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Regard critique · Justice sociale

Réforme des classes passerelles : un décret qui sait se faire attendre

La plate-forme Mineurs en exil interpelle la ministre de l’Enseignement sur le projet de révision du décret sur les classes passerelles. Son cabinet répond.

10-05-2010 Alter Échos n° 294

Alter Échos l’annonçait en 2009, le décret sur les classes passerelles allait être modifié. Mais depuis, pas grand-chose de nouveau et le secteurs’impatiente.

Tout semblait enfin sourire aux classes passerelles. La nécessité de modifier le décret de 2001, inadapté à la réalité de terrain, avaitété entendue par la ministre de l’Enseignement, Marie-Dominique Simonet (CDH). Si le travail des classes passerelles, dont le but est de favoriser l’intégration scolaire desprimo-arrivants par l’apprentissage du français, est unanimement salué, des problèmes de taille existent dans la pratique quotidienne. Le cabinet de la ministre de l’Enseignementen avait pris conscience et déclarait l’an passé : « Le gouvernement de la Communauté française présentera un projet de décret proposant descritères de sélection mieux adaptés aux réalités de terrain. » Mais depuis, plus rien, silence radio, c’est du moins ce qu’affirme un secteur quis’impatiente.

En janvier, la plate-forme Mineurs en exil1 a proposé à différents acteurs clés de participer à un groupe de travail sur les classes passerelles, afind’aiguiller la ministre dans sa réflexion relative à une réforme du décret. Ce groupe de travail, composé – entre autres – du campus Saint-Jean, duService droit des jeunes ou du centre pour Mena d’Assesse, a envoyé une liste de recommandations à la ministre. Une lettre restée sans réponse, affirme le groupe detravail.

Le ravalement du décret, proposé par ce collectif, n’est pas que de façade. Alain Clignet, coordinateur des classes passerelles au Campus Saint-Jean et qui parle au nom de laPlate-forme, nous rappelle quelques exigences : « Le gros problème vient du critère de nationalité. Certains élèves n’ont pas accès auxclasses passerelles car ils proviennent de pays trop « riches ». Ainsi, un règlement centré sur le pédagogique introduit des conditions économiques et crée unediscrimination entre élèves. »

Autre pierre d’achoppement, la définition de primo-arrivant qui exclut parmi les aspirants aux classes-passerelles ceux qui ont passé un an sur le territoire belge. Pour AlainClignet, « lorsqu’un jeune a passé sa première année en Flandre et qu’il débarque à Bruxelles, il n’a plus droit de rattraper son retard enfrançais ». Dans ce dernier cas de figure, le groupe de travail réclame un assouplissement de la règle. Les différentes organisations estiment aussi qu’il estimportant d’assouplir la durée maximale des cours en classes passerelles, actuellement limitée à un an. Dans certains cas, souligne Alain Clignet, « cette duréeest trop courte, notamment pour les analphabètes. Pour ces derniers, nous réclamons une extension à vingt mois de cours. »

D’autres points sont abordés pêle-mêle par notre interlocuteur : limitation à quatorze ou seize élèves par classe, titularisation des professeurs ouencore création d’un poste de coordinateur pour les établissements accueillant des classes passerelles.

Une révision effective pour la rentrée 2011

Du côté du cabinet de Marie-Dominique Simonet2, on nuance un peu les assertions de la plate-forme Mineurs en exil. C’est Marianne Tilot, conseillère de la ministrequi saisit la balle au bond : « Nous sommes régulièrement en contact avec ces acteurs, et leurs recommandations viennent conforter une réflexion que le cabinet adéjà eue. Notre intention est bien de réviser le décret, mais si l’on souhaite un succès, il faut du temps : il faut consulter largement, les représentantsd’écoles, les conseils généraux du primaire et du secondaire. Notre objectif est une mise en œuvre d’un décret révisé pour la rentrée 2011. Enattendant, nous favoriserons les assouplissements sur le terrain, pour soutenir les professeurs et les équipes pédagogiques. Nous voulons collaborer avec le secteur mais, concernant lesdemandes de la plate-forme Mineurs en exil, nous ne pourrons pas proposer exactement toutes les modifications qu’ils réclament car il y a d’autres enjeux, notammentfinanciers. »

Le décret sur les classes passerelles finira probablement par être modifié. Mais les débats, eux, ne font que commencer.

1. Plate-forme mineurs en exil :
– adresse : rue du Marché aux poulets, 30 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 210 94 91
– site : www.mineursenexil.be
– courriel : mineursenexil@gmail.com
2. Cabinet de Marie-Dominique Simonet, ministre de l’Enseignement obligatoire :
– place Surlet de Chokier, 15-17 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 801 78 11
– courriel : marie-dominique.simonet@cfwb.be

Cédric Vallet

Cédric Vallet

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