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Regard critique · Justice sociale

Petite soupe pour allier social et bio

Les Uns et les Autres, restaurant social installé à Molenbeek, mène des actions pour sensibiliser son public au manger sain. Potager bio, spectacle de théâtre,conférences et ateliers se succèdent.

27-08-2009 Alter Échos n° 278

Les Uns et les Autres1, restaurant social installé au cœur de la commune populaire de Molenbeek, mène depuis plusieurs mois des actions pour sensibiliser son publicau manger sain. Potager bio, spectacle de théâtre, conférences et ateliers se succèdent.

Mercredi 26 août, le restaurant social Les Uns et les Autres de Molenbeek organise une représentation théâtrale d’un genre un peu particulier. Geneviève Wendelskiet Lénaïc Eberlin, les deux comédiens du spectacle itinérant Sur le bout de la langue, se produisent en effet en plein réfectoire à l’heure dudîner, avec comme accessoire scénique principal une casserole posée sur une taque électrique. Pendant une heure, les habitués du resto apprécient le conte quinarre les aventures du professeur Sprütz et de son assistante Marie, combattants improbables de la qualité de vie et du manger sain dans un futur incertain, situé àSessibonville où l’on ne mange plus que du « Nourivite », produit sans saveur aux effets secondaires inattendus. À la fin du spectacle, la soupe bio qui a cuitdans la casserole accessoire est servie au public, alléché par le fumet qui s’est progressivement répandu dans la salle au fil de la pièce.

Rencontre, papote et manger sain

« Ce spectacle fait partie d’une démarche globale de sensibilisation de notre public au manger sain et à la nourriture bio », explique André Vande Perre,coordinateur du restaurant. Nous avons obtenu un subside du SPF Intégration sociale pour lancer un potager bio et mener diverses actions de sensibilisation, explique-t-il. Avec trois objectifsprincipaux : un aspect pédagogique, un objectif de convivialité et un autre de participation du public à l’action. » Longeant le magnifique bâtimentfraîchement rénové qui occupe le restaurant social ainsi que d’autres associations à vocation sociale, le potager a naturellement trouvé sa place, proche del’entrée. Il semble incontestablement être devenu un joli lieu de rencontre et de papote. La sensibilisation du public se fait lentement mais sûrement, mais pas au point desusciter une participation massive du public à l’entretien du potager. En fait, seule deux personnes assurent pour le moment le travail, bénévolement, dont Sunny, nigerian endemande de régularisation de séjour, tout heureux de pouvoir s’inscrire dans ce projet, lui qui est diplômé en horticulture dans son pays d’origine.

La subvention ponctuelle d’un an qui soutient le projet s’arrêtera fin 2009, mais André Vande Perre est certain qu’il pourra se poursuivre, en mobilisant les bonnes volontés.« À terme, nous voulons même aller plus loin et, par exemple, devenir un dépôt pour des producteurs de fruits et légumes bio qui accepteraient de vendreà des prix accessibles leurs produits. Nous voudrions également utiliser beaucoup plus de produits bio dans nos préparations. Et tout cela rejoint une réelle demandepuisque, au départ, nous avons eu l’idée de faire un potager bio sur la base d’une préoccupation d’usagers, suivant la logique ‘si nous ne pouvons nous payer du bio, faisons-lenous-même’ ».

Le restaurant social lui même est un projet récent. Lancé en 2004 par la mission locale de Molenbeek, sur la base surtout d’un projet d’insertion socioprofessionnelle (offrirdes débouchés pour du personnel sous article 60 en formation professionnelle de commis de cuisine et commis de salle), le restaurant va prendre une réelle ampleur lors de soninstallation en août 2007 dans ses nouveaux locaux, situés à proximité de la chaussée de Gand, au cœur de Molenbeek. « Depuis ce moment, nousservons tous les jours une centaine de couverts à un public assez diversifié, même s’il est surtout composé de personnes relativement âgées. »

La politique du restaurant est d’accueillir tout le monde de prime abord et de vérifier de manière douce que les personnes sont bien en état de besoin. Si 85 % du publicpeut prétendre à un statut Omnio et est donc clairement défavorisé, 15 % sont composés de personnes travaillant dans le quartier qui viennentrégulièrement y manger et passer leur temps de midi. Les habitués, issus des différents types de publics, des personnes décrochées socialement et des actifs,finissent en général par nouer des contacts. Une réelle victoire vu l’objectif de réinsertion globale que poursuit le restaurant et la tendance marquée aucloisonnement des univers sociaux dans les grandes villes.

1. Les Uns et les Autres :
– adresse : rue Comte de Flandre, 13 à 1080 Bruxelles
– tél : 02 410 09 60
– courriel : lesunsetlesautres@skynet.be
– site : http://www.lesunsetlesautres.be

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