Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

SIC are back

Les Services de crise, un peu trop vite enterrés, vont connaître une seconde vie.

11-09-2011 Alter Échos n° 322

Les services de crise (SIC) devaient disparaître, comme l’avait annoncé en avril dernier la ministre de l’Aide à la jeunesse Evelyne Huytebroeck (Ecolo). Ils sont finalementsauvés.

Lorsqu’Evelyne Hutebroeck annonça sa décision relative aux projets expérimentaux lancés en 2009 par Catherine Fonck, certains protestèrent avec virulence. Ils’agissait des bien-nommés « SIC », alias « services d’intervention et de crise » ou « projets crise ». Ces derniers devaientdisparaître, contrairement aux trois autres projets expérimentaux : « séjours de rupture », « lits d’urgence » et Siif, lesServices d’intervention intensive en famille (voir Alter Echos n° 320 : « Mineurs en danger : Y’en a un peu plus, j’vous le mets quandmême » ).

Les SIC avaient été créés pour accueillir de manière rapide et inconditionnelle un public de jeunes en « crise aiguë », évitantainsi un renvoi de patate chaude entre services. Dans Alter échos n° 314, le conseiller de la ministre, Alain Lising, justifiait de cette façon le choix de supprimer lesSIC : « On a le sentiment que les jeunes pris en charge ne répondent pas au profil qui a été défini. Par exemple, 60 % des cas n’ont pas fait l’objetd’une mesure avant de faire appel au service de crise. Il faut aussi dire que la ministre veut mettre le pied sur le frein à la spécialisation des services. »

Connaît pas la crise

Définition de la crise dans l’Aide à la jeunesse : une situation de crise vécue par un système familial est une situation immédiatement nouvelle qui estprésente au sein d’une famille et pour laquelle celle-ci n’arrive pas à faire face avec ses moyens habituels (retour de fugue, suspension scolaire, reconfiguration de la famille,décès, comportements inadaptés…). La situation de crise génère souvent au sein des familles […] des difficultés telles que le système[…] s’en trouve mis à mal.

« Les SIC connaîtront une deuxième vie »

Ces services de la dernière chance ont bien des partisans, notamment chez les autorités mandantes qui apprécient le côté rapide des interventions, évitantces longs délais d’attente dus à l’engorgement des autres services. De plus, les dirigeants de SIC se sont défendus pour ne pas tomber dans l’oubli. Ils ont avancé leursarguments : cette aide éducative intensive dans de brefs délais, dans un moment « fort » pour le jeune et sa famille – violence, bouleversementémotionnel – devient un moment extrêmement « mobilisant ».

A force de discussions et de débats qu’on imagine enflammés, les SIC ont obtenu gain de cause, ils connaîtront une deuxième vie. Le cabinet d’Evelyne Huytebroeck l’aannoncé début septembre aux services concernés. Est-ce un aveu de faiblesse ? Une tentative de ménager la chèvre et le chou ? Alain Lising explique ce qui amotivé ce changement : « En avril, la ministre avait constaté que le profil des situations prises en charge n’était pas un profil de crise. Mais les mandants ontmis l’accent sur l’importance de services qui interviennent rapidement, de manière intensive et brève (trente jours maximum). Nous nous sommes donc réunis avec les services etl’interfédération pour voir, avec le budget disponible, ce que nous pouvions mettre en place. » On ripolinera donc le tout en changeant probablement le nom de ces structures,mais elles perdureront.

Olivier Body, directeur de Cap Nord1, l’un de ces quatre SIC 2, se dit « globalement satisfait car les services ne sont pas supprimés. La ministre afinalement pris en compte l’intérêt des SIC vu qu’elle veut les étendre à tous les arrondissements. Néanmoins, nous devrons faire un effort supplémentaire caravec ces mêmes moyens nous devrons couvrir toute la Communauté française. » Il se pourrait cependant que la formule change, du moins à la marge. En plus desservices de crise, certains services plus généralistes, des Services d’aide et d’intervention éducative (SAI) par exemple, pourraient créer en leur sein quelques placesdites « de crise ». C’est ce qui se fait déjà à Cap Nord, rattaché au SAIE Chanmurly Nord. Toutefois, les discussions restent ouvertes.

1. Cap Nord :
– adresse : rue Vivegnis, 10 C à 4000 Liège
– tél. : 04 227 57 35
2. Les quatre SIC : Cap Nord et Eclipse à Liège, Le Serm à Namur et Impact à Tournai

Cédric Vallet

Cédric Vallet

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