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"Espace bien-être d'Ixelles : un lieu où il fait bon se faire dorloter"

03-12-2001 Alter Échos n° 110

Des espaces de soins esthétiques, de maquillage, de coiffure, de couture, de podologie et réflexologie plantaire dans lesquels des personnes formées à l’écoutevous chouchoutent et vous refont non seulement une beauté mais aussi le moral… à moindre coût si vous n’avez pas le moindre sou ou quasi… cela existe. Depuis 2000,l’Espace bien-être à Ixelles1 accueille tous les lundis et jeudis de nombreuses femmes en situation d’exclusion venues, une fois n’est pas coutume, se faire pomponner.
À l’origine de l’idée, l’association Vie féminine qui, via son travail d’éducation permanente, constate que de nombreuses femmes en situation d’exclusion ont tendanceà développer une image dévalorisante d’elles-mêmes et à s’oublier lorsqu’il faut effectuer des sapes dans le budget du ménage. Autre constat : certainesfemmes dans le domaine du bien-être (esthéticiennes, coiffeuses, podologues, couturières) souhaitent donner une dimension sociale à leur métier. De là,naît l’idée d’organiser une formation destinée à des femmes possédant une qualification professionnelle dans des métiers qui permettent de mettre en valeurl’image de soi.
Naissance de l’Espace bien-être d’Ixelles
Nanties d’un certificat de « Formation relationnelle et sociale pour les professionnelles participant à l’amélioration du bien-être des personnes », les seize participantes àla formation décident de créer des espaces bien-être, répondant ainsi à un besoin social jusqu’ici non rencontré. Trois espaces (à Waremme, Ath etBruxelles) verront ainsi le jour, fondés sur une intuition de départ qui se confirmera très vite : procurer un certain « mieux-être » peut aider à se « remettre enroute ».
L’asbl bruxelloise qui a démarré ses activités en août 2000, est située à Ixelles, rue Malibran dans deux locaux mis à disposition par l’EspaceCouleurs Femmes, initiative également de Vie féminine. L’équipe ixelloise se compose de trois coiffeuses, une couturière, une podologue, une esthéticienne, toutesprofessionnelles et bénévoles, excepté la couturière qui bénéficie d’un emploi mi-temps. Deux d’entre elles sont minimexées, une est demandeused’emploi et une autre à charge de son mari. « Nous proposons différents services, explique Maryline Vandaele, coordinatrice du projet. Par exemple : coupe, brushing, permanente, soins duvisage, maquillage, réflexologie, pédicure, confection de tissus d’ameublement, création de vêtements, retouches,… La participation financière fluctue entre100 et 500 francs en fonction du service. Les personnes peuvent prendre rendez-vous du lundi au vendredi mais, pour l’instant, nous ne sommes ouverts que le lundi et le jeudi faute de moyens.Il est certain que le projet se professionnalisant, notre objectif serait de pouvoir ouvrir toute la semaine car on est obligées de refuser du monde. »
Autre objectif : pouvoir engager deux des trois coiffeuses à temps plein dès janvier 2002, « si le projet d’entreprise d’économie sociale remis au cabinet Vande Lanotte et quidoit nous permettre d’obtenir des postes subsidiés est accepté », ajoute toutefois Maryline Vandaele. D’autre part, nous sommes en contact avec l’Orbem pour pouvoirbénéficier de postes ACS, la mise à l’emploi étant également un des objectifs de ce projet. » Tout récemment, l’association a également conclu unaccord avec CAP-Emploi, service insertion du CPAS d’Ixelles, qui lui permettra d’engager d’ici quelques mois une des coiffeuses et l’esthéticienne sous statut art. 60 et ainsi de pouvoirouvrir tous les jours. Une convention qui ne se fait pas sans échange : l’Espace bien-être doit en contrepartie fournir 20 à 30 soins gratuits par mois aux personnesenvoyées par Cap-Emploi et qui s’apprêtent à passer un entretien d’embauche… Côté moyens, actuellement, l’Espace bien-être ixelloisbénéficie des rentrées des « clientes » et de deux asbl avec lesquelles il a établi des conventions : la maison de quartier Chambéry à Etterbeek pour des soinsde podologie-pédicure avec un public mixte, et le centre de prévention des violences conjugales et familiales pour des soins esthétiques.
L’esthéticienne, souvent une première…
Parmi les personnes qui fréquentent l’Espace, la plupart n’ont jamais été dans un institut de soins et très rarement chez le coiffeur. « Nous avons très peu dejeunes femmes, l’âge moyen se situe entre 30 et 40 ans ou des femmes plus âgées. Elles sont soit minimexées, demandeuses d’emploi, à la retraite ou encore sanspapiers. Leur demande est généralement plus qu’un simple soin ou service, mais également un endroit chaleureux où elles peuvent être écoutées etprofiter de moments de détente, l’Espace à cet égard est devenu un véritable lieu de rencontres où nous organisons de temps à autre diverses animations. »
Outre les perspectives d’agrandissement de l’équipe, l’Espace souhaiterait accueillir à terme d’autres activités liées au bien-être telles que ladiététique, la relaxation, la prévention du cancer du sein, etc. Des activités qui pourraient voir le jour assez vite puisque l’Espace déménagera en janvier2002 dans des locaux plus vastes et plus appropriés, accessibles aux personnes âgées et handicapées et situés au rez-de-chaussée des locaux du Foyer ixellois,rue du Vivier, un des quartiers les plus pauvres d’Ixelles où les femmes seules avec enfants représentent plus de 50% de la population. « Nous travaillons également àrenforcer les liens avec différentes associations afin qu’elles informent le public de nos activités : maison médicale, CPAS, mission locale pour l’emploi, comité dessans-emploi, aide aux victimes,… »
1 Espace bien-être, rue Malibran 45 à 1050 Bruxelles, tél. : 02 640 76 67, coordinatrice : Maryline Vandaele.

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