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Regard critique · Justice sociale

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"Les trois secteurs d'activités de l'EFT "Au travert" : élevage, horticulture et pisciculture"

29-01-2001 Alter Échos n° 90

Anciennement nommée Banalbois (du nom du domaine où elle est implantée), l’EFT d’Hatrival s’appelle désormais « Au Tavert »1. Avec pour ambition de doter chaque secteurd’activité de son propre siège. En effet, Vincent Brack, l’actuel administrateur-délégué, estime important pour les stagiaires de pouvoir travailler de façonexcentrée par rapport au domaine. D’autant qu’actuellement 60% de ces dix à quinze stagiaires2 sont constitués de résidents du centre d’accueil pour hommes adultes endifficulté instauré sur le même site. Ce qui permettrait à ces personnes de rencontrer d’autres réalités que celles de leur résidence, maiségalement pourrait amener encore davantage de stagiaires à se former dans ces sites, plus accessibles par les transports en commun. « Depuis vingt ans, nous menons des projetssocio-professionnels dans la ligne verte », explique Vincent Brack. Trois filières sont ainsi développées : l’élevage, l’horticulture, et la pisciculture.
En élevage, deux projets sont à l’étude. Depuis près d’un an, trois jours par semaine, des stagiaires travaillent dans une exploitation agricole de Libin, en partenariatavec l’agriculteur. Afin d’assurer la pérennité du projet pédagogique, Vincent Brack étudie la possibilité d’une reprise avec l’ambition de travailler les bovinsrustiques. Le directeur voit plusieurs intérêts à cette démarche: « D’abord, l’immersion dans une ferme. Ensuite, les races rustiques demandent moins de suivi que lesBlanc-Bleu-Belges. Et puis, c’est une philosophie qui nous colle mieux. »
Le financement, à hauteur d’une douzaine de millions, est notamment en négociation avec l’APES3. D’autre part, un partenariat en coopérative se dessine à Grandvoir, via undes moniteurs, propriétaire d’une exploitation de 24 ha. L’EFT s’ouvrirait ainsi à de petites exploitations avicoles et d’ovidés en élevage bio. « L’animal est unextraordinaire vecteur de rééquilibre », plaide Vincent Brack mais impose également une vigilance constante, y compris les week-ends. En outre, il s’agit de trouver le pointd’équilibre économique dans un secteur instable, qu’il s’agisse de l’agriculture, comme de l’attention plus grande à apporter à des personnes fragilisées. »
Un préoccupation qui se retrouve dans les autres filières. À Awenne, l’EFT a repris une pépinière abandonnée en zone commerciale, qu’elle atransformée en garden-center. En quelque quatre mois, les stagiaires ont remis en état les installations. Actuellement, six mille fleurs sont cultivées, avec unepossibilité de vingt-cinq mille plantes. Floriculture, maraîchage, mais aussi travail sur divers chantiers extérieurs composent ce volet d’activités.
Depuis trois ans, l’EFT s’est aussi tournée vers la pisciculture. Quatre volets au programme : la technologie scientifique, la production, l’éducation et le social. Il fallait d’abordremettre en état des bassins situés sur le site provincial de Mirwart. Une mise à disposition précisée dans une convention passée avec la Province. L’EFT asous-traité l’approche technique à l’UCL4 dans un projet de recherche et développement portant sur l’adaptation du saumon atlantique lacustre à l’élevage etl’étude de circuits en eau fermée. Cette recherche devrait permettre, si elle s’avère positive, de pouvoir reproduire ailleurs ce type de saumon.
Un technicien et un ingénieur sont occupés à plein temps, avec l’intervention d’un docteur à mi-temps, dans le cadre d’une convention signée pour trois ans avec lecabinet Lutgen5. Cent trente mille œufs de saumons ont été produits cet hiver à Mirwart. La majorité de ces œufs ont été destinés àla vente par lots à d’autres pisciculteurs. Le milieu professionnel semble accueillir favorablement ce nouveau produit aquacole. Un rapport final sera remis à la Région wallonne,pour envisager les prolongements. D’ores et déjà, les techniciens restent en contact avec les pisciculteurs afin de les sensibiliser au produit et d’en envisager le suivi. La mise enplace d’une formation continue en pisciculture était comprise dans la convention. Un cours sur les salmonidés a été organisé à Marche et à Ciney parl’EFT, avec des intervenants de l’UCL et d’autres experts. Largement ouvert au public, ce cours est apprécié par les professionnels, dont des agents de développement local. Unepublication des 1.005 pages de ce programme, des fiches de vulgarisation sont envisagées, notamment à destination du public français, qui serait intéressé. Mais lapoursuite de ce cours est liée au renouvellement de la convention. Sur le plan social, les stagiaires ont participé à la remise en état des bassins, gèrentquotidiennement la pisciculture, et livrent les commandes aux pisciculteurs. « C’est exceptionnel de voir des stagiaires associés à une recherche universitaire au profit de laprofession », estime Vincent Brack. Plus loin, la demande de saumons adultes conduit l’EFT à prospecter dans la direction d’étangs de grossissement. « Nous sommes obligés decroître, si nous ne voulons pas nous limiter à l’achat-vente, peu profitable dans une logique de réinsertion sociale », explique l’administrateur-délégué. Unefilière de transformation en produits finis est ainsi à l’étude avec divers partenaires dans le cadre de la plate-forme OIFT (OISP et EFT) Luxembourg6.
1 EFT Au Travert, Domaine de Banalbois à 6870 Hatrival, tél. : 061 25 65 41, fax : 061 61 39 05, contact : Vincent Brack, administrateur-délégué.
2 Encadrés par dix professionnels.
3 Agence Provinciale d’Economie Sociale (APES), rue de la Converserie, 44 à 6870 Saint-Hubert, tél. : 061 61 00 54, contact : J.-M. Gaspard.
4 Laboratoire de pisciculture Marcel Huet – UCL, route de Blocry, 2 à 1348 LLN, tél. : 010 47 25 36, contact : Christian-Marie Bols.
5 Dossier approuvé en 97. La convention s’est terminée en septembre 2000. Une nouvelle demande de convention portant sur 2001, pour laquelle un avis favorable aurait étédonné, a été remise au cabinet Happart, Ministère de l’Agriculture et de la Ruralité, rue Moulin de Meuse, 4 – Bâtiment II à 5000 Namur (Beez),tél. : 081 23 48 11, fax : 081 23 48 09.
6 Plate-forme OIFT Luxembourg, contacts : Patrick Truccolo, asbl Le Trusquin, rue Croix Bande, 1G à 6900 Marloie, tél. : 084 32 36 07 ; Francis Laveaux, asbl Lire et Ecrire Luxembourg,Grand’place, 7 à 6880 Bertrix, tél. : 061 41 44 92.

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