Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Sambreville, toujours à l'écoute des primo-arrivants

Sambreville aide les primo-arrivants à se familiariser avec les services locaux

06-02-2011 Alter Échos n° 309

Afin d’aider les primo-arrivants à se familiariser avec les services locaux, Sambreville organise des « journées interculturelles d’accueil et d’accompagnement desservices à Sambreville pour les primo-arrivants ».

Les sans-papiers focalisent sans doute l’attention des pouvoirs publics, mais les primo-arrivants ne sont pas tous des sans-papiers et, inversement, une personne en séjourillégal n’est pas toujours un primo-arrivant. Du coup, il existe souvent une certaine confusion dans l’opinion publique lorsqu’on évoque l’importance d’unaccueil professionnel et récurrent à destination des primo-arrivants en Belgique. Ceux-ci proviennent certes de milieux extrêmement diversifiés, ils n’en partagent pasmoins les mêmes difficultés dès leur arrivée sur le territoire belge : absence de maîtrise suffisante d’une des langues nationales (français,néerlandais ou allemand), méconnaissance des institutions belges, problème de reconnaissance des équivalences des diplômes et donc d’accès àl’emploi, difficulté à trouver un logement décent pour loger sa famille.

Quand la régularisation fait peur…

Le douloureux dossier de la régularisation des personnes en séjour illégal en Belgique continue d’empoisonner la vie de différents acteurs sur le terrain (police,justice, politique, association). L’annonce par la presse flamande d’un « chiffre record de régularisations en 2010 » (21 078 en novembre et 23 à24 000 régularisations attendues pour clôturer l’année) provoquera sans doute un durcissement des discours politiques et des procédures administratives. Cedurcissement compliquera l’accès au titre de séjour, mais dans le but de sortir le pays de la spirale aspirante des vagues migratoires à travers le monde tout en provoquantau passage des désastres sociaux collatéraux.

Afin d’aider les primo-arrivants à se familiariser avec les services locaux, le Plan de cohésion sociale de Sambreville – située en province de Namur – aorganisé, en collaboration avec le Centre d’action interculturelle (CAI) de la province de Namur, le CPAS de Sambreville et une série d’acteurs locaux, mi-octobre 2010, deux «journées interculturelles d’accueil et d’accompagnement des services à Sambreville pour les primo-arrivants ». Ce n’est pas la première fois que Sambreville semobilise pour promouvoir « l’ancrage local durable » des primo-arrivants puisque les acteurs locaux comptabilisaient déjà la quatrième édition de cetteexpérience qui semble être un vrai succès auprès du public cible. « Nous avons envoyé une invitation cordiale à tous les primo-arrivants de Sambrevilledepuis 2009. On en dénombre cent-soixante. Le succès est là. On a plus de monde au fil des années et puis le bouche-à-oreille fonctionne bien. Les primo-arrivantsse connaissent souvent entre eux donc si l’un d’entre eux franchit le pas, il en entraîne d’autres avec lui, c’est bénéfique pour nous et pour eux. (…) C’est d’ailleurs lapremière année que l’on organise deux journées. Les primo-arrivants qui décident de venir s’offrent un tremplin et font office de guide pour les autres qui font lesdémarches à leur tour », précise Marie-Rose Patinet, chargée de projets alphabétisation et interculturel au sein du Plan de cohésionsociale1, dans un entretien accordé quotidien du groupe wallon L’Avenir.

Une méconnaissance des services

Ces journées « d’accueil et d’accompagnement » au sein des infrastructures locales ont été créées à l’initiative desopérateurs sociaux qui constatent que beaucoup parmi les primo-arrivants ne connaissent pas les services de proximité mis à leur disposition. Le sujet occupeparticulièrement ces opérateurs puisque Sambreville est la deuxième ville de la province de Namur en termes de population (27 170 habitants) et de populationétrangère (2 456 personnes), Namur étant la première. Soixante-sept nationalités sont représentées dans cette petite localité où ledéfi interculturel semble bien réel puisqu’en 2007 un tiers des dossiers ouverts à la médiation interculturelle de Sambreville concernaient des personnesprimo-arrivantes. La rapide naturalisation des étrangers indique un solde migratoire négatif pour Sambreville mais l’administration décode quand même certainestendances sur base des dernières statistiques : « La population chinoise est en augmentation, ainsi que les Russes, les Turcs et les ressortissants de l’Afrique subsaharienne.Tandis qu’Italiens, Français et Espagnols restent majoritaires et stables. »

Concrètement, tout primo-arrivant résidant à Sambreville reçoit d’abord une invitation à participer aux deux journées en question. Lapremière journée est consacrée à l’accueil où les personnes sont officiellement accueillies par les autorités communales (mandataires etfonctionnaires) pour écouter quelques discours très officiels et ensuite pour avoir l’opportunité de faire connaissance de manière plus informelle autour d’unpetit déjeuner équitable.

La deuxième journée « d’accompagnement » se résume à l’organisation de plusieurs visites guidées au sein des structures localesoffrant des services particuliers aux primo-arrivants : centre d’alphabétisation, centre d’animation, centre d’aide public, centre d’insertion socioprofessionnelle,centre de planning familial… Sans fournir les chiffres, le Centre d’action interculturel de la province de Namur déclare que « le nombre de participants augmente chaqueannée. Tant et si bien que l’organisation est sans cesse revue, avec davantage de services visités chaque année. »

Un plan local d’intégration

Amélie della Faille (CAI)2 indique en outre « qu’un plan local d’intégration commence à se développer grâce à la collaborationde tous : services, associations et villes. C’est un plan où les partenaires vont s’associer pour que les actions d’intégration des personnes étrangèreset d’origine étrangère tiennent compte de la complexité des personnes et de la complexité de l’intégration. Car s’intégrer ce n’estpas avoir accès aux droits, s’intégrer c’est jouir pleinement de ses droits et prendre sa place en tant que citoyen, dans la vie sociale, la vie économique, la vieassociative, la vie de son quartier. »

Sambreville a le mérite de réitérer chaque année cette expérience réussie de communication spécifique à l’égard d’unpublic cible réguli&egrave
;rement ignoré par d’autres pouvoirs publics mais la commune osera-t-elle franchir le cap de l’interculturalité en impliquant le «Wallon ordinaire » dans l’accompagnement du primo-arrivants dans la gestion des affaires publiques de la cité ? Réponse à la cinquième édition fin2011…

1. Marie-Rose Patinet, chargée de projets alphabétisation et interculturel – Plan de cohésion sociale Sambreville, Grand’Place, 1 à 5060 Sambreville –tél. : 071 26 03 12 – site : www.sambreville.be
2. Centre d’action interculturelle de la province de Namur :
– adresse : rue Docteur Haibe, 2 à 5002 Saint-Servais (Namur)
– tél. : 081 73 71 76
– site : www.cainamur.be

Mehmet Koksal

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