vagues. Mais d’une manière plus générale,l’administration flamande a resserré la vis depuis un an et, dans la Région, ce sont pas moins de neuf sociétés de logement qui sont dans le collimateur.

Tout est parti d’un rapport d’un conseiller de la Vlaamse Maatschappij voor Sociaal Wonen (VMSW). En novembre et en décembre de l’année passée, à la demande du nouveauconseil d’administration de l’IVMH mis en place après une longue période de conflits internes, ce conseiller s’est penché sur les comptes des trois annéesprécédentes de la société de logement. En parallèle, l’Inspection flamande du logement RWO a également fait son rapport. Les conclusions des deux sontaccablantes : la Inter-Vilvoordse Maatschappij voor Huisvesting (IVMH) n’a pas respecté la loi comptable entre 2008 et 2010 (nombreuses pièces comptables manquantes), a « unproblème financier chronique » du fait de frais de fonctionnement anormalement élevés. Les locataires défectueux ne sont pratiquement pas poursuivis. Deschantiers de rénovation ont été systématiquement saucissonnés afin de pouvoir tous les attribuer aux mêmes entrepreneurs sans passer par des appels d’offre,ce qui a aussi eu pour conséquence que l’IVMH n’a pas pu obtenir des subventions auxquelles elle aurait autrement eu droit. A cela s’ajoutent de coûteuses activités de « teambuilding », des notes de restaurant allant jusqu’à 2 000 euros par mois et des frais de personnel « dépassant de 800 000 euros ceux d’une société delogement normale de cette taille ». Le rapport pointe encore des suspicions de fraude et d’une manière plus générale, « la situation chaotique de cetteadministration ».

Le président actuel du conseil d’administration, Herman Dewaerheid (CD&V), en place depuis 2010, a déclaré que sa société porterait plainte et seconstituerait partie civile si les allégations de fraude s’avéraient fondées. Le nouveau conseil a également écrit à l’administration flamande pour luidemander d’effectuer un audit approfondi. Quant à la ministre flamande du Logement, Freya van den Bossche (SP.A), elle a dit vouloir faire toute la lumière sur cette affaire. Le serviced’audit de l’administration va également examiner les comptes et, « s’il s’avère qu’il ne s’agit pas seulement de mauvaise gestion, nous n’hésiterons pas àporter ce dossier devant les tribunaux », dit-on au cabinet de la ministre. L’IVMH a reçu un mois pour présenter un plan de redressement. La ministre se réserve ledroit de démettre le conseil actuel et de nommer elle-même un administrateur, mais elle souhaite en tout cas que la société ne doive pas déposer le bilan, ce dontles locataires des logements pourraient faire les frais.

Quand la politique locale s’en mêle

Le bourgmestre de Vilvorde lui-même, Marc Van Asch (CD&V), se retrouve dans l’oeil du cyclone, en tant qu’ancien président du conseil d’administration de l’IVMH. Il démenttoutefois avoir eu la moindre connaissance de problèmes au sein de la société. Pour lui, « si des fautes comptables ont été commises, elles ont dûêtre camouflées par un grand nombre de personnes » et il ajoute que les comptes de la société ont été approuvés par un réviseurd’entreprises. Mais pour Anneliese Simoens, qui lui a succédé brièvement en 2010, il est impossible que le bourgmestre, qui a dirigé l’IVMH pendant trois ans et demi,n’ait pas été au courant des pratiques douteuses au sein de sa société. Anneliese Simoens a été mise à l’écart peu de temps après sonintronisation. Elle est en conflit avec le bourgmestre, suite au licenciement d’un collaborateur, et l’affaire a fini par diviser en deux camps tout le CD&V local. Entre-temps, la liste d’attentepour des logements sociaux s’allonge à Vilvorde, alors que plus d’une centaine d’habitations sociales sont vides et que, chaque année, l’IVMH en vend entre dix et vingt pour arriverà financer la rénovation de ceux qui restent.

Si tous ces problèmes ont pu être mis en lumière à Vilvorde, c’est aussi parce que la RWO a décidé en 2011 de tourner un tour de vis et de contrôlerplus sévèrement les sociétés de logement social. Au total, neuf sociétés sur cent sont dans son collimateur, notamment à Aarschot (jetons deprésence plus que doublés en 2009, alors que la société était en déficit) et à Ninove (adjudications douteuses et durée de vacance moyenne decinq ans entre deux locations).

D’après De Morgen et De Standaard

Pierre Gilissen

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