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Regard critique · Justice sociale

Sur la place Saint-Denis, à Forest, une nouvelle épicerie coopérative, La Vivrière, vient d’ouvrir ses portes. Îlot gentrifié ou nouveau rendez-vous de quartier ?

Les alternatives à la distribution classique, qui promeuvent l’alimentation durable et l’économie locale, ne manquent pas. Cependant, chaque modèle a ses limites (voir notre article sur les supermarchés coopératifs) et son public cible, souvent difficile à élargir. Pionnière en Belgique de la “Ruche Qui Dit Oui” – qui permet de passer commande directement aux producteurs via un site Internet –, la coopérative La Vivrière-PoiDs Gourmand relève le défi avec l’ouverture d’une épicerie place Saint-Denis. «Nous voulions sortir du tout Internet et nous inscrire dans une véritable dynamique de quartier, explique Aurélie Labarge de La Vivrière.  Les commandes sur Internet exigent d’anticiper, de venir retirer les produits dans un créneau horaire précis. Du coup, il y a peu de place laissée à la spontanéité et à l’improvisation.» Paramètres qui font partie, pour nombre d’entre nous, de l’acte de manger.

«Ils ont fait le choix de sortir d’un circuit classique après avoir souvent traversé de nombreuses difficultés. Nous respectons leurs prix», Aurélie Labarge

Pain bio, légumes du coin, produits laitiers sauvés in extremis de la crise, viandes en direct de la ferme et poissons pêchés en mer du nord : la Vivrière travaille avec quelque 30 producteurs locaux et sans intermédiaires. Pour réaliser ce projet d’épicerie «en dur», elle a mené une campagne de crowfunding qui a permis de dégager plus de 10.000 euros auprès de 170 coopérateurs. Contrairement à certains de ses concurrents bruxellois (Färm pour ne pas les citer), La Vivrière a fait le choix de proposer un nombre très limité de denrées. C’est à ce prix qu’elle espère assurer son équilibre économique.« C’est en ne jetant pas que nous parvenons à comprimer notre marge afin de proposer à la fois un prix juste pour le client sans devoir négocier avec les producteurs.» Pour Aurélie Labarge, ce préalable est fondamental.«Ils ont fait le choix de sortir d’un circuit classique après avoir souvent traversé de nombreuses difficultés. Nous respectons leurs prix». L’épicerie se veut d’ailleurs un lieu de rencontre entre ces petits producteurs et les Bruxellois, dans l’optique de nouvelles noces entre «la ville et les champs», deux pôles plus que jamais interdépendants dans ce nouveau modèle alimentaire.

En s’installant dans le bas de Forest, La Vivrière place aussi son pion là où l’offre en matière d’alimentation durable était inexistante. Mais les habitants du quartier sont-ils prêts à pousser la porte de ce magasin tout sain tout beau, poussé au milieu des bars et des Kebabs ? «Parfois, quand je regarde par la fenêtre, j’ai l’impression d’être en effet en pleine gentrification. En même temps, nous essayons d’une manière ou d’une autre de toucher tous les publics. Certains produits sont seulement 5 cents plus chers au kilo que dans le secteur de la grande distribution discount. Nous pouvons aussi toucher la population marocaine qui a l’habitude d’acheter en demi-gros», estime Aurélie Labarge. Argument bonus : les intolérances alimentaires, qui vont crescendo dans toutes les couches de la population, pourraient attirer

Julie Luong

Julie Luong

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