En 1994, un service « Interprétariat social et médical » se créait sur une base bénévole à Bruxelles. Il y a deux ans, suite aux difficultés qu’ilavait rencontrées pour se professionnaliser face à une demande énorme, l’asbl était reprise par le Ciré, la coordination des associations actives en matièrede droit des étrangers et des réfugiés. Très vite, le Ciré obtenait des moyens pour développer ce service en Wallonie. Le 19 janvier, il inaugurait avec lesministres Demotte et Detienne son nouveau service d’interprétariat par téléphone1.
Le service est simple. Toute association, service public, avocat, médecin, etc., qui rencontre des problèmes de communication avec des personnes d’origine étrangère qui nemaîtrisent pas ou peu le français, peut s’adresser au Ciré en semaine entre 9 h et 17 h. Il sera mis en communication immédiatement avec un interprète. Il lui encoûtera 13 euros par quart d’heure.
Jusqu’ici, Ciré Interprétariat ne travaillait qu’en se déplaçant sur place ou en organisant des permanences (dans des maisons médicales, etc.). Mais ce service nepermet pas de répondre à des demandes urgentes. Il reste cependant moins cher (11 euros l’heure, y compris temps de déplacement, et non compris le remboursement des frais), etoffre une septantaine de langues (plus la langue des signes) au lieu d’une petite vingtaine.
Yves Caelen, nouveau coordinateur du Ciré, insiste sur le caractère professionnel du service :
> les interprètes (125 personnes) sont salariés pour les langues les plus demandées, et pour les autres, ils sont toujours rémunérés (chèque-ALE,etc.) Les interprètes par téléphone travaillent au Ciré, ou en tout ou en partie à domicile.
> ils suivent une formation continue donnée par le Ciré,
> ils sont soumis à un code de déontologie (neutralité, confidentialité, etc.)
> ils reçoivent une supervision individuelle et collective, qui leur permet de faire face à des situations le plus souvent difficiles, qui les renvoient en plus à leur propreexpérience de l’exil et de l’arrivée dans un pays inconnu.
Le Ciré emploie aujourd’hui 20 interprètes à temps plein, dont huit nouveaux sous contrat PTP wallon. La plupart maîtrisent deux ou trois langues en plus dufrançais. Ils ne jouent en aucun cas un rôle de médiateur interculturel ou d’accompagnateur. Ils interviennent le plus souvent en seconde ligne par rapport à un autretravailleur social ou médical, etc.
Le ministre Detienne a lui insisté sur le gros potentiel d’emploi qu’ouvre ce nouveau métier. Des emplois qui de plus permettent à des personnes d’origineétrangère, qualifiées, de valoriser leur savoir et leur propre culture. Il a aussi mis en avant la volonté de donner accès aux droits sociaux pour tous, et ce encommuniquant dans leur propre langue.
La question du financement du service reste cependant ouverte, vu le volume de la demande2. Le Ciré et le ministre Detienne misent sur la généralisation de conventions departenariat, avec une formule d’abonnement forfaitaire annuel, entre le Ciré et les services qui recourent régulièrement à l’interprétariat social. Il s’agitd’amener un nouveau réflexe chez les professionnels, et une intégration structurelle de ce nouveau coût dans leur structure financière. Ces coûtssupplémentaires sont compensés par le gain d’efficacité. Les situations qui ont été citées en exemple par une interprète lors de la conférencede presse l’illustraient parfaitement. Bruxelles-Ville a par exemple abonné ses écoles et centres PMS. Dans le cadre du Fipi, les CPAS wallons ont un droit de tirage de 20.000 euros paran sur l’interprétariat par déplacement.
1 Ciré interprétariat, rue du Vivier 80-82 à 1050 Bruxelles, tél. : 02 629 77 27, fax : 02 629 77 26, e-mail : sec@cire.be, site Web : http://www.cire.be
2 En 2001, le Ciré a effectué 5.146 prestations par déplacement : 25% dans le secteur de la petite enfance, 21% dans la santé mentale, 10% dans des services liésà la prostitution et à la traite des êtres humains, 9% dans le secteur médical, etc.
Archives
"Le Ciré lance l'interprétariat social par téléphone"
Thomas Lemaigre
04-03-2002
Alter Échos n° 115
Thomas Lemaigre
Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !
Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web.
Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus,
notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité,
et pour répondre à notre mission d'éducation permanente.
Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous !
Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)
Sur le même sujet
-
Emploi/formation
Des barreaux aux bureaux
-
Vie associative
Trois femmes puissantes
-
Vie associative
Quand politiciens et associations s’aimaient d’un amour vache
-
Justice
Quatre à la maison