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Gouvernance

Crise politique: ça va trancher?

Le cdH a donc décidé de tirer la prise des trois gouvernements auxquels il participait. En Région wallonne, à Bruxelles et en Communauté française, les humanistes ont préféré se séparer du PS, englué jusqu’au cou dans diverses «affaires». Avec quelles conséquences pour le secteur associatif?

Le cdH a donc décidé de tirer la prise des trois gouvernements auxquels il participait. En Région wallonne, à Bruxelles et en Communauté française, les humanistes ont préféré se séparer du PS, englué jusqu’au cou dans diverses «affaires». Avec des conséquences: voilà près de trois ans que ces différents exécutifs menaient ou préparaient diverses politiques. Nombre d’entre elles concernaient les matières traitées par Alter Échos. Vont-elles dès lors se trouver tuées dans l’œuf? Ou les différents cabinets qui les portaient sont-ils en train de construire d’improbables «plans B»? Autre question, plus terre à terre: les financements, les subsides encore «dans le tube» ont-ils une chance d’être versés aux structures les ayant demandés? Ou bien les tensions au sein des majorités agonisantes auront-elles raison d’eux? Enfin à Bruxelles plus particulièrement, la «crise politique» se double de la «crise du Samusocial». Avec quelles conséquences pour la réforme du secteur prévue par les ministres de l’Aide aux personnes?

Dans ce dossier (daté du 13 juin 2017), nous avons compilé un état des lieux concernant ces différents points, cabinet par cabinet. Bonne pêche.

Lire ci dessous mais également :

Éliane Tillieux: «La situation change d’heure en heure»

Du côté du cabinet d’Éliane Tillieux, ministre de l’Emploi en Région wallonne, on est bien en peine de dire ce qu’il en sera des dossiers importants, comme la réforme des APE. «La situation change toutes les heures», nous explique-t-on. Au niveau des subsides, tous ceux dépendant d’une décision de la ministre (moins de 25.000 euros) passent «s’ils sont complets», nous dit-on. En gouvernement (plus de 25.000 euros) aussi, jusqu’à preuve du contraire. (Julien Winkel)

Pierre-Yves Demargne: «réel blocage» de la réforme du logement wallon

À peine est-il devenu ministre du Logement en Région wallonne (suite à la démission de Paul Furlan) que Pierre-Yves Demargne s’attaquait à une grande réforme du logement. Celle-ci entend réaménager le logement public et privé (notamment via un renforcement de la lutte contre les logements privés inoccupés), créer un fonds d’investissement pour des logements sociaux et refondre le fonds de garantie locative. Au cabinet du ministre, on ne se prononce pas pour l’avenir. «Il y a un réel blocage, explique Jean Fassiaux, porte-parole du ministre, le projet de décret modifiant le code du logement a été bloqué en troisième lecture le 6 juillet dernier. On ne sait pas ce que vont devenir les différents points.» Exemple concret: l’assouplissement du bail étudiant espéré par le ministre pour la rentrée sera donc reporté… (Manon Legrand)

Jean-Claude Marcourt: le refinancement de «Brasero» fait long feu

Du côté de chez Jean-Claude Marcourt (PS), ministre wallon de l’Économie et de l’Économie sociale, on note qu’un certain nombre de dossiers «économie sociale» sont affectés par la situation actuelle. «On peut citer la réforme des agences-conseils, la réforme des services de proximité (IDESS) et la structuration des activités de microcrédit», explique le cabinet. Il note également qu’il était prévu d’impulser des logiques coopératives et collaboratives à travers d’autres dispositifs (plan numérique, plan commerce, plan PME – Small Business Act)… «Pour les prochaines échéances, ce sera au futur gouvernement de concrétiser (ou non) ces réformes et nouvelles mesures», conclut-il à ce niveau.

En ce qui concerne le programme Brasero, censé soutenir les coopératives, le cabinet note que le cdH a «refusé que le point sur le refinancement de la mesure soit approuvé par le gouvernement de jeudi dernier (NDLR: 6 juillet)». Il souligne également que «le dispositif concernant le soutien à 30 nouvelles entreprises qui auraient généré, en référence aux moyennes observées à ce jour, un investissement direct de 24 millions d’euros dans l’économie wallonne» s’est trouvé compromis. «Ces projets auraient permis le rachat de plusieurs entreprises par leurs travailleurs, le développement des énergies renouvelables et le développement d’activités immobilières, donnant directement du travail à des entreprises de construction notamment. Sans décision sur ce dossier, c’est l’ensemble des efforts faits par la Wallonie et spécifiquement par le ministre de l’Économie, pour construire une réelle économie durable, performante, associant les citoyens à travers leur participation et leurs investissements, qui est stoppé», fait-on encore remarquer.

Rayon financement, le cabinet affirme que tout ce qui peut être signé par Jean-Claude Marcourt sera exécuté. «Le changement futur du gouvernement n’a pas d’incidence sur les versements des subventions qui sont directement gérés par l’administration», note-t-il.

