À l’heure où les ouvrages de développement personnel occupent en masse les rayons des librairies, où les coachs de vie se multiplient et que le métier de «chief happiness» apparaît dans les multinationales, le livre Happycratie: comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies (Premier Parallèle, 2018) nous alerte: cette «science» du bonheur représente un marché juteux. Et le bonheur peut s’avérer être un instrument idéologique puissant pour justifier des mesures politiques et économiques, et même contrôler nos vies. Les sociologue et psychologue Eva Illouz et Edgar Cabanas – nous avons rencontré ce dernier – invitent à quitter cette obsession du «moi» heureux et épanoui pour repenser le bien-être collectif. Contre la tyrannie de l’optimisme qui ne s’embarrasse pas du souci de la justice ou de l’oppression, ils réhabilitent le pessimisme, et même la souffrance, nécessaires pour penser, voire transformer, la société de demain.
Alter Échos: Votre ouvrage se penche sur le courant de la psychologie positive, qui considère que nous sommes responsables de notre bonheur, peu importe le contexte. Comment expliquer ce rapide succès de la psychologie positive, lancée officiellement en 1998?
Edgar Cabanas: La psychologie positive est parvenue à s’implanter sur le marché et à faire du bonheur une marchandise qui brasse énormément d’argent. Son succès s’explique notammen...
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À l’heure où les ouvrages de développement personnel occupent en masse les rayons des librairies, où les coachs de vie se multiplient et que le métier de «chief happiness» apparaît dans les multinationales, le livre Happycratie: comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies (Premier Parallèle, 2018) nous alerte: cette «science» du bonheur représente un marché juteux. Et le bonheur peut s’avérer être un instrument idéologique puissant pour justifier des mesures politiques et économiques, et même contrôler nos vies. Les sociologue et psychologue Eva Illouz et Edgar Cabanas – nous avons rencontré ce dernier – invitent à quitter cette obsession du «moi» heureux et épanoui pour repenser le bien-être collectif. Contre la tyrannie de l’optimisme qui ne s’embarrasse pas du souci de la justice ou de l’oppression, ils réhabilitent le pessimisme, et même la souffrance, nécessaires pour penser, voire transformer, la société de demain.
Alter Échos: Votre ouvrage se penche sur le courant de la psychologie positive, qui considère que nous sommes responsables de notre bonheur, peu importe le contexte. Comment expliquer ce rapide succès de la psychologie positive, lancée officiellement en 1998?
Edgar Cabanas: La psychologie positive est parvenue à s’implanter sur le marché et à faire du bonheur une marchandise qui brasse énormément d’argent. Son succès s’explique notammen...