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Regard critique · Justice sociale

Emploi/formation

SmartBe : nettoyage sous la voûte du palais

SMartBe a vu le nombre de « non-artistes » recourant à ses services augmenter. Aujourd’hui, l’asbl amorce un recentrage au cœur duquel le« palais de l’intérim » perd de son lustre.

28-11-2011 Alter Échos n° 328

Considérée comme une association professionnelle d’artistes, SMartBe1 a vu le nombre de « non-artistes » recourant à ses services augmenter.Aujourd’hui, l’asbl revoit sa position et amorce un recentrage.

En octobre 2010, l’asbl SMartBe a été contrainte de se faire reconnaître comme société d’intérim pour son activité avec les travailleurs« non artistiques » (voir Alter Échos n° 304 : « SmartBe fait son entrée dans le palais del’intérim »). Depuis, le « palais de l’intérim » est censé prendre en charge les travailleurs non artistiques.

Un an après sa création, ce service se justifie-t-il sur le terrain ? « Pour mettre du beurre dans les épinards, les artistes et les créateurs cumulentdifférentes activités, dont des activités non artistiques. Notre credo a toujours été de donner aux artistes un accès à la protection sociale dessalariés. Un statut d’indépendant pour des prestations intermittentes serait contre-productif et précarisant. Sans configuration d’emploi stable, cotiser dans lesdeux caisses est ce qui peut arriver de pire à quelqu’un », confie Marc Moura, directeur de SMart Association professionnelle d’artistes.

Autre raison invoquée : une série de métiers considérés comme non artistiques sont indispensables à la production de la création et àsa mise sur le marché. Agents intermédiaires, diffuseurs, producteurs, directeurs artistiques, guides de musée, journalistes… « Ces métiers connaissent lesmêmes conditions de travail et le même type de difficultés socioéconomiques que les artistes eux-mêmes, car ils sont aussi soumis aux risques et aux aléas del’intermittence professionnelle », explique Marc Moura.

Le succès aidant, la liste des secteurs et des métiers couverts par l’asbl s’est diversifiée. C’est ainsi que des métiers de plus en pluséloignés du champ artistique ont été pris en charge (pédicure, jardinage, métiers du bien-être, massage, etc.). Aujourd’hui, l’asbl revoitsa position. À la suite de l’Assemblée générale du 22 septembre dernier, SMartBe s’engage dans un recentrage de ses activités. Mot d’ordre :servir et défendre son public initial. « Depuis toujours, Smart a pris en charge 15 % des prestations non artistiques. Moins de 5 % de ces prestations ne relèventpas des fonctions connexes à la création. Or, plus on s’éloigne des métiers artistiques, moins nos solutions sont adaptées », confirme MarcMoura.

Ingénierie sociale ?

Conséquence : à partir du 1er janvier 2012, les fonctions qui ne sont pas liées à la création ne seront plus desservies par Smart. Avectoutefois quelques nuances. D’un côté, SMartBe continuera de servir les métiers technico-artistiques, les métiers connexes à l’artistique (production,diffusion, etc.) ainsi que « tous les métiers qui partagent des similitudes importantes avec les professionnels de la création : le journalisme, la communication, latraduction, l’animation socioculturelle, les métiers du web, de la formation et de l’événementiel », explique Marc Moura. D’un autrecôté, l’asbl « blanchit » ses membres inscrits avant le 1er janvier 2012. En d’autres termes, ils pourront continuer à prester desfonctions intermittentes éloignées du « core business » de SMartBe.

Ce statu quo porte un nom : c’est de l’ingénierie sociale, l’exploitation des dispositions légales pour arriver au meilleur intérêt des gens avecqui l’on travaille. SMartBe excelle dans ce domaine. Ce qui éveille certaines animosités. « La réaction de l’Onem (voir à l’article “Ceci n’est pasun statut” dans ce même numéro) est peut-être due au fait qu’on est allé trop loin dans cette ingénierie, elle-même construite sur des pratiques del’Onem, qui a été compréhensif jusqu’ici avec les artistes », confie un avocat. En « off », syndicats et autres« détracteurs » de l’asbl, fustigent le « soutien » de l’asbl aux personnes non artistes. En « on », Federgon, lafédération de l’intérim, Setca non-marchand, CSC et FGTB refusent de se prononcer. Entre-temps, l’inquiétude dans le secteur règne, sur fond de relationstendues avec l’Onem. Et témoigne d’un énorme besoin de clarification chez les artistes.

1. SmartBe:
– adresse : rue Émile Féron, 70 à 1060 Bruxelles
– tél. : 02 542 10 80
– site :www.smartasbl.be

Rafal Naczyk

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