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Fondation Samilia : un outil supplémentaire contre la traite des êtres humains

Contribuer à l’élimination de la traite des êtres humains, c’est la mission de la nouvelle Fondation Samilia1. Pour ce faire, un panel depersonnalités qui sont issues de la société civile et du monde économique ont uni leurs efforts. Objectifs : dégager des moyens supplémentaires pour menerdes actions efficaces, renforcer la coordination des associations de terrain et conscientiser le grand public. Des objectifs très similaires à ceux du Centre pourl’égalité des chances2 également compétent en la matière.

05-10-2007 Alter Échos n° 237

Contribuer à l’élimination de la traite des êtres humains, c’est la mission de la nouvelle Fondation Samilia1. Pour ce faire, un panel depersonnalités qui sont issues de la société civile et du monde économique ont uni leurs efforts. Objectifs : dégager des moyens supplémentaires pour menerdes actions efficaces, renforcer la coordination des associations de terrain et conscientiser le grand public. Des objectifs très similaires à ceux du Centre pourl’égalité des chances2 également compétent en la matière.

Parmi les fondateurs, on retrouve le premier procureur fédéral Serge Brammertz, par ailleurs président de la commission d’enquête sur l’assassinat de l’ex-premierministre libanais Rafik Hariri, le président de Child Focus Daniel Cardon de Lichtbuer et Maria-Paola Colombo-Svevo, ancienne membre du Parlement européen et auteure de lapremière résolution européenne relative à la traite des êtres humains.

Le professeur Jacques Brotchi, président de la Société mondiale de neurochirurgie et également un des fondateurs de Samilia, rappelle que la traite des êtreshumains ne s’arrête pas à l’exploitation sexuelle des femmes. « Le trafic humain inclut aussi la traite d’enfants à des fins de prélèvementsd’organes ou d’expérimentation médicale sans consentement éclairé », précise-t-il.

Sophie Jeckeler, directrice de la Fondation, présidente d’EPCAT-Belgium et ancienne administratrice d’Entre2 (anciennement le Nid), connaît bien, de par ses anciennesfonctions, le monde de la prostitution, un des axes, mais pas le seul, sur lequel la Fondation va se centrer. Elle souligne que le profil des femmes change. « Voilà dix ans, laprostituée était la jeune Albanaise sans papier ni bien, explique-t-elle. Aujourd’hui, les groupes criminels sont moins gourmands. Les jeunes filles partent pour l’Europe etla prostitution est parfois le seul moyen de faire vivre leur famille restée au pays. »

Le mandat de Samilia

La Fondation se donne pour mandat d’informer le grand public. Elle contribuera également à la réalisation d’études scientifiques sur le trafic humain. Elleveut aussi assurer l’accueil, l’information et la réorientation vers les organisations compétentes.

Samilia soutiendra aussi les organisations actives dans la prévention et l’assistance des victimes de la traite des êtres humains. À ce sujet, la coordinatrice du Centredu Lobby européen des femmes pour une Politique contre la violence envers les femmes3, Collette De Troy, a demandé aux représentants de la Fondation si celle-cisupporterait les projets déjà mis en place sur le terrain par les asbl. Sophie Jeckeler a répondu par l’affirmative, précisant que les critères de financementseront déterminés par le conseil d’administration. La Fondation désire aussi coordonner les actions de ces organisations en assurant la mise en place de structures deréflexion et en valorisant les bonnes pratiques existantes. Elle adressera des recommandations aux pouvoirs publics en vue d’améliorer la législation et assurera unevigilance continue du respect des engagements des gouvernements belge, européens et des Nations Unies pour ce qui a trait à la lutte contre le trafic d’êtres humains. « 
Quant à ce qui va la différencier de ce que fait déjà le Centre pour l’égalité des chances en la matière, Sophie Jeckeler précise : « Un desobjectifs de la Fondation est d’établir un partenariat avec le secteur privé. De plus, nous souhaitons établir une synergie au niveau européen. Le Centre estcompétent en Belgique, mais nous voulons aussi travailler avec des organismes européens qui ne travaillent pas seulement sur la prévention de la traite des êtres humains,mais aussi au niveau de la précarité des personnes ».

La Fondation, qui a le soutien de la Fondation Roi Baudouin, souhaite pouvoir ester en justice, lorsque la loi l’y autorise, dans l’application des lois contre les réseauxcriminels de traite des êtres humains et la protection des victimes. Enfin, Samilia récoltera des fonds pour ses activités. La Fondation s’est par ailleurs déjàassurée le soutien financier de plusieurs grandes entreprises. Elle mise aussi sur la renommée de ses administrateurs pour faire avancer ses dossiers.

Deux organismes aux objectifs quasi identiques…

Le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme dit « se réjouir de la naissance de la Fondation Samilia ». Son directeur adjoint, EdouardDelruelle, a néanmoins tenu à rappeler, par voie de communiqué de presse, que le Centre est lui-même actif depuis dix ans dans la lutte contre le trafic d’êtreshumains à des fins d’exploitation sexuelle mais également économique.

Chaque année, le Centre élabore en effet un rapport d’évaluation sur l’évolution de ce phénomène criminel, qu’il remet au gouvernementfédéral. Le Centre a également reçu la capacité d’ester en justice, et a en outre été chargé d’assurer la coordination et deveiller à la bonne collaboration entre les trois centres d’accueil pour les victimes de la traite. Dans le cadre de son rôle de coordination, le Centre a notamment mis en place unebase de données commune, dont l’analyse avait été confiée à l’Université de Gand. La synthèse de cette étude a étépubliée en annexe du dernier rapport annuel. Enfin, le Centre bénéficie d’un rôle « d’observateur participant » à la celluleinterdépartementale de coordination de la lutte contre la traite et le trafic des êtres humains, dont il assure par ailleurs le secrétariat. Cette cellule regroupe lesdépartements ministériels et les représentants des ministres compétents en la matière. Agissant sur le même terrain, Edouard Delruelle espère donc quepourra se nouer une collaboration entre les deux organismes…

Mon âme n’est pas à vendre

La Commission européenne a récemment décidé que le 18 octobre serait la « Journée européenne de lutte contre la traite des êtres humains», ce sera également le thème de l’année 2008. L’occasion pour la Fondation Samilia de lancer l’exposition des toiles de Pascale Christoffel,inspirées de nombreux dialogues avec des femmes prostituées. Intitulée « Mon âme n’est pas à vendre », cette exposition se déroulera du 17au 26 octobre prochains à l’Hôtel de ventes Pierre Bergé, 40, place du Grand Sablon à Bruxelles. Une trentaine de tableaux y seront mis en vente au profit de laFondation.

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1. Fondation Samilia :
– adresse : bd Brand Whitlock, 66 à 1200 Bruxelles
– GSM : 0475 72 27 47
– site : http://www.samiliafoundation.org
2. CECLR :
– adresse : rue Royale, 138 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 212 30 00
– N° vert : 0800 12800
– site : http://www.diversite.be

3. LEF :
– adresse :rue Hydraulique, 18 à 1210 Bruxelles
– tél. : 02 217 90 20
– courriel : detroy@womenlobby.org
– site : http://www.womenlobby.org

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