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Le Plan stratégique transversal II, un an après

Le 30 août 2005, le gouvernement wallon, encore présidé par Jean-Claude Van Cauwenberghe adoptait en deuxième lecture un des nombreux plans globaux quicaractérisent désormais son mode de gouvernance. Un peu particulier, ce « Plan stratégique transversal II », vite rebaptisé PST II, s’appliquait aux politiquesde recherche et de formation. Flanqué d’un PST I consacré à la création d’activités et d’emplois et d’un PST III consacré à la cohésionsociale, ce PST II, sous-titré « Développer les connaissances et les savoir-faire en Wallonie », se distinguait par son caractère mixte : bon nombre des mesures ou« impulsions » qu’il annonçait relevait en effet de politiques croisées ou au moins de partenariats avec la Communauté française. En tant que ministre wallonnede la formation et ministre-présidente de la Communauté française, c’est donc Marie Arena (PS) qui s’en est vu confier le pilotage. Alter Échos a pris rendez-vousavec Noël Scherer, son tout nouveau directeur de cabinet en charge de la formation, en vue de faire le point sur la mise en œuvre du plan1.

06-10-2006 Alter Échos n° 216

Le 30 août 2005, le gouvernement wallon, encore présidé par Jean-Claude Van Cauwenberghe adoptait en deuxième lecture un des nombreux plans globaux quicaractérisent désormais son mode de gouvernance. Un peu particulier, ce « Plan stratégique transversal II », vite rebaptisé PST II, s’appliquait aux politiquesde recherche et de formation. Flanqué d’un PST I consacré à la création d’activités et d’emplois et d’un PST III consacré à la cohésionsociale, ce PST II, sous-titré « Développer les connaissances et les savoir-faire en Wallonie », se distinguait par son caractère mixte : bon nombre des mesures ou« impulsions » qu’il annonçait relevait en effet de politiques croisées ou au moins de partenariats avec la Communauté française. En tant que ministre wallonnede la formation et ministre-présidente de la Communauté française, c’est donc Marie Arena (PS) qui s’en est vu confier le pilotage. Alter Échos a pris rendez-vousavec Noël Scherer, son tout nouveau directeur de cabinet en charge de la formation, en vue de faire le point sur la mise en œuvre du plan1.

Simplifier… et ménager

Parmi les trois principes directeurs qui guidaient le Plan, le plus ambitieux était sans doute celui qui visait à simplifier les dispositifs, les aides et les statuts « afinque le citoyen, l’employeur ou le travailleur désireux de s’impliquer plus avant dans la société de la connaissance trouve les portes d’accès, comprennele système, en bénéficie et puisse se rendre compte du résultat obtenu. » En matière de formation, les domaines visés par cette simplificationconcernaient surtout l’information et l’orientation d’une part, l’alternance de l’autre.

Sur le premier point, s’il n’est pas encore question d’un service unique opérationnel, le cabinet Arena insiste sur le développement de nouveaux outils, principalement informatiques,ou issus de conventions passées avec les secteurs, tels que les bourses au stage. Devrait ainsi être lancé ces jours-ci un site Internet alimenté par les employeurs etreprenant les offres de stage. Dans un premier temps, celles-ci seront limitées à l’alternance. Ensuite, dès le 1er septembre 2007, seraient également reprisles stages professionnalisants du troisième degré de l’enseignement secondaire. Le plein régime devrait être atteint lors de la rentrée de 2008, à partir delaquelle, c’est l’ensemble des différents types de stages qui seraient répertoriés sur le site.

Autre outil informatique d’information et orientation : le site « IMT » (Information sur le marché du travail) qui vise à informer sur les filières, lesmétiers, les professions, et les formations qui y mènent. Les informations seraient fournies principalement par les secteurs et les services publics régionaux de l’Emploi (Foremet Orbem). L’entrée « jeunes » du site devrait être opérationnelle dès le printemps 2007 et l’ensemble du site pour le début 20082.

Quant à l’alternance, la question de sa réorganisation touche évidemment à des intérêts particuliers (Sysfal, Altis, l’Ifapme, la commission consultativede l’alternance sans oublier, au moins indirectement, le Bureau permanent de l’alternance à la Cocof). Si le grand reprofilage annoncé est encore invisible, des mesures récentesmontrent un avant-goût de la mise en cohérence projetée. Citons par exemple les premières passerelles qui permettront à l’apprenti ayant terminé sonapprentissage d’obtenir le Certificat d’enseignement secondaire supérieur (CESS).

Avec l’alternance, l’information et l’orientation, on est au cœur de la transversalité qui est au principe du PST II. Les mesures qui y sont prévues figurent en effet aussidans le Contrat pour l’école, et font donc l’objet d’un travail en commun avec la Communauté française. L’effet induit est donc un rapprochement du monde de la formation initiale(autrement dit, l’enseignement) et de celui de la formation continuée : les collaborations entre région(s) et Communautés ne sont que la traduction institutionnelle de cettevolonté. Un autre de ces chantiers communs est le redéploiement annoncé de la CCPQ (Commission communautaire des professions et des qualifications). Après une phase detravail « dans l’ombre », celui-ci commence à prendre une tournure plus visible. Une note présentée lors du gouvernement conjoint du 7 septembre a en effet étéenvoyée pour consultation aux différents partenaires : le débat devrait donc véritablement commencer.

