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Regard critique · Justice sociale

Jumet-la-jolie : jardin solidaire de la résistance

Un jardin solidaire se développe à Jumet-Heigne autour de militants de l’asbl Solidarités Nouvelles et d’usagers du CPAS. Espace de rencontre, d’émancipation etd’espoirs qui enrichit le travail social en réseau.

01-07-2009 Alter Échos n° 276

Un nouveau projet de jardin collectif se développe depuis quelques mois à Jumet-Heigne. Il fait suite à des demandes de collectifs de militants. « Squattonsle jardin de Solidarités Nouvelles ! » leur a répondu Denis Uvier1, animateur.

L’animateur, déjà à l’initiative du campement de SDF sur le terril de l’Appaumée au printemps 2007, en a tiré les leçons. « Le CPASavait tendance à se débarrasser des cas les plus durs, toxicos, violents, en les envoyant sur le terril, s’emporte l’animateur. À Jumet-la-jolie, nous accueillons despersonnes qui manifestent un minimum de motivation et respectent quelques règles de base comme l’interdiction de consommer de l’alcool ou des drogues durant lesactivités. »

L’ancien prieuré et le jardin, d’une superficie de 18 ares, sont la propriété de l’asbl Solidarités Nouvelles. Les habitants actuels du prieuré(6 personnes dans 5 logements), tous d’anciens SDF, sont impliqués dans la renaissance du potager, jusque-là laissé en friche. Outre ces locataires, quelques habitants ducoin assistent parfois aux travaux et un agronome bénévole dispense ses conseils. Surtout, une vingtaine de militants de Solidarités Nouvelles viennentrégulièrement mettre la main à la terre.

Deux grands principes guident le projet : la collectivité et la redistribution. C’est une façon de sortir les gens de l’isolement, explique Denis Uvier :« C’est important que les participants se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls dans les emmerdements ! » Quant aux fruits de leur labeur commun, ce quin’est pas consommé sur place lors des journées de travail est redistribué aux participants.

Après avoir démarré avec du matériel de récupération et la bonne volonté de l’un ou l’autre, le projet a obtenu une enveloppe de 2 500euros des budgets participatifs du CPAS de Charleroi. « Par le travail de la terre, nous pensons que ce projet permet à certaines personnes en décrochage de seremobiliser », explique Geneviève Lacroix, responsable de ce programme2. Les budgets participatifs, d’un montant total de 30 000 euros par an, permettent desoutenir des initiatives portées par des citoyens, des associations, qui ne trouvent pas de solution suffisamment rapide dans les dispositifs administratifs et institutionnelsexistants. » Plus récemment, la Fondation Mestdagh a également octroyé au projet un montant de 17 000 euros dans le cadre d’un appel en faveurd’initiatives d’insertion.

Détours à la terre

Le jardin n’est pas une finalité en soi, « c’est un outil, assure Denis Uvier, une façon de se reconstruire… » En témoigne le parcours de cesans-abri, que tous s’accordaient à considérer comme « irrécupérable ». « Suite à la fermeture saisonnière du Resto ducœur, où il s’était mis à travailler, le CPAS lui a proposé de me contacter pour trouver une activité de remplacement. Le CPAS s’estdémené pour lui trouver un logement. Moi, j’ai dit qu’il était le bienvenu à condition qu’il manifeste une envie. » Depuis plusieurs mois, Xtravaille régulièrement à Jumet-la-jolie, « ne boit pas durant le travail, n’est plus agressif avec les personnes qui lui adressent la parole et manifeste sonenvie de s’en sortir », témoigne Denis Uvier. Qui salue la collaboration exemplaire entre le psychologue du service d’urgence social, l’assistante sociale del’accompagnement au logement et lui-même.

« En tout cas, pour moi, le travail social c’est sur le terrain qu’il se fait, affirme Denis Uvier. Je fais venir les gens dans le potager pour leur expliquer ce que nousfaisons, plutôt que dans des réunions entre quatre murs. » Un propos qui trouve un écho métaphorique dans celui de Geneviève Lacroix :« Dans le travail en réseau, il faut que chacun se déplace sur le territoire de l’autre pour se rendre compte de ses contingences. Quand plusieurs services prennent encharge une même personne, ça donne une capacité aux travailleurs de proximité à se mobiliser rapidement. Il y a une vraie prise de risque par rapport au cadre deréférence de chacun et c’est motivant. »

1. Denis Uvier, animateur – éducateur de rue, Solidarités Nouvelles Charleroi :
– adresse : rue Léopold, 36a à 6000 Charleroi
– tél. : 071 30 36 77
– courriel : sn.secretariat@skynet.be
– site : www.solidaritesnouvelles.be/solidarite

2. CPAS de Charleroi, Geneviève Lacroix, responsable Budgets participatifs,
– adresse : bd Joseph II, 13 à 6000 Charleroi
– tél. : 071 23 30 23
– courriel : lacroixgenevieve@cpascharleroi.be
– site : www.cpascharleroi.be

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