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L’arrêté AMO : l’heure est à l’évaluation

L’arrêté sur les services d’aide en milieu ouvert (AMO) a entamé son parcours législatif ; une circulaire devra ensuite être rédigée.Avant cette autre étape de négociation entre le secteur et le cabinet Fonck, l’heure est à l’évaluation de la réforme.L’Inter-Fédérations AAJ1, regroupement des fédérations de l’aide à la jeunesse, ressort du processus de concertation quelque peudéçue. Des points de désaccords demeurent. Explications.

07-09-2007 Alter Échos n° 234

L’arrêté sur les services d’aide en milieu ouvert (AMO) a entamé son parcours législatif ; une circulaire devra ensuite être rédigée.Avant cette autre étape de négociation entre le secteur et le cabinet Fonck, l’heure est à l’évaluation de la réforme.L’Inter-Fédérations AAJ1, regroupement des fédérations de l’aide à la jeunesse, ressort du processus de concertation quelque peudéçue. Des points de désaccords demeurent. Explications.

« L’aide individuelle à apporter aux jeunes pourra être demandée par le SAJ, le SPJ et certaines instances judiciaires ainsi que tout autre organisme » (art.4§ 1).

Ce libellé « tout autre organisme » insatisfait les AMO car « cette imprécision pourrait leur être préjudiciable ». En effet, Daniel Martin,directeur de l’AMO Passage à Namur2 précise que les AMO sont disposées à travailler à la demande et avec le SAJ car ils partagent la même logique,la même philosophie. Mais comment vont réagir les AMO si le parquet demande un rapport sur tel jeune? ». Daniel Martin craint une instrumentalisation des AMO par le judiciaire.« Le terme « demande » n’est pas assez explicite, chacun y verra ce qu’il veut ». De plus, comme le précise Françoise Penet, directrice de l’AMO dinantaiseDinamo3, le terme « demande » implique une justification en cas de refus, le vocable « orientation » aurait été préférable.

Yves Polomé, conseiller au cabinet Fonck4 s’inscrit quant à lui en faux contre les craintes avancées par le secteur. Pour lui, le nouvel arrêté a misles garanties nécessaires pour qu’il n’y ait pas d’instrumentalisation possible de ces services et que ceux-ci puissent gérer la demande, quel qu’en soitl’émetteur. Il rappelle que le travail des AMO est hors mandat, hors de tout lien de subordination, et porte sur l’aide non contraignante. « Dans la pratique, explique-t-il, il y a desAMO qui acceptent d’être le relais d’une demande faite par un gendarme, un juge. »

Le soutien à la parentalité en question

« Les AMO sont des services pour la défense de la parole des jeunes, certes le soutien à la parentalité est essentiel mais pas en tant que mission », rappelleDaniel Martin. Françoise Penet craint aussi que le jeune soit ainsi dépossédé d’un lieu où il vient déposer sa parole, trouver une écoute.« Si ce lieu est associé à la parentalité, il risque de se dénaturer, et le jeune de ne plus y faire une demande si souvent difficile à verbaliser.D’ici peu, on risque de devoir créer d’autres services pour pouvoir accueillir les jeunes… Quelle dérive ! »

« L’omniprésence » de la notion de parentalité, regrette l’Inter-Fédérations, modifie la philosophie des AMO car la position du jeune dans sarelation à l’AMO en ressort ainsi appauvrie. Pour le cabinet, le bénéficiaire reste le jeune évidemment, « les AMO ne sont pas des plannings familiaux maispeuvent (ce n’est pas une obligation) développer des actions, en fonction des besoins, de soutien à la parentalité. » Ce que des AMO font déjà encréant des groupes de parole de parents, par exemple. « La parentalité est certes une notion chère à la ministre, convient Yves Polomé, maisl’idée est de réaffirmer les AMO dans une logique d’aide préventive et spécialisée (aide aux jeunes en difficulté). »

Des moyens, oui mais…

Emplois supplémentaires, augmentation des budgets de fonctionnement sont certes des avancées, reconnaît l’Inter-Fédérations. « Mais fallait-ilcontrebalancer ces moyens supplémentaires en dénaturant les missions AMO ?, conclut Daniel Martin. D’autant moins que l’harmonisation des pratiques n’est pas unobjectif à atteindre, les AMO doivent être en lien avec leur environnement, leur contexte spécifique. »

Françoise Penet regrette aussi que le collectif se soit évaporé en tant qu’objectif et absorbé par le communautaire. « Un enfant mal dans sa peau dans lecadre d’un atelier, pouvait être orienté vers l’aide individuelle ou familiale, et vice versa ». Cette articulation essentielle à ses yeux, elle ne la retrouvepas dans l’arrêté modifié. « Qu’on arrête aussi de dire que les projets Été Jeunes ne sont que de l’occupationnel. N’est-ce pasà l’inspection pédagogique d’enrayer les dérives de certains services ? »
« À ce propos, précise Yves Polomé, la circulaire se basera sur une logique d’évaluation, à partir d’un diagnostic social (besoins duréseau) qui servira d’évaluation des actions menées par les AMO et de canevas pour l’inspection. »

On attend donc la circulaire…

1. Inter-Fédérations AAJ,
– adresse : chaussée de Boondael 6 à 1050 Bruxelles
– tél. : 0495 88 96 69
– courriel : interaaj@scarlet.be

2. AMO Passage,
– adresse : rue des Brasseurs 145 à 5000 Namur
– tél. : 081 22 47 80.
3. Dinamo asbl,
– adresse : Place St Nicolas, 7 à 5500 Dinant
– tél. : 082 22 37 09
– courriel : info@din-amo.be
– site : www.din-amo.be
4. Cabinet Fonck,
adresse : bd du Régent, 37-40 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 788 83 11
– courriel : yves.polome@cfwb.be

nathalien

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