Enfin, en ce qui concerne les dossiers «en cours», «le cabinet du ministre poursuit le travail, dans le respect des procédures et des organes d’avis que celles-ci prévoient. Le ministre signera les actes qu’il pourra jusqu’au dernier jour où il assurera ses fonctions». (Julien Winkel)

Didier Gosuin: business as usual

«On continue comme si de rien n’était.» C’est en substance le message délivré par le cabinet de Didier Gosuin (Défi), ministre de l’Emploi, de l’Économie et de la Formation à Bruxelles. Pour preuve, le cabinet souligne qu’il vient de débloquer près de 3,5 millions d’euros en aides à destination de six entreprises bruxelloises. Côté appels à projets, c’est le même discours: un appel pour le soutien aux projets d’entrepreneuriat numérique (400.000 euros) vient d’être lancé. «Et, le 13 juillet, nous en déposerons un autre censé sensibiliser les jeunes à l’entrepreneuriat», explique-t-on du côté du cabinet.

En ce qui concerne les subsides, le topo est le même: pas de blocages. «Le cdH est très collaboratif et le PS fait toujours partie de la majorité», souligne le cabinet de Didier Gosuin. Un constat qui paraît couler de source: le PS tente probablement de faire profil bas. (Julien Winkel)

 

Simonis, un secteur jeunesse dans l’attente…

«Nous continuerons à travailler jusqu’au dernier jour pour assurer le suivi des dossiers.» Voilà, en substance, le message que nous envoie le cabinet d’Isabelle Simonis, ministre de la Jeunesse (FWB). Concernant les subventions, la ministre ne rencontre pas de difficultés pour les octroyer comme prévu. «Nous venons ainsi de finaliser les arbitrages dans le cadre de la circulaire ‘histoires croisées’ et du tout nouvel appel à projets ‘éducation aux médias en jeunesse’», explique Stéphanie Wilmet, la porte-parole d’Isabelle Simonis.

Comme nous l’indiquons dans ce numéro, l’évaluation des décrets jeunesse est l’un des gros boulots de la législature. Celle-ci est terminée et doit être présentée en gouvernement le 12 juillet. Ce travail devait être suivi par des propositions de réforme des décrets ‘centres de jeunes’ et ‘organisations de jeunesse’. Une note d’orientation devait être présentée en ce sens. Évidemment, vu le contexte, elle ne le sera pas. Ce sera donc à la prochaine majorité de se saisir du dossier.

Toujours du côté des centres de jeunes, on avait accueilli avec joie l’annonce de l’obtention de la ministre d’un million d’euros supplémentaire pour soutenir la création d’emploi dans le secteur en 2017. Cette somme devrait bien être transférée aux centres de jeunes car le décret-programme qui en actait le principe a été voté en commission parlementaire mardi 4 juillet. L’arrêté qui devait permettre de déterminer la répartition de ce million en concertation avec le secteur a, lui, été mis entre parenthèses. «Mais la ministre étudie une manière d’affecter la somme selon des modalités exceptionnelles en 2017 pour que l’enveloppe ne soit pas perdue, sous réserve du vote du budget au parlement le 19 juillet.» 

Mais le souci pour le secteur jeunesse c’est que ce million d’euros était considéré comme un préalable au refinancement tant attendu du secteur. Isabelle Simonis avait l’intention de discuter, à partir de 2018, de l’octroi d’un permanent supplémentaire par centre de jeunes (coût estimé: 9 millions d’euros). La discussion n’aura pas lieu. En tout cas, pas avec cette ministre.

Notons enfin que certains dossiers ont avancé malgré la crise politique. L’arrêté sur l’enseignement de promotion sociale inclusif a été adopté par le gouvernement en troisième lecture. (Cédric Vallet)

Marie-Martine Schyns: l’avenir du pacte

Joëlle Milquet puis Marie-Martine Schyns ont placé au cœur de la législature le «pacte pour un enseignement d’excellence». Fruit d’une réflexion intense de deux ans des acteurs de l’enseignement, le pacte pour un enseignement d’excellence se voulait être une réponse aux grands enjeux de l’école belge francophone. Selon la ministre de l’Éducation, ce pacte n’est pas remis en cause par la crise politique actuelle. Effectivement, la majorité en fin de vie PS-cdH (avec le soutien du MR) a voté le 6 juillet, au parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les premières mesures concrètes: le renforcement du taux d’encadrement en maternel et l’aide aux chefs d’établissement.

Par contre, il est difficile de croire que la prochaine majorité, si elle comporte le MR, endossera comme tel l’ensemble du pacte adopté par le cdH avec le PS. Olivier Chastel a déjà fait savoir que la mesure phare du pacte – l’allongement du tronc commun polytechnique jusqu’à 15 ans – n’était pas trop de son goût.

De son côté, Marie-Martine Schyns se veut rassurante: c’est le groupe central du pacte (qui réunit associations de parents, syndicats, administration, chercheurs) qui est le garant des grands équilibres du pacte, dit-elle. Et l’allongement du tronc commun fait partie de ces points d’équilibre. Mais en même temps, la ministre laisse la porte ouverte à quelques aménagements. Dans une interview accordée à La Libre Belgique, celle-ci déclarait: «L’allongement du tronc commun a toujours fait débat. C’est pour cela que l’on a intégré le fait que l’on va évaluer sa mise en place de manière très précise.» (Cédric Vallet)

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