Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Social

Jeune, handicapé et inséré ?

L’asbl Vis à Vis développe depuis un an un projet à destination des jeunes adultes en situation de handicap. But de l’opération : leur donner des outils pour s’insérer dans leur environnement.

20-01-2012 Alter Échos n° 330

L’asbl Vis à Vis1 développe depuis un an un projet à destination des jeunes adultes en situation de handicap. But de l’opération : leur donner des outils pour s’insérer dans leur environnement.

Opérant depuis plus de vingt ans à Namur, l’asbl Vis à Vis est composée de deux services, actifs respectivement dans la formation de personnes peu qualifiées (service formation) et dans l’accompagnement aux personnes fragilisées par un handicap (service accompagnement, agréé par l’Agence wallonne pour l’intégration des personnes handicapées). Aussi la structure n’a-t-elle pas hésité lorsque l’Awiph a lancé un appel à projet « Transition 16-25 ». « Le but de cet appel à projet était de favoriser l’émergence de projets permettant aux jeunes d’éviter les parcours de rupture à la sortie de l’enseignement spécialisé », explique Delphine Fadanni, coordinatrice du secteur psychosocial de l’asbl.

Baptisé du doux nom de « Rialto », une référence au célèbre pont de Venise, le projet mis en place dans ce cadre par l’asbl depuis janvier 2011 est construit sur deux axes : des animations, sous forme d’ateliers dans les écoles spécialisées de forme 2 (voir encadré) et l’organisation d’un module de trois mois à destination des jeunes de moins de 25 ans déjà sortis de l’enseignement ou en décrochage.

L’enseignement de forme 2 (enseignement d’adaptation sociale et professionnelle) vise à donner une formation générale et professionnelle pour rendre possible l’insertion en milieu de vie et/ou travail protégé.

Après l’école

« Le but des ateliers organisés dans les écoles est d’amener les jeunes se rapprochant de la fin de leur cursus à réfléchir sur ce qu’ils vont faire après l’école, détaille notre interlocutrice. La fin de la scolarité est en effet une période délicate, où beaucoup de choses s’arrêtent et à propos de laquelle les jeunes s’interrogent peu. » Au nombre de quatre, les ateliers abordent ainsi des thématiques comme l’emploi, la formation ou le bénévolat, le logement, les compétences relationnelles ou encore la représentation que les jeunes se font de l’après- école.

Organisées dans plusieurs écoles de la Province de Namur, les animations permettent également à l’asbl d’« accrocher » les jeunes plus tôt dans leur parcours. « Avant ce projet, nous ne nous rendions pas dans les écoles, note Delphine Fadanni. Et les jeunes arrivaient à notre service accompagnement à l’âge 25 ans. Les animations sont une occasion pour nous d’aller les chercher avant la rupture. »

Une forte présence familiale

Pour ce qui concerne les modules, ceux-ci ont lieu pendant trois mois, trois jours par semaine, et sont destinés, on l’a dit, aux jeunes de moins de 25 ans déjà sortis de l’enseignement ou en décrochage. Les thèmes abordés touchent eux aussi à l’emploi, au logement, aux questions administratives, à la santé, à l’environnement, à la mobilité, l’alimentation ou encore à l’informatique. Un « projet collectif mobilisateur » est également mené. Il peut s’agir de la mise en place d’un spectacle de marionnettes ou encore de la mise sur pied d’un voyage. Projet auquel chacun participera selon ses compétences.

Globalement, le but de l’opération, quant à lui, est proche de celui des animations en école. « Nous essayons de mettre les jeunes dans des situations réelles pour qu’ils puissent prendre les choses en main, nous essayons de créer du lien social. Si un de nos jeunes handicapés a sa voiturette qui tombe en panne, qu’il sache où appeler. Il s’agit d’aider les jeunes à reprendre pied dans la vie active, à avoir une idée plus claire de ce qu’ils vont faire de leur vie. » Pour beaucoup d’entre eux, cette démarche passe notamment par l’envie de trouver un emploi, même si les choses ne sont pas toujours aussi claires. « Il y a souvent une présence très forte des parents, de la famille. Ce sont souvent elles qui sont à l’origine de la démarche du jeune, qui en ont marre de voir leur enfant traîner à la maison. La difficulté réside donc pour nous dans le fait d’essayer de voir ce que souhaite vraiment le jeune. » Pour ce faire, Delphine Fadanni le rencontre, lui et sa famille, lors d’un entretien précédant le début du module. Un suivi individualisé est également mis en place en cours de module et, le cas échéant, après la fin de celui-ci.

Un après qui n’est pas toujours évident. « Ma grande question est de savoir vers quoi orienter ces jeunes, souligne la coordinatrice. Il y a peu d’emplois qui leur conviennent, et nous ne voulons pas les envoyer vers de l’occupationnel. » Notons que ce projet pilote est financé jusque fin 2013.

1.Vis à Vis :
– adresse : rue de l’Etoile, 5 à 5000 Namur
– tél. : 081 23 10 05
– site : http://www.visavis.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)