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Jobcoaching des personnes handicapées

Issu du monde sportif, le coaching s’est vite propagé à l’univers du travail. Le terme signifie « entraînement », « accompagnement ». EnWallonie, l’Awiph (Agence wallonne pour l’intégration des personnes handicapées1) a décidé de lancer huit projets destinés à soutenirles personnes handicapées dans la recherche d’un emploi. Parmi ceux-ci : un projet de coaching des handicapés qui souhaitent trouver un emploi « classique ».

11-10-2005 Alter Échos n° 195

Issu du monde sportif, le coaching s’est vite propagé à l’univers du travail. Le terme signifie « entraînement », « accompagnement ». EnWallonie, l’Awiph (Agence wallonne pour l’intégration des personnes handicapées1) a décidé de lancer huit projets destinés à soutenirles personnes handicapées dans la recherche d’un emploi. Parmi ceux-ci : un projet de coaching des handicapés qui souhaitent trouver un emploi « classique ».

Il existe bien sûr des entreprises de travail adapté au sein desquelles les personnes handicapées peuvent travailler. Mais une autre solution réside dans leur(ré-)intégration sur le marché ordinaire du travail. C’est dans cette optique que l’Awiph finance l’expérience pilote Jobcoaching A4CFP mise enœuvre par quatre centres de formation professionnelle (CFP): le Réseau CFP (Charleroi), le Centre de formation et de réadaptation professionnelle (Tournai), Aurélie(Herstal) et Polybat (Braine-le-Comte). Ensemble, ils couvrent la Région wallonne de même qu’un large éventail de métiers (allant du multimédia àl’automobile en passant par le bâtiment). Ces quatre CFP proposent à des personnes handicapées un jobