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La pauvreté oubliée des provinces riches

Certains viennent vivre à la campagne pour «profiter du bon air». D’autres y vivent comme des clochards. La précarité rurale pose un énorme défi au travail social. Comment repérer ceux qui passent sous les radars des CPAS? Quels outils mettre en place? Zoom sur deux provinces, connues pour être les plus inégalitaires de Wallonie.

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«Ici, il n’y a pas de magasin, pas de pharmacie, il n’y a rien. Juste une église et des pissenlits.» C’est par ce constat lapidaire qu’une habitante d’Houmont décrivait son village lors du colloque organisé sur la précarité rurale en décembre dernier par les tout nouveaux relais sociaux intercommunaux du Brabant wallon et de la province de Luxembourg. De la pauvreté dans ces deux provinces plus connues pour abriter les plus hauts revenus de Wallonie? Oui, mais elle est bien dissimulée, surtout dans ses zones rurales. Les deux relais sociaux ne partagent pas seulement leur premier anniversaire et le fait d’être les premiers relais non urbains. Ils couvrent deux provinces qui se ressemblent sur le plan social. Des disparités de revenus énormes, des zones urbaines qui alternent avec des zones rurales et isolées, pas de villes de plus de 50.000 habitants, un problème aigu de logement aggravé par la pression immobilière.

Le Brabant wallon, c’est une sorte de banane qui s’étend d’est en ouest sur 1.090 km carrés, où il faut, par exemple, une heure et demie en voiture pour se rendre de Tubize à Orp-Jauche. Où les communes les plus à l’ouest sont urbaines et souvent pauvres, celles du centre très riches, celles de l’est rurales ou semi-rurales. Dans le Luxembourg, la pauvreté est surtout concentrée dans les zones rurales, dominantes dans cette province. Des communes éloignées de tout, où les commerces, services et cabinets médicaux ont disparu. Dans les zones rurales, on trouve des populations très diversifiées, analyse Jean Furtos, fondateur de l’Observatoire santé mentale-précarité en France: «Des petits exploitants agricoles submergés de dettes, des néoruraux aisés, qui ont choisi de vivre à la campagne et il y a aussi les migrations subies. Ce sont des personnes souvent à très faibles revenus qui s’installent parce que l’habitat y est moins cher, mais se retrouvent coincées par la nécessité d’avoir une voiture.» Ces «migrants» sont souvent des propriétaires par nécessité. On achète, parce qu’on ne trouve pas de biens en location, une maison délabrée qu’on n’a pas les moyens de rénover.

«Des petits exploitants agricoles submergés de dettes, des néoruraux aisés, qui ont choisi de vivre à la campagne et il y a aussi les migrations subies. Ce sont des personnes souvent à très faibles revenus qui s’installent parce que l’habitat y est moins cher, mais se retrouvent coincées par la nécessité d’avoir une voiture.»

Jean Furtos, fondateur de l’Observatoire santé mentale-précarité en France

«La pauvreté rurale est invisible et inconnue», constate Stéphanie Linchet, sociologue à l’Université de Liège. Tellement inconnue qu’il n’existe quasi aucune étude sur ce phénomène et que les dernières données chiffrées remontent à plus de 15 ans. Et son invisibilité est ce qui fait toute la différence avec la pauvreté urbaine. Dans les communes rurales, on ne trouvera pas de sans-abri dans les rues. Les gens sont «clochardisés» chez eux. Ils vivent dans des maisons insalubres, non chauffées ou parfois dans des abris pour animaux, comme l’ont constaté les travailleurs sociaux du relais social du Luxembourg. Et, contrairement aux sans-abri urbains, ils ne sont pas repérés par les services sociaux et donc peu aidés. Et quand ils le sont, d’autres problèmes se posent, poursuit Stéphanie Linchet. Car, dans ces villages où «tout le monde connaît tout le monde», la stigmatisation de la pauvreté est forte, notamment chez les intervenants sociaux des CPAS «qui rendent souvent les gens responsables de leur situation. Avec les ‘bons’ pauvres (la vieille dame seule) et les ‘mauvais’ pauvres (les jeunes le plus souvent)». De plus, dans ces communes, les CPAS disposent de moins de personnel. Ils couvrent plusieurs villages avec tous les problèmes de déplacement que cela suppose. Les transports en commun sont quasi inexistants, avec, au mieux, des bus TEC qui circulent deux fois par jour en période scolaire. Stéphanie Linchet a identifié trois groupes particulièrement vulnérables: les personnes âgées, avec un réseau d’aide très limité, voire inexistant, et qui habitent des maisons qu’elles n’arrivent plus à entretenir, les jeunes de 18-25 ans en rupture familiale, les parents célibataires.

