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Regard critique · Justice sociale

Santé mentale

Positive Agritude: des patients psychiatriques à la ferme

Le Centre hospitalier spécialisé l’Accueil (CHSA) de Lierneux en province de Liège a créé un réseau de partenaires actifs dans l’agriculture, l’horticulture et l’environnement. Leur mission? Accueillir des patients psychiatriques chroniques pour partager le travail à la ferme.

Le Centre hospitalier spécialisé l’Accueil (CHSA) de Lierneux en province de Liège a créé un réseau de partenaires actifs dans l’agriculture, l’horticulture et l’environnement. Leur mission? Accueillir des patients psychiatriques chroniques pour partager le travail à la ferme.

Intitulé «Positive Agritude», ce projet s’inscrit dans le cadre du programme wallon de développement rural et fait partie de sept initiatives retenues qui visent l’intégration sociale en milieu rural dans le sud du pays. Au total, 240 patients pourront participer à Positive Agritude. En fonction de leur niveau d’autonomie et de leurs souhaits, le bénéficiaire sera dirigé vers l’exploitation agricole la plus adaptée. «Un patient qui souffre d’une maladie mentale est un patient qui a d’abord besoin d’être réintégré dans une vie la plus normale possible, explique la directrice du CHS, France Dehareng. Amener le patient à une activité régulière, à caractère professionnel, lui permet d’avoir un rythme de vie, de reprendre confiance en lui, de retrouver une certaine autonomie…» Il s’agirait d’un partenariat où tout le monde est gagnant. «À une époque où de plus en plus de fermes familiales doivent faire face à des problèmes de viabilité, ce partenariat est une autre manière d’entreprendre en intégrant une composante durable à l’agriculture: les soins de santé et l’éducation.»

L’objectif est de remettre au travail une trentaine de patients et de créer un réseau d’au moins 15 partenaires.

Le projet démarre avec cinq exploitations agricoles, dont une ferme sur la permaculture et un forestier. «Mais nous espérons accueillir d’autres partenaires afin de pouvoir offrir un panel d’activités les plus adaptées et permettant une gradation dans l’investissement individuel du patient et de l’exploitant agricole. Investissement qui pourrait à beaucoup plus long terme se poursuivre vers une réflexion d’entreprise de travail adapté multisite.» L’objectif est de remettre au travail une trentaine de patients et de créer un réseau d’au moins 15 partenaires. Pour favoriser la mise en place de projets et la constitution de ce réseau rural, une cellule est composée de deux personnes chargées de la prospection de partenaires, du suivi et développement des activités avec les partenaires, de la recherche d’insertion pour de nouveaux bénéficiaires ou encore d’organiser des réunions de suivi bénéficiaire-accueillant.

Une pratique d’il y a… 130 ans

Parmi les exploitations, l’écocentre la Ferme du Mafa à Manhay prendra en charge deux ou trois patients plusieurs jours par semaine en fonction des saisons et de leur intérêt. «L’idée, c’est qu’ils donnent un coup de main dans les travaux de la ferme. Ce sera très large en réalité: on pourra les former au maraîchage par un apprentissage sur le terrain ou encore leur montrer comment s’occuper des ânes qui nous aident au quotidien à la ferme…», explique Coline Vanleys, en charge de l’accueil des patients du CHS à l’écocentre. «Cela leur permet de passer leur journée en dehors du cadre hospitalier. De se retrouver avec d’autres personnes. Puis c’est l’occasion de retisser un ancrage local. C’est une forme de réinsertion sociale par le travail qui, si elle leur plaît, pourrait devenir un quotidien, en travaillant la terre.»

Avec ce projet, le CHS de Lierneux revient aussi à ses origines. «Depuis 1884, nous organisons du placement de patients en famille d’accueil. La plupart aidaient aux travaux de la ferme. Plus de 130 ans après, ces patients ont pu de moins en moins participer aux travaux de la ferme. Le patient est toujours hébergé en famille d’accueil, mais revient passer sa journée à l’hôpital. L’objectif de réinsertion est perdu. C’est une opportunité de réactiver ce qui existait autrefois.»

Pierre Jassogne

Pierre Jassogne

Journaliste (social, justice)

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