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13 % des Belges vivent sous le seuil de pauvreté

Quatorze pour cent des Wallons, 13 % des Flamands et 13 % des Belges vivent sous le seuil de pauvreté fixé en fonction des indicateurs européens, selon une récenteétude du Service des études et de la statistique (SES) du ministère de la Région wallonne.

28-07-2005 Alter Échos n° 147

Quatorze pour cent des Wallons, 13 % des Flamands et 13 % des Belges vivent sous le seuil de pauvreté fixé en fonction des indicateurs européens, selon une récenteétude du Service des études et de la statistique (SES) du ministère de la Région wallonne.

Lors du Conseil européen de Laeken, en décembre 2001, les États membres de l’Union européenne se sont mis d’accord sur une liste commune de dix-huitindicateurs dans le domaine de la pauvreté et de l’exclusion sociale qui, pour la première fois en 2003, illustreront les Plans d’action nationaux sur l’inclusionsociale. Ces indicateurs couvrent quatre dimensions importantes de l’inclusion sociale : la pauvreté monétaire, l’emploi, la santé et l’éducation.

Dans ce contexte, il a paru important à l’auteure2 de l’étude d’évaluer ces indicateurs pour la Belgique et ses régions, afin d’endégager les caractéristiques de l’exclusion sociale. Elle s’est donc concentrée sur les indicateurs monétaires, évalués sur la base de ladernière vague disponible (1999) du Panel communautaire de Ménages (ECHP). À cause d’un échantillon trop réduit, les indicateurs relatifs à Bruxelles n’ontpu être calculés. Les principales conclusions que l’on peut en tirer sont les suivantes :

> Premièrement, le seuil de pauvreté et donc le niveau de vie médian en Belgique est l’un des plus élevés de l’Union européenne (seul leLuxembourg et le Danemark dépassent le niveau belge). Rappelons que c’est le seuil de pauvreté national qui a été utilisé pour calculer les tauxrégionaux.

> Le taux de risque de pauvreté qui donne le pourcentage de personnes ne disposant pas d’un revenu au moins égal à 60 % du revenu national moyen,s’élève ainsi à 13 % en Flandre et en Belgique, à 14 % en Wallonie. Des taux qui se rapprochent de la moyenne européenne (15 %). Parmi les pays aux taux lesplus enviables : la Suède, le Danemark, l’Allemagne, la Hollande et la Finlande. À l’autre extrême : le Portugal, la Grèce, le Royaume-Uni, l’Espagne,l’Italie et l’Irlande connaissent les résultats les moins bons.

> La proportion de personnes dont le revenu est inférieur à ce seuil est légèrement plus faible que la moyenne européenne. De plus, la Flandre connaîtun taux de pauvreté légèrement inférieur (13 % contre 14 %) au taux wallon. Par contre, en termes d’écart par rapport à la ligne de pauvreté,les Wallons « pauvres » ont un revenu équivalent plus proche de la ligne de pauvreté que les Flamands dans cette situation.

> L’analyse de la pauvreté monétaire par type d’individus ou par type de ménage a permis de pointer les difficultés relatives des plus jeunes et des plusâgés, des femmes, des chômeurs, des familles monoparentales et des isolés.

> Les jeunes de 16 à 24 ans et les personnes âgées de plus de 65 ans présentent également un taux de pauvreté particulièrementélevé. Le fait d’être au chômage présente lui aussi un facteur de risque important, multipliant ce risque de pauvreté par 3,5 pour les hommes. Lesemployés, qui connaissent le risque le plus bas, s’en sortent pour leur part plutôt bien.

> Parmi les 14 % de Wallons disposant d’un revenu inférieur à 60 % du revenu national moyen en 1999, 9 % d’entre eux avaient déjà connu une situationfinancière similaire au moins deux fois entre 1996 et 1998.

> Lorsque l’on s’attarde sur la situation avant transferts sociaux, on constate que les taux de pauvreté avant transferts sont assez élevés et que le rôledes transferts est déterminant pour ramener le taux de pauvreté à un niveau inférieur à la moyenne européenne. Par ailleurs, plus ou moins 60 % des pauvresle sont de manière persistante (soit l’année en cours et au moins deux fois lors des trois dernières années). Cette proportion est moins élevée enFlandre (54 %) qu’en Wallonie (64 %).

> Enfin, la distribution des revenus en Belgique est plus égalitaire que la moyenne européenne.

« Au sujet de la pertinence et de la portée des indicateurs retenus au Sommet de Laeken, on peut souligner la richesse de ces indicateurs et l’avantage incontestable en termesde comparabilité qu’a permis la définition d’une liste commune à tous les pays de l’Union européenne, constate Anne-Catherine Guio, auteure del’étude. Toutefois, les indicateurs retenus ont les défauts de leurs qualités : ils sont certes maniables, comparables entre pays et macroéconomiques, ils noienttoutefois le vécu et les conditions de vie des personnes en difficulté au sein de chiffres globaux et abstraits. Comme aide à la décision politique, l’informationcontenue dans ces indicateurs pourrait être utilement complétée par les résultats de recherches microéconomiques ou de terrain. S’il ne devait resterqu’un argument pour encourager cette démarche, il reposerait sur le constat que la plupart des bases de données disponibles connaissent d’énormes difficultéspour prendre en compte l’extrême pauvreté, composée de populations difficilement localisables et interrogeables. »

1. SES, place de Wallonie 1, Bât II à 5100 Jambes, tél. : 081 33 30 50, fax : 081 33 30 55, e-mail : j.vanstraeten@mrw.wallonie.be, www.statistiques.wallonie.be
2. Anne-Catherine Guio, Service des études et de la statistique du ministère de la Région wallonne, Unité des conditions de vie des ménages, courriel : anne-catherine.guio@cec.eu.int

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