Des logements impayables ou «abominables»

Maëlle Dewaele et Sandrine Conradt, coordinatrices des relais sociaux intercommunaux du Brabant wallon et du Luxembourg, ont déjà pu faire ces constats après quelques mois de fonctionnement. L’absence de logements locatifs à un prix raisonnable, le manque de dispositifs d’accueil d’urgence sont les problèmes les plus urgents, les plus importants, les plus complexes aussi. En Brabant wallon, il n’y a aucun abri de nuit et de trop rares maisons d’accueil, généralement saturées. «Pour les urgences sociales, c’est très difficile, explique Maëlle Dewaele, on se retrouve avec des personnes qui ne savent où aller et que les services sociaux se renvoient.» Jean Roobaert, capteur de logements, tente désespérément d’en trouver. «C’est une des provinces les plus compliquées, car la pression immobilière est énorme. Il y a beaucoup de demandes et quasi pas d’offres, et donc on ne peut compter que sur des propriétaires qui ont une fibre sociale et sont ouverts à un projet comme le nôtre.» Vincent Wattiez, pour le Réseau brabançon pour le droit au logement, n’a pas de mots assez durs pour qualifier la politique de logement dans cette province. Il évoque «une financiarisation du logement» qui aboutit à exclure aussi la classe moyenne contrainte de quitter le Brabant wallon. «C’est une politique libérale, conservatrice qui n’est même plus embarrassée par la pauvreté et crée de facto une niche pour les très très riches. En Brabant wallon, même les loyers proposés par l’agence immobilière sociale sont impayables.»

La situation n’est pas vraiment meilleure en province de Luxembourg. «De plus en plus de gens vivent dans des conditions abominables, explique Sandrine Conradt, dans de vrais taudis, des habitats de fortune comme des abris pour vaches. Les gens migrent vers des endroits de plus en plus reculés parce que dans les villes, les loyers sont inabordables même pour ceux qui ont de bons revenus de travail.» Pour la coordinatrice, il faut revoir la conception du logement, aller vers des logements plus collectifs ou mettre en place des formules novatrices comme l’a fait le Fonds de garanties locatives, un projet pilote, créé et porté par un ensemble de professionnels luxembourgeois actifs dans les soins de santé. L’objectif est de libérer très rapidement une garantie locative, versée directement au candidat locataire pour éviter la discrimination, et ça fonctionne. Vingt-trois familles ont pu être aidées et remboursent mensuellement la garantie qui leur a été accordée.

«C’est une politique libérale, conservatrice qui n’est même plus embarrassée par la pauvreté et crée de facto une niche pour les très très riches. En Brabant wallon, même les loyers proposés par l’agence immobilière sociale sont impayables.»

Vincent Wattiez, Réseau brabançon pour le droit au logement

Les relais sociaux intercommunaux doivent aussi affronter une réalité sociale qui est très différente de celle rencontrée par les relais sociaux urbains que la Région wallonne a mis en place pour coordonner la lutte contre la pauvreté. Avec moins de moyens financiers. «Leur budget est même inférieur à celui des relais sociaux des petites villes», constate Christine Vanhessen, directrice de la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA). Pour elle, les relais sociaux sont un dispositif essentiel par leur «mission de coordination des acteurs de terrain et de soutien financier à toute une série de projets». Leur spécificité, dit-elle, c’est ce partenariat entre acteurs publics et associatifs autour de la précarité. Et de regretter qu’une grande partie du territoire wallon ne soit toujours pas couverte, comme les zones rurales du Namurois, du Hainaut et de la province de Liège. La directrice de l’AMA salue l’opération de dénombrement des sans-abri, première action d’envergure menée par les relais sociaux du Brabant wallon et du Luxembourg. «C’est un outil fondamental pour objectiver, cerner le sans-abrisme caché. Pour le Brabant wallon, c’est même essentiel de savoir qui est dans la grande précarité, qui est dans la rue, quelles sont les personnes dans un sans-abrisme moins visible parce qu’elles dorment chez des amis. Elles ne sont pas dans la rue, mais pas chez elles non plus.»

Le Housing First, un outil pertinent?

