Alter Échos: En préparant cette interview, j’ai été frappé par le paradoxe des recherches complexes au regard de la simplicité des conseils donnés en conférence pour vivre vieux: bien manger, se reposer, jeûner, faire du sport… On dirait un coach de vie.
Éric Verdin: Il n’y a pas de paradoxe. Beaucoup de gens attendent un médicament pour vivre longtemps tout en menant une vie qui n’est pas très saine. On y travaille, et on a des indications qu’il existe des médicaments qui augmenteront bientôt l’espérance de vie. Mais un élément qui émerge des travaux sur l’espérance de vie, c’est que l’influence du style de vie est bien plus grande que le rôle des gènes. Il détermine 93% de votre longévité! Cela paraît évident de dire «il faut dormir», «ne pas trop manger», «ne pas fumer», mais la question qui est beaucoup moins évidente, c’est comment? Pourquoi? Quels sont les déterminants majeurs d’un vieillissement sain?
AÉ: Mais ne suffit-il pas de suivre la consigne?
EV: Non. L’exemple du «fitbit» est parlant. Des millions de personnes ont au poignet un bracelet qui mesure le nombre de pas qu’elles effectuent. Ces bracelets nous recommandent 10.000 pas par jour. 10.000 pas, c’est 60 à 70 minutes de marche, au quotidien. Au bout de trois mois, on abandonne. Mais des études récentes ont précisé la courbe entre le nombre de pas et l’espérance de vie. Cette dernière augmente jusqu’à 1...