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Regard critique · Justice sociale

A l’initiative de la FIFAD1, des commerçantes africaines de Bruxelles se sont réunies ce 21 avril autour du thème de leur « pouvoir économique ».
Leur objectif est de dépasser l’idée qui a cours dans l’esprit européen et fait de la femme africaine une personne paresseuse seulement capable d’émarger au CPAS.
« Les femmes sont le moteur invisible de la vie économique dans la société zaïroise », rappelle Mme Tschika, Vice-présidente de la FIFAD. « Lorsque les hommes perdentleur emploi, elles continuent à vendre de petits objets ou des denrées sur les marchés. Le phénomène est le même ici en Belgique. La plupart des Zaïroisqui vivent ici sont arrivés avec le statut temporaire d’étudiant étranger boursier. Lorsque ce statut prend fin, leurs femmes ont trouvé des jobs et ont peu à peurepris la place informelle qu’elles occupaient déjà dans l’économie locale au pays ».
Cependant, en Belgique, elles doivent affronter des difficultés économiques et administratives dont les effets se renforcent. Elles doivent mettre tous leurs papiers en règlesans pouvoir retourner dans leur pays : carte de séjour, permis de travail, accès à la profession (dans l’Horeca en particulier). Résultat : difficulté d’obtenirdes crédits bancaires, insuffisance du capital de départ qui doit être rassemblé, d’où risques d’illégalité, voire de clandestinité.
Pour ce qui est du quartier ixellois de Matonge, un service communal de médiation2 vient en aide à ces commerçantes, notamment dans leurs démarches auprès del’office des étrangers, « pour autant qu’il ne s’agisse pas de réfugiées clandestines, explique Mme Kafuka, médiatrice, auquel cas nous ne pouvons rien faire ».
Une fois ces obstacles franchis, reste à affronter la concurrence : non seulement celle des autres commerces, mais aussi celle des petits négociants illégaux, moins chers, quis’installent sur les trottoirs, et vis-à-vis desquels elles n’osent rien faire.par crainte de représailles. Or le pouvoir d’achat des clients diminue : une bonne partie vient duZaïre pour se fournir à Bruxelles, liant directement chiffres d’affaires et intensité de la concurrence aux aléas de la conjoncture zaïroise.
Dans ces circonstances a été lancée l’idée Matonge. Le projet devrait prendre corps d’ici la fin de l’année.
Du côté de la FIFAD, des pistes sont également poursuivies : journées de formation sur le micro-crédit, sur le redéfinition de la clientèle (belge etpas seulement africaine).
1 Fondation Internationale de la Femme Africaine pour le Développement, rue du Méridien 10 à 1210 Bruxelles, tél. 02/229 38 51.
2 Service de médiation de la Commune d’Ixelles, Chée d’Ixelles 168 à 1050 Bruxelles, tél. 02/511 90 84p>

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