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Regard critique · Justice sociale

Bella Vita : de qui veut-on assurer les beaux jours ?

Des promoteurs solidaires ou l’intergénérationnel comme argument de vente ?

06-06-2010 Alter Échos n° 296

Des promoteurs solidaires ou l’intergénérationnel comme argument de vente ? C’est la question posée par le séduisant projet Bella Vita à Waterloo quine laisse pas indifférent.

Le 18 mai dernier se tenait une importante réunion de concertation sur le projet Bella Vita prévu à Waterloo à proximité de la drève des Dix mètreset de la drève de l’Enfance. Racheté en 2004 par des promoteurs au CPAS de Bruxelles, ce vaste terrain de 15 hectares est en zone bleue (zone de services). Le collège aencouragé l’idée d’un projet centré sur les seniors. « La gestion du Gibloux fait déjà de Waterloo un lieu de référence »,explique Étienne Verdin (MR), le président du CPAS1 qui représente la commune dans un comité de liaison qui regroupe les autorités communales, lesCliniques de l’Europe et les promoteurs.

Au niveau des équipements, 269 logements sont prévus sous forme de maisons ou d’immeubles à appartements. Au niveau des équipements : une maison de repos (109lits), une résidence-services pour 50 personnes, un centre de santé. En outre, une crèche, une piscine et un commerce de proximité sont prévus.

Des conditions de vie favorables à l’intergénérationnel

« Tout est prévu pour s’y déplacer à pied. Pas de bordures, établissement d’une zone 20, établissement de liaisons piétonnes, 6 500mètres de haies… », précise le président du CPAS. Mais plus important, des conditions seront imposées à l’établissement de lacopropriété : maintenir 35 % de moins de cinquante-cinq ans sur le site, établir une charte de vie, mettre sur pied un SEL (service d’échange local)… Toutsemble fait pour éviter d’en faire un ghetto senior.

Pour Bernard Catala, membre actif du comité de quartier du Faubourg Ouest, cela ne tient pas. « En une génération, avec les héritages et les ventes, cela peutévoluer très vite. Et les prix envisagés à 4 000 euros du m2 vont en faire un ghetto de riches. » Un point de vue contesté par lespromoteurs : « La pyramide des âges fera partie de l’acte de base de la copropriété et devra être respectée. Quant aux prix, ils devraient se situerautour du prix du marché à Waterloo, soit plutôt entre 2 800 et 3 000 euros le m2. Le fait que les bâtiments soient relativement petits – entre 50 et 150m2 – en fera des biens accessibles pour de jeunes couples qui travaillent, par exemple », réplique Gaël Cruysmans, administrateur de la société BellaVita2, que JCX et Immobel ont mise sur pied pour réaliser le projet.

Pour le président du CPAS, il est important que les autorités communales soient associées aux trois phases du projet : la conception, le financement et la construction et,enfin, la gestion. Même si elles n’interviennent pas financièrement dans le conséquent budget de 120 millions d’euros.

L’impact sur la mobilité

Le débat le plus virulent tourne autour de la mobilité. L’étude prévoit 782 résidents et 153 travailleurs sur le site. L’impact sera réel.« La densité est nécessaire pour que les services soient autonomes financièrement », plaide le promoteur. « C’est un problème desociété. Pas le problème du site. L’implantation de la gare RER à quelques minutes à pied peut contribuer à désengorger le quartier. Et puis,surtout, un site senior a des répercussions moindres que d’autres équipements, comme une école, car les horaires sont plus variés. Maintenant, personne ne peutcontester qu’il y a des problèmes de mobilité à Waterloo », concède le promoteur.

« Les promoteurs doivent bien admettre que l’impact sera plus important que ce qui est décrit dans l’étude », plaide Yves André, pour l’asblEnvironnement Waterloo. « Le plan de circulation de l’étude est incorrect, on ne tient pas compte de la difficulté actuelle de circuler sur des voiries où il estdifficile de se croiser », ajoute Bernard Catala.

L’enquête publique se clôture le 4 juin. Une réunion de concertation est ensuite probable. Après, la commune approuvera le projet et le transmettra aufonctionnaire-délégué. Les travaux devraient s’étaler de 2011 à 2014.

« La société va vieillir. C’est à la société de répondre. Les pouvoirs publics ne pourront assurer seuls les conséquences duvieillissement de la population. Si je devais qualifier ce projet, je dirais qu’il est avant tout un projet solidaire », conclut Gaël Cruysmans. Véritable credo ou simplespropos de comm’ ? À vérifier.

1. CPAS de Waterloo :
– adresse : chemin du Bon Dieu de Gibloux, 26 à 1410 Waterloo
– tél. : 02 352 35 11
– site : www.cpaswaterloo.be.
2. Plus d’infos : www.bellavita.be.

Jacques Remacle

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