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Regard critique · Justice sociale

La régularisation aura un effet positif sur l'économie

Les économistes de l’Ires (UCL) se sont penchés sur les conséquences pour l’emploi d’une régularisation des sans-papiers dans notre pays. De quoitordre le cou à pas mal de clichés qui ont la vie dure…

11-09-2009 Alter Échos n° 280

Les économistes de l’Ires (UCL) de se pencher sur les conséquences sur l’emploi d’une régularisation des sans-papiers dans notre pays. De quoi tordre le couà pas mal de clichés qui ont la vie dure…

L’accord gouvernemental du 19 juillet 2009 a défini les critères permettant la régularisation des demandeurs d’asile en Belgique (engagement dans uneprocédure juridique déraisonnablement longue, situation humanitaire urgente, prise en compte de la faculté d’intégration sociale et économique). Certainesprévisions font état d’environ 25 000 demandes qui devront être introduites entre le 15 septembre et le 15 décembre de cette année (cf. « La vague de régularisation mobilise les acteurs« , dans cemême n°).

La lenteur des décisions politiques a traduit la difficulté de trancher dans cet épineux dossier des régularisations, une difficulté qui trouve partiellement sonorigine dans la méconnaissance de ses conséquences économiques et des préjugés qui en découlent. Peu d’enquêtes ont en effet étéréalisées sur l’impact de la régularisation, bien que de nombreux pays aient par le passé procédé à des régularisationsrépétées et à grande échelle. Que sait-on donc au juste de ces effets ? C’est la question abordée dans la dernière livraison de la revueRegards économiques1, une publication des économistes de l’Ires, l’Institut de recherches économiques et sociales de l’UCL.

Un effet bénéfique

On a tous un jour entendu exprimer par l’un ou l’autre des craintes portant sur le fait que les migrants occupent les emplois « disponibles » et, de la sorte,augmentent le risque de chômage des résidents (natifs, immigrants des périodes passées, etc.). L’Eurobaromètre 2000 révèle ainsi qu’uncitoyen de l’UE sur deux craint les pertes d’emploi en raison de la présence de migrants. Or, dans l’état actuel des connaissances, selon les trois chercheurs del’UCL, il est raisonnable de penser que la régularisation limitée en Belgique n’entraînera que des effets mineurs sur le revenu net des travailleurs natifs :« Le seul véritable groupe à risque est celui des natifs les moins qualifiés. Ce sont eux qui pourraient subir de conséquences négatives sur lemarché du travail, du moins dans un premier temps. Néanmoins, dans le cas où les sans-papiers ont un taux d’emploi illégal important, ces conséquences sontvraisemblablement minimes. En outre, les effets éventuellement négatifs doivent aller en s’amenuisant au fur et à mesure que le temps passe et que les nouveauxarrivés se lancent dans des activités productives. Une manière d’accélérer cette transition est de promouvoir à bon escient la flexibilité dumarché du travail et la mobilité des travailleurs. »

Pour les emplois les plus qualifiés, l’effet d’une régularisation des sans-papiers serait par contre bénéfique, estiment les auteurs de l’étudepour qui la régularisation constituerait un plus pour l’économie belge. L’un des économistes, David de la Croix, affirme « qu’invoquer desarguments économiques pour ne pas régulariser les sans-papiers est complètement erroné et que, donc, les véritables arguments sont simplementidéologiques. » Selon ce chercheur, « on peut régulariser au moins 50 000 sans-papiers. Cela restera toujours positif pour nous. »

De quoi tordre le cou à nombre de clichés inexacts, dont celui qui voit dans l’immigré une sangsue vidant les caisses de la sécurité sociale.« L’immigration a une contribution plutôt positive aux finances publiques et cela, d’autant plus que le flux migratoire permet de rajeunir en permanence lapopulation », analysent les chercheurs.

L’étude de l’Ires succède à une autre tout aussi intéressante sur les effets de la régularisation de 1999 en Belgique, Before et After, menée pardes chercheurs du Germe de l’ULB et du Centrum voor Sociaal Beleid de l’Université d’Anvers et sortie voici déjà quelques mois (cf. AlterÉchos n° 265, « Que sont devenus lesrégularisés de 2000 ?« ). Les analyses de l’Ires viennent d’ailleurs corroborer certaines constatations des chercheurs du Germe.

1. David de la Croix, Frédéric Docquier et Bruno Van der Linden, « Effets économiques d’une régularisation des sans-papiers en Belgique » inRegards économiques, septembre 2009, n° 72.
Le numéro est téléchargeable sur :
http://www.uclouvain.be/regards-economiques

catherinem

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