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Regard critique · Justice sociale

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 » Dis, tu crèches où ? « , un parcours pour lancer la campagne de  » Vivre Ensemble  » sur le droit au logement

À Droixhe, les locataires attendent l’ascenseur social. à Saint-Léonard, le soleil n’éclaire plus les impasses. En Pierreuse, les habitants moinsaisés sont partis. L’asbl Vivre Ensemble1 interpelle les autorités politiques avec une pétition.

13-01-2006 Alter Échos n° 200

À Droixhe, les locataires attendent l’ascenseur social. à Saint-Léonard, le soleil n’éclaire plus les impasses. En Pierreuse, les habitants moinsaisés sont partis. L’asbl Vivre Ensemble1 interpelle les autorités politiques avec une pétition.

La Wallonie compte 102.000 logements sociaux et 45.000 familles sur la liste d’attente :  » Au rythme de 800 constructions par an, la demande sera résorbée… dans 50 ans », remarque Paul Rixen, responsable de l’association Vivre Ensemble. Le parcours  » Dis, tu crèches où ? « , organisé à Liège par l’asbl pour lancer sacampagne sur le droit au logement, débutait devant le premier des cinq buildings, à rénover de l’avenue Truffaut de Droixhe. En face, les cinq tours vides de l’avenuede la Croix-Rouge semblaient narguer les 3.000 familles liégeoises candidates pour un logement social, a rappelé Jean-Paul Chaballe, coordinateur liégeois des projets de VivreEnsemble. Droixhe compte des habitants originaires de 55 pays, dont 82 % hors Union européenne. Pierre Demeuse, président de l’association des locataires du complexe, s’estinsurgé contre le rappel des origines :  » Les enfants sont belges « , en martelant aux promeneurs que  » la cité n’est pas une cocotte-minute française  » :  » Vousn’avez pas encore été agressés « . Durant la balade à Liège, Vivre Ensemble a pointé du doigt le sordide caché – sans toutefois inviter les gensà entrer dans les logements :  » Il ne s’agit pas de la visite guidée d’un zoo. « 

Droixhe : comme dans un bus

Dans les années 1960, Monique Cordewiener a vu les radieux buildings pousser :  » La carte d’identité n’efface pas la culture. Il faut du temps pour une cohabitationconviviale. Aujourd’hui, les gens se disent bonjour et renvoient un sourire. Des personnes aigries gardent une crainte des jeunes.  » L’ambiance ?  » Dans un bus, cela dépend duchauffeur, et dans une tour, le climat change avec le concierge.  » L’entrée d’un immeuble équipé pour personnes à mobilité réduite aété saccagée plusieurs fois :  » Je ne dirai pas où. Il faut valoriser les habitants.  » Une famille avec cinq enfants paie un loyer de 130 euros… et des charges de236 euros  » pour des parlophones, ascenseurs et chauffage déficients « . Le chantier de requalification (NDLR : les six buildings Truffaut Libération, jusque fin 2008) est très -trop – long.  » Les gens attendent et ils espèrent « .

Saint-Léonard et Pierreuse : naufrage spéculatif

Dans les impasses et cours derrière les immeubles à front de voirie de Saint-Léonard, les logis, parfois 10 sonnettes pour les 10 chambres dans une maison vétustecafardeuse, ont été bâtis au cours du boom industriel du XIXe siècle. À 50 mètres de l’entrée fournisseurs d’un hôtel 4étoiles, une sordide impasse sans nom mène à des taudis immondes. Les hauts buildings, construits dans les années 1970 sur le quai Saint-Léonard, ont jetédans l’ombre les cours et impasses auparavant ensoleillées. Vivre Ensemble craint la requalification des artères principales sans le gel de la spéculation :  » Larénovation dans les rues Saint-Léonard et Vivegnis décolle. Mais le potentiel architectural déplace la ceinture de pauvreté sur la rive droite (Droixhe, Amercoeur,Longdoz, Grivegnée), dépourvue de maisons esthétiques. Saint-Léonard ne sera plus un faubourg social. En Pierreuse, le succès urbanistique et la spéculation(dans un quartier toutefois voué jadis à devenir une bretelle d’autoroute) ont engendré le déménagement des moins aisés. « 

La débrouille

Quid du centre-ville ? L’agence immobilière sociale, à l’angle Féronstrée-Velbruck,  » manque de personnel  » pour récupérer les 900 des 1.500appartements vides au-dessus des commerces : pour Paul Rixen,  » c’est une question de moyens – et donc de volonté.  » La loi Onkelinx sur la possible réquisition des logementsvides fut un flop  » sauf à Florennes », rappelle Jean-Paul Chaballe.  » Des villes et communes auraient dû réquisitionner leurs propres bâtiments publics non entretenus. « Reste la taxation, de 100, puis 150 euros/m2, sur les immeubles non occupés. Liège compte 7.500 logements sociaux, 3.000 requêtes et 200 SDF.  » La moitié des SDFne se dirigent pas vers les abris de nuit, témoigne Laurence Legras, assistante sociale au GADL (Groupe d’action Droit au logement): ils ont un chien ou refusent la proximité desdortoirs collectifs. Alors, c’est la débrouille : squat, canapé d’un copain. Et beaucoup marchent toute la nuit… « 

1. Vivre Ensemble asbl – tél. : 04/229 79 46 – courriel : liege@entraide.be

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