Pour lutter contre le sans-abrisme, les relais sociaux intercommunaux disposent des «outils» habituels comme le Housing First et les capteurs de logements. Christine Vanhessen est sceptique sur la pertinence du Housing First (HF), un dispositif très pointu pour reloger un public sans abri qui cumule les problèmes de santé mentale et d’addictions. «Les dispositifs de Housing First, pilotés par les relais sociaux, sont une bonne chose pour financer des projets spécifiques pour un public spécifique. Mais, pour les deux provinces du Brabant wallon et du Luxembourg, il n’y a pas eu d’objectivation préalable pour savoir si oui ou non, il existe un public concerné par le Housing First.» Depuis le début de cette année, un projet HF se met en place aussi dans la zone rurale et semi-rurale de Hannut-Huy-Waremme. Mais où il n’existe pas de relais social. Benoît Boucquiau, pour le collectif Logement de Hannut, identifie les problèmes criants de logement, les mêmes que ceux rencontrés dans le Brabant wallon ou le Luxembourg: coût exorbitant des locations, absence de logements sociaux, paupérisation de la population, augmentation des problèmes de santé mentale, isolement, manque de transports en commun, difficultés particulières pour les jeunes de 18-25 ans qui sortent des institutions de la jeunesse. «Le problème, dit-il, c’est le manque de suivi social. L’agence immobilière sociale dispose d’environ 100 logements sociaux, mais n’a qu’un seul travailleur social. Où mettre la priorité?» Les acteurs de terrain que nous avons contactés sont unanimes: lancer un Housing First dans cette région, «c’est faire les choses à l’envers. Le cheminement normal, c’est d’identifier les besoins d’abord puis d’élaborer un projet». Mêmes interrogations en ce qui concerne le capteur de logements. Le HF de Hannut-Huy dispose de 50.000 euros pour cette fonction, mais, certains craignent que le dispositif «ne tourne à vide si, au départ, il n’y a pas ou peu de logements disponibles». Pour Christine Vanhessen, c’est un relais social qui doit faire ce job. «Chaque service de promotion du logement, chaque maison d’accueil fait de la captation de logements puisqu’ils cherchent à reloger la personne accueillie. Tout le monde va chercher le même genre de logement, au même endroit, ce qui peut provoquer des concurrences malheureuses entre associations. Un capteur de logements peut être ce seul acteur qui travaille en collaboration avec les autres. Le relais social permet cette coordination des efforts.»

«Est-ce que le Housing First est adapté aux régions rurales? C’est toute la question qui se pose à nous, reconnaît Maëlle Dewaele. Nous allons devoir adapter le modèle.» Sa collègue Sandrine Conradt ajoute: «On a examiné s’il existait des projets HF en milieu rural, le seul qu’on ait trouvé, c’est dans le Vermont! C’est un vrai défi d’implémenter un HF qui tienne compte des spécificités du public précarisé en milieu rural.» Il va falloir être créatif en effet, car il n’entre pas dans les intentions de la ministre wallonne des Affaires sociales Christie Morreale (PS) de créer d’autres relais sociaux dans les régions rurales ou semi-rurales. Elle évoque plutôt le renforcement et l’élargissement des Housing First ainsi qu’un budget de 30 millions pour la création de 900 places d’hébergement.

«Chaque service de promotion du logement, chaque maison d’accueil fait de la captation de logements puisqu’ils cherchent à reloger la personne accueillie. Tout le monde va chercher le même genre de logement, au même endroit, ce qui peut provoquer des concurrences malheureuses entre associations. Un capteur de logements peut être ce seul acteur qui travaille en collaboration avec les autres. Le relais social permet cette coordination des efforts.»

Christine Vanhessen, directrice de la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA)

Mais là encore, est-ce la priorité pour les régions rurales? Dans l’est du Brabant wallon, où il n’existe que six places d’hébergement d’urgence pour une population de 90.000 habitants et quelques rares centres de jour inégalement répartis, cela peut paraître à première vue nécessaire. Mais où et comment créer ce genre de structure sur un territoire aussi vaste? Même constat pour la province de Luxembourg et ses 4.456 kilomètres carrés de territoire, où l’équipe du relais social passe beaucoup de temps sur les routes. Au relais social du Brabant wallon, on fera l’impasse sur l’abri de nuit. «On en a discuté avec les partenaires du relais, explique Maëlle Dewaele, la priorité, c’est le dispositif d’accueil d’urgence de jour. Nous allons coordonner ce réseau, répartir les gens en fonction des places disponibles. Le problème sera de convaincre les CPAS qui n’ont pas de lieu d’hébergement de se montrer solidaires. Nous allons devoir réfléchir en termes de ‘bassins de vie’ et créer des petites zones d’hébergement un peu partout. Que les habitants de Rebecq viennent à Wavre pour être hébergés n’a aucun sens. Quand nos partenaires de Rebecq sont venus à Jodoigne, ils ont mis autant de temps sur la route que si nous étions allés à Bastogne.»

Sortir de son bureau

Pour la sociologue Stéphanie Linchet, face à une précarité rurale cachée, il n’y a d’autre solution que «d’aller vers les gens, dans leur environnement, favoriser les lieux de rencontre accessibles à tous, ne pas hésiter à se rendre au domicile de certaines personnes. Trouver un prétexte, comme souhaiter un bon anniversaire, par exemple, et établir le contact.» Les deux coordinatrices partagent ce point de vue. Il faut rendre les travailleurs sociaux plus mobiles. «Il y a une vraie méconnaissance de la précarité en région rurale chez les travailleurs sociaux et ils sont peu outillés pour y faire face, confirme Maëlle Dewaele. Quand il s’agit ‘d’aller chercher les gens’, ils sont souvent fort démunis. La question de la mobilité, dans les deux sens, celle de et vers les usagers, sera un des chantiers importants qui s’offrent à nous.» Dans la province de Luxembourg, le relais social a mis en place des «maraudes». «Des travailleurs sociaux avaient constaté une augmentation des personnes sans abri à Virton. Ils nous ont demandé de les aider à mettre en place un projet, appelé ‘SàT’ comme Salut à Toi. Nous n’avons aucun budget pour le financer, mais 18 associations actives dans la région ont mis à disposition un travailleur de terrain pour une fois par semaine aller à la rencontre des personnes habitant dans des logements tellement précaires qu’on ne peut pas vraiment les appeler des logements. On travaille sur ‘l’accroche’, établir un contact, une relation pour amener les gens à trouver les aides auxquelles ils ont droit.»

 

«Il y a une vraie méconnaissance de la précarité en région rurale chez les travailleurs sociaux et ils sont peu outillés pour y faire face. Quand il s’agit ‘d’aller chercher les gens’, ils sont souvent fort démunis. La question de la mobilité, dans les deux sens, celle de et vers les usagers, sera un des chantiers importants qui s’offrent à nous.»

Maëlle Dewaele, coordinatrice du relais social intercommunal du Brabant wallon

Ces personnes, poursuit Sandrine Conradt, sont parfois localisées par la police ou les pompiers. «Cela peut paraître étrange d’avoir ce partenariat, mais chez nous la police est très ‘sociale’, présente sur le terrain et elle a mis à disposition son assistance sociale pour participer aux maraudes. Aujourd’hui, le bouche-à-oreille amène les citoyens à bouger. Ils vont à la rencontre des travailleurs sociaux pour les avertir de certaines situations problématiques.» Ce n’est pas du Housing First et ça ne ressemble pas non plus aux maraudes bruxelloises ou liégeoises vers les sans-abri dans la rue, mais ça fonctionne. Mais pas partout. Dans les communes où il y a peu d’accès aux services du CPAS et peu, voire pas d’associations présentes sur le terrain, «plein de gens passent sous les radars et il est difficile de savoir ce qu’il faut faire, convient Sandrine Conradt. Envisager des projets d’aide à domicile alors qu’il n’y a personne pour aller jusque chez ces gens isolés, c’est compliqué. Travailler en région rurale demande un grand investissement en temps, en personnel et donc en moyens financiers. Que nous n’avons pas», précise la coordinatrice.

Selon plusieurs intervenants, le gouvernement wallon sait qu’une part non négligeable de la population rurale n’a accès à aucun service. La prise de conscience date des inondations de 2021 quand des équipes ont travaillé dans des zones où «il n’y avait rien, où les gens n’étaient connectés à rien». Comme les associations, la ministre Christie Morreale attend beaucoup des résultats du dénombrement des sans-abri (les chiffres seront connus en mars) pour avoir une «stratégie efficace contre ce sans-abrisme». Elle annonce pour cette année un projet «Expériences pilotes-territoires zéro sans-abri» qui «financera des pratiques d’innovations sociales». Le travail en réseau, dit-elle, sera au centre du dispositif. Une autre piste intéressante est celle que vient de lancer Céline Tellier (Écolo), ministre de la Ruralité, qui va développer des «tiers lieux», soit des espaces de rencontre pour pallier «le manque de services de proximité dans les communes rurales». On le voit, le chantier politique ne fait que commencer.

 

En résumé

La Région wallonne vient de créer deux relais sociaux intercommunaux dans les provinces du Brabant wallon et de Luxembourg où la population rurale est importante et la pauvreté, bien dissimulée. Les relais sociaux vont devoir innover, car leurs outils traditionnels comme le Housing First ne sont sans doute pas adaptés à ce public. La clé sera la mobilité des travailleurs sociaux et leur inventivité pour établir le contact avec des publics très isolés. Et il faudra aussi d’autres coups de pouce de la Région.

 

Martine Vandemeulebroucke

Martine Vandemeulebroucke

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