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Vers une pénurie de jeunes travailleurs en Flandre

En 2008, le nombre de seniors (plus de 55 ans) au travail dépassera pour la première fois celui des jeunes (moins de 25 ans). C’est ce que démontre une enquêteinter-universitaire sur l’impact de la démographie sur le marché du travail en Flandre.

14-12-2007 Alter Échos n° 242

En 2008, le nombre de seniors (plus de 55 ans) au travail dépassera pour la première fois celui des jeunes (moins de 25 ans). C’est ce que démontre une enquêteinter-universitaire sur l’impact de la démographie sur le marché du travail en Flandre.

L’étude a été réalisée conjointement par le professeur Luc Sels de la KULeuven, Sophie De Winne de la Lessius Hogeschool (Anvers) et Wim Herremans duSteunpunt Werk en Sociale Economie (Steunpunt WSE), à la demande d’Acerta Consult.

Au cours des prochaines années, le nombre de jeunes entrant sur le marché du travail suffira de moins en moins à compenser celui des plus âgés qui quittent cemême marché. L’année prochaine, il n’y aura plus que 98 jeunes (moins de 25 ans) pour 100 seniors (plus de 55 ans). Ce sera la première fois que les seniorssont plus nombreux que les jeunes, mais on n’en restera pas là : les projections pour 2020 donnent pour ces deux mêmes catégories un rapport de 74 à 100.

Il y a dix ans, il y avait 1 240 000 jeunes de moins de 30 ans dans les entreprises flamandes. Ceux-ci ne sont plus que 1 180 000 aujourd’hui et ne représentent plus que 23,2% dutotal des travailleurs, contre 26,5% en 1997. À l’inverse, la proportion de plus de 50 ans est passée de 14,6% à 20,6% au cours de la même période : de 417 000à 667 000. Mais celle-ci varie fortement selon les secteurs. Dans l’administration et l’enseignement, on frôle les 30%. Beaucoup de seniors également dans les banques,l’énergie ou le transport : autour de 25%. Les grands secteurs industriels comme le textile, la métallurgie ou la chimie sont dans la moyenne, autour de 20%. Les domaines les plusjeunes sont le commerce et surtout l’horeca. Dans ce dernier secteur, les moins de 30 ans sont encore aujourd’hui trois fois plus nombreux que les seniors.

Pour évaluer l’impact du vieillissement sur l’emploi, un autre paramètre doit être pris en compte : l’âge du départ à la retraite. Ainsi,c’est dans l’administration que l’on part le plus tard (59,4 ans en moyenne), ce qui atténue un peu le problème. À l’autre bout de l’échelle,le textile où l’âge moyen de la prise de pension est de 55,6 ans. Ainsi, dans ce secteur, environ 18,6 % des personnes actuellement au travail prendront leur retraite dans les cinqannées qui viennent. C’est plus que dans l’administration (16,2 %) mais moins que dans le secteur bancaire (18,9 %), où le problème risque d’être le pluscritique. D’une manière générale, dans le privé, on arrête massivement de travailler vers 56-57 ans.

Les recommandations

Que faire pour se prémunir contre l’impact de ce vieillissement de la population ? Geert Volders, le directeur du commanditaire, Acerta Consult, propose cinq pistes :
– La première est connue : augmenter le taux de travail des seniors, lequel est particulièrement bas chez nous : 31,4 % des plus de 55 ans travaillent encore en Flandre, contre unemoyenne européenne de 43,5 %.
– Optimiser l’arrivée des jeunes sur le marché du travail. Le système des crédits permet aujourd’hui aux étudiants de mieux organiser leursétudes selon leurs desiderata, mais risque de retarder l’âge moyen du début de leur carrière. Il faudrait organiser les études de manière telle que cene soit pas le cas.
– Adapter le travail à l’idée de carrières plus longues. Adapter rythme et contenu du travail pour éviter la démotivation et le burn out ; investirdans la formation continue ; favoriser la mobilité dans les fonctions et une concertation sociale qui ne soit pas seulement centrée sur le niveau de revenus mais sur le bien-êtregénéral du travailleur.
– Investir davantage dans la communication et le coaching de carrière. Et privilégier les promotions internes, plutôt que les recrutements chez le voisin ou le concurrent.
– Veiller au transfert et à la conservation des savoirs. On ne peut pas indéfiniment éviter le départ des anciens, mais il ne faut pas que le savoir-faire del’entreprise se perde à cette occasion. Les plus âgés doivent pouvoir former les plus jeunes, voire devenir les mentors d’un jeune en particulier. Des entretiens oudes travaux de groupe peuvent également servir cet objectif.

D’après De Morgen et De Standaard

Pierre Gilissen

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