Formation : les huit impulsions prévues

Sur les quatorze impulsions reprises dans le PST II, quatre touchent la recherche, deux les Technologies de l’information et de communication (TIC) et huit, la formation. Voici la liste de cellesprévues en matière de formation :
• L’alternance : simplifier le système de primes versées à l’employeur ; optimaliser l’utilisation des primes par les opérateurs de formation ; simplifier le statutdu jeune en alternance ; simplifier le pilotage de l’alternance; inscrire l’alternance dans le processus de formation d’éducation tout au long de la vie.
• L’équipement et leur accessibilité : réaliser le cadastre des équipements ; investir dans les centres de compétence ; doter l’enseignement secondairequalifiant d’équipements de pointe au travers de centres de technologie avancée (CTA) ; relancer les politiques croisées.
• Les langues : améliorer la formation initiale et continue des enseignants et formateurs en langues ; associer les employeurs aux formations en langues ; favoriser l’immersion et lesformations intensives ; centraliser la promotion de toutes les possibilités d’apprentissage d’une langue à l’étranger dans une Agence unique.
• La formation des travailleurs actifs : améliorer le dispositif « Chèques formation » ; assurer la formation du travailleur inscrit dans le programme de transitionprofessionnelle (PTP) ; améliorer le dispositif du Plan formation insertion (PFI) ; former les tuteurs au sein des entreprises.
• L’alphabétisation, la préqualification et l’insertion : lancer une opération de régularisation des compétences ; systématiser la détection del’analphabétisme ; augmenter le nombre de places en alphabétisation ; alphabétiser en entreprises et via l’intérim ; optimaliser la préqualification assuréepar les EFT-OISP ; renforcer l’accompagnement des personnes les plus éloignées de l’emploi notamment via les actions de formation.
• L’orientation, l’information et la promotion : créer un service commun d’information et d’orientation ; coordonner les actions de promotion des formations et des métiers ;sensibiliser à l’esprit d’entreprendre.
• Valoriser une approche métiers : renforcer la Commission communautaire des professions et des qualifications (CCPQ) ; accélérer le dispositif de validation descompétences ; valoriser les acquis de l’expérience à l’Université et dans les Hautes écoles.
• Implication, des partenaires sociaux : systématiser et amplifier les conventions sectorielles ; mobiliser davantage les clauses sociales pour la formation ; rénover la Charte dela formation ; apporter une réponse aux pénuries ; créer et appliquer le label d’entreprises formatrices.

Rapprocher deux mondes

Parmi les signes les plus tangibles de ce rapprochement entre formations initiale et continuée, on comptera le nombre d’heures de formation d’enseignants dans les centres decompétence. Désormais reprises dans les offres de l’Institut de la Formation en cours de carrière de la Communauté française (IFC), ces formations ont connu uneforte augmentation ces dernières années (190 000 heures en 2004 ; 230 000 en 2005 ; et 185 000, rien que pour le premier semestre de 2006). L’objectif affiché par le Cabinet estd’atteindre le million d’heures d’ici à 2012. Pour y arriver, des budgets ont d’ailleurs été dégagés dans le cadre des politiques croisées, afin de renforcerl’accessibilité de ces centres en organisant du transport depuis les écoles jusqu’aux centres.

Une des conditions matérielles à la réussite de ce rapprochement réside dans l’établissement d’un cadastre des équipements disponibles tant en formationinitiale que continuée. Pour les écoles, ce cadastre serait désormais constitué pour quatre secteurs. Pour la Formation continuée, il serait achevé pourl’ensemble des secteurs. Reste à intégrer les deux… C’est notamment sur la base de ces résultats que seront déterminés les lieux où s’établiront lesCTA (Centres de technologie avancée). Prévus par le PST II et le Contrat pour l’école comme des « infrastructures mettant une offre de formation avec des équipements depointe à disposition des élèves et des enseignants, quels que soient le réseau d’enseignement, ainsi que des demandeurs d’emploi et des travailleurs », ces CTA serontrépartis selon une clé de 80 % pour les écoles et 20 % pour les centres de formation.

Sans qu’il soit évidemment possible de faire le tour de l’ensemble des mesures prévues dans le PST II, il semble que l’essentiel du travail effectué jusqu’àprésent ait consisté à traduire en mesures spécifiques les intentions non immédiatement opérationnelles du PST II. Maintenant que ce travail aété effectué, c’est l’épreuve du terrain qui devrait être déterminante, notamment dans des dossiers tels que celui de l’alternance où des choix clairset peut-être douloureux pour certains acteurs restent à faire.

1. Le plan est téléchargeable sur le site du Gouvernement Wallon.

2. Le modèle dont s’inspire la Région wallonne est québécois. Il est consultable sur le sited’Emploi Québec.

Edgar Szoc

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