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Regard critique · Justice sociale

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"Le projet "Kangourou" d'accueil de mamans toxicomanes avec enfants, menacé faute de subsides"

03-12-2001 Alter Échos n° 110

Difficile pour une maman toxicomane célibataire de commencer une thérapie tout en gardant ses enfants. Dans la plupart des cas, ceux-ci sont placés provisoirement ou la mamanrenonce à sa thérapie. Des solutions loins d’être idéales… D’où l’idée de l’asbl Trempoline1, spécialisée en thérapie etprévention de la toxicomanie et installée à Châtelet, de sortir les mamans de leur clandestinité en intégrant un endroit qui prend en considération lefait qu’elles souffrent d’un problème de toxicomanie tout en étant mères. Les mamans peuvent ainsi suivre leur thérapie en journée au sein d’une des trois phases duprogramme résidentiel de Trempoline et participer aux activités proposées aux autres résidents. Le reste du temps, c’est-à-dire les soirées, les week-end,les nuits et les jours fériés, elles retrouvent leur progéniture dans un bâtiment réservé à « Kangourou » pour leur permettre de développer leursrelations éducatives. En journée, les enfants vont à l’école ou à la crèche.
À l’heure actuelle, trois mamans et trois enfants se trouvent à « Kangourou ». Ces trois mères sont dans la deuxième phase du programme, la communauté. Deux d’entreelles sont là depuis plus ou moins une année et sont bientôt prêtes à passer en troisième phase, la réinsertion sociale. Les enfants sontâgés de un à trois ans. L’initiative, unique en Communauté française, se développe en partenariat avec des expériences similaires en Flandres,Pays-Bas, Italie, Autriche et Grande-Bretagne.
Un projet menacé faute de subsides
« Nous constatons qu’il y a une demande croissante d’intégrer Kangourou, remarque Christophe Thoreau, coordonnateur du projet. En plus de ces trois mères, trois autres mamans suivent leprogramme thérapeutique dans les phases de l’accueil et de la communauté mais elles sont séparées de leurs enfants. Nous ne pouvons les intégrer directement dans leprogramme Kangourou par manque de place et de moyens. D’autre part, mous observons un engouement d’autres résidents à exercer leur parentalité. Cela se traduit notamment parl’exercice du droit de visite. » Face à cette nouvelle « sollicitation » des résidents, l’institution se positionne et cherche à répondre au mieux à ces demandes(aménagement de locaux, de plages horaires de rencontre,…)
Mais voilà, depuis mai 2000, date de son lancement, Kangourou vit grâce au mécénat, au bénévolat et à un subside européen. « Bien quel’expérience soit unique en son genre et rencontre un franc succès sur le plan thérapeutique, il ne semble pas y avoir de place pour un tel projet dans la politiquefédérale ni régionale de lutte contre les drogues et nous sommes donc contraints de rechercher des fonds privés pour poursuivre l’aventure de trois mois en trois mois. Lesdeux personnes actuellement employées à temps plein ont l’assurance de conserver leur emploi jusque mars 2002 mais après si les subsides n’arrivent pas, nous seronsobligés de nous en séparer et de continuer sur base de bénévolat et de dons. »
Au niveau des rentrées propres, l’association perçoit 250 F/jour des mamans pour l’hébergement des bébés, cela comprend l’électricité, le chauffage,l’alimentation, l’association prenant en charge notamment le budget langes, etc. Un accord avec deux crèches des environs permet de payer le tarif social : 73 FB/jour. Les mamans elles,versent à Trempoline 15.000 FB/mois ou 5.000 FB si elles sont VIPO. L’association a reçu jusqu’ici 2,25 millions de FB des pouvoirs publics et 6,2 millions de donateurs privésqui en 2000, ont bien voulu soutenir le projet durant deux ans en attendant les subsides publics. Or, 2002 approche à grands pas et comme Sœur Anne, Trempoline ne voit toujours rienvenir. Les responsables espèrent donc bénéficier encore de la générosité de personnes privées.
Un projet hors-cadre
Pourtant si les subsides n’arrivent pas, ce n’est pas faute d’avoir frappé à de nombreuses portes. Voici les réponses obtenues : pour le niveau fédéral, en tant quecentre conventionné Inami, Trempoline ne peut pas s’inscrire parmi les bénéficiaires du budget de 500 millions lié à la note gouvernementale sur la politique desdrogues. Du côté de l’Inami, on paie pour les mères toxicomanes soignées à Trempoline mais pas pour les enfants qui ne sont pas toxicomanes. De plus, malgréleur intérêt pour le projet, la situation financière de l’Inami ne permet pas de subventionner de nouveaux projets. En Communauté française, chez les ministresNollet (Petite enfance) et Maréchal (Aide à la jeunesse), de même qu’en Région wallonne chez le ministre Detienne (Affaires sociales et santé), trois cabinets Ecolo,on estime le projet trop spécialisé et allant à l’encontre de la politique voulue par les ministres respectifs à savoir : offrir un traitement de substitution auxtoxicomanes et les laisser en milieu ouvert. Chez la ministre wallonne de l’Emploi, Marie Arena, un emploi ACS a été accordé. C’est finalement l’Union européenne qui semontre la plus généreuse en allouant 2 millions de FB à titre de participation à une étude européenne sur la parentalité dans le cadre du projetParnassia (DG 5 Europe). Cette subsidiation prendra fin en mars 2002. Et après ?
1 Trempoline asbl, Grand Rue 3 à 6200 Châtelet, tél. : 071 40 27 27, fax : 071 38 78 86, courriel : info@trempoline.be, site : http://www.trempoline.be, responsable du projet Kangourou : Christophe Thoreau.

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