Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Anvers : bilan encourageant pour la « parentalité positive »

En province d’Anvers, depuis cinq ans, tout le secteur de l’aide à l’enfance fonctionne au rythme du Triple P, ou Positive Parenting Program, une vision éducative venued’Australie.

22-02-2011 Alter Échos n° 310

En province d’Anvers, depuis cinq ans, tout le secteur de l’aide à l’enfance fonctionne au rythme du Triple P, ou Positive Parenting Program, une vision éducative venue d’Australie.Et selon l’Université d’Anvers, les résultats sont là.

Les autorités provinciales ont lourdement investi dans ce projet : 454 personnes – assistants sociaux, généralistes, collaborateurs des Centres d’encadrement pourélèves (CLB)… – travaillant pour 241 organisations différentes, ont reçu une formation au triple P. Quès acco ? Il s’agit d’une philosophie del’éducation mise au point depuis au cours de ces vingt-cinq dernières années par le Parent and Family Support Centre de l’Université du Queensland en Australie. Uneméthode douce pour défaire les cercles vicieux qui peuvent détériorer les relations au sein d’une famille, en veillant à ce que les enfants baignent dans unenvironnement stable, soutenant et chaleureux réglant les problèmes de manière positive, conséquente et décidée tentant de prévenir lesproblèmes les situations difficiles prenant soin de soi en tant que parent.

Depuis 2007, tous les infirmiers et les assistants sociaux de Kind en Gezin ont suivi les formations et ont largement contribué à l’extension de la méthode au niveau de laprovince. Le principe est que le Triple P peut s’appliquer à toutes les familles. Mais est-il vraiment utile que les parents sachent quelle est la méthodologie utilisée ? Oui,selon le pédopsychiatre Dirk Deboutte, qui a coordonné la mise en place du projet dans la province. « A partir du moment où la méthodologie a un nom, lesparents peuvent faire des recherches par eux-mêmes, par exemple sur Internet, et peuvent voir qu’elle ne sort pas de nulle part mais qu’elle repose au contraire sur des bases scientifiquementétablies. »

Chez Kind en Gezin, on abonde dans le même sens. L’organisation avait tenté en 2002 de mettre en place son système propre de consultants en éducation, « maislorsque nous avons procédé à une évaluation trois ans plus tard, il s’est avéré que pratiquement personne n’avait entendu parler de notre initiative. Or, lanotoriété est indispensable pour atteindre un résultat. »

Au total, 20 000 familles ont été impliquées d’une manière ou d’une autre, qu’elles aient assisté à une conférence sur le sujet, pris partà une formation collective ou consulté de manière individuelle. Selon un sondage, un habitant de la province sur trois a entendu parler du triple P. Et selon le rapportd’évaluation de l’Université d’Anvers, ça marche : après intervention, 8 % des personnes se trouvaient moins dépressives qu’avant, 7 % moinsanxieuses et 11 % moins stressées. Mais les résultats sont aussi positifs dans les cas les plus difficiles : parents précarisés, familles monoparentales, parentsavec un handicap mental habitant en milieu encadré avec leurs enfants…

Prévention

Toutefois, l’aspect prévention reste essentiel. Dirk Deboutte : « Avec le Triple P, nous tentons, à titre préventif, d’agrandir le groupe des familles qui vontbien. » Car si la Communauté flamande offre un large éventail de formes d’aide individuelle et spécialisée, « la demande ne fait que croître etseule une approche globale permet d’inverser la tendance. C’est comme pour les campagnes de santé publique. Pour réduire le nombre d’infarctus du myocarde, c’est l’ensemble de lapopulation qu’il faut sensibiliser au manger sain, et inciter à faire du sport et à arrêter de fumer. »

Et concrètement, comment ça marche ? « Nous n’imposons rien », explique Tat Vervoort, responsable d’équipe pour Kind en Gezin à Anvers-Nord.« Nous examinons le problème avec les parents : qu’est-ce qui est important à leurs yeux et que veulent-ils voir changer ? Et nous nous attelons à lerésoudre avec eux. Un jour, une mère de famille défavorisée m’a expliqué que plusieurs assistants sociaux étaient passés chez elle et lui avaientexpliqué qu’elle devait jouer avec son enfant. Mais aucun d’entre eux ne lui avait expliqué comment faire. » La conseillère familiale Bettoul Benassou confirme :elle se retrouve parfois à table à faire un puzzle ou par terre en train d’assembler des cubes. « J’essaie alors d’impliquer les parents et, à force, ils finissent parse rendre compte que ça leur apporte aussi quelque chose d’être ensemble de cette façon. »
Il y a 131 280 familles avec des enfants de moins de 12 ans en province d’Anvers. Au total, le Triple P ne coûte que 5,44 euros par enfant et par an.

D’après De Morgen et De Standaard

Pierre Gilissen

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)