Le Covid-19 affecte l’humain. Mais, comme la plupart des maladies infectieuses, il s’agit au départ d’une zoonose, à savoir une maladie d’origine animale, qui a émergé dans un contexte favorisant sa propagation. Depuis les années 2000, des scientifiques essaient de penser cette interface humain-animal-environnement. Si l’écho politique à ce concept «one health» reste faible, il apparaît pourtant comme indispensable pour prévenir de prochaines flambées pandémiques.
En médecine, le débat date de l’Antiquité et a perduré jusqu’à Pasteur et au-delà: est-ce l’environnement, l’alimentation, Dieu ou l’individu qui détermine le plus les probabilités de tomber malade? «Cela part de l’observation que, lors d’une épidémie, tout le monde n’est pas infecté», explique Éric Muraille, chercheur FNRS en immunologie (ULB). Avec le développement de la vaccination et des antibiotiques, c’est l’individu qui s’est mis à occuper presque exclusivement le devant de la scène: la protection individuelle est devenue la base de la protection collective. Mais les vétérinaires, eux, demeuraient face à un constat têtu: l’homme a beau se penser comme une espèce à part, 58% des 1.400 pathogènes susceptibles de l’infecter étaient et restent d’origine animale. La profession développe alors le concept «one health», un outil permettant de penser les interactions entre santé animale, qualité de l’environnement et...