Retraite, les fractures de l’âge

«Ne regrettez pas de vieillir, c’est un privilège refusé à beaucoup», disait Mark Twain. De nos jours, ce privilège s’invite en filigrane dans les histoires personnelles, secoue les familles, bouscule les équilibres sociaux et réécrit la solidarité. Dans ce dossier, Alter Échos joue la carte de l’intime et du collectif, face à une révolution démographique qui s’accélère. Au programme: des «divorces gris» qui fissurent les vieux schémas conjugaux et mettent en lumière les failles de l’égalité entre les sexes (lire «Divorcer plus vieux, divorcer heureux?»). D’autres choisissent – ou subissent – le retour dans le monde du travail, forçant à replacer la notion de retraite au cœur du débat (lire «Au boulot, les pensionnés!»). Et quand l’espérance de vie grimpe, la question fuse: privilège pour qui? Les inégalités de santé, d’accès et de conditions de fin de carrière s’accentuent, révélant de nouveaux fossés («Vivre vieux, un privilège social»). Parmi les points lumineux, ces bataillons de retraités qui portent à bout de bras le monde associatif, soutenant la solidarité et l’entraide, tout en se demandant qui prendra le relais («Volontariat: ces seniors qui font tourner le monde associatif»). En coulisse, enfin, un système de pension sous tension, dont chaque réforme raconte l’équilibre précaire entre finances publiques et justice sociale, comme autant d’alternatives à repenser («La Belgique a trouvé un équilibre financier relatif, mais son coût social est élevé»). Au final, cinq regards, mais une même tension: l’âge est devenu un enjeu de lutte et de réinvention collective.

Dossier illustré par Cécile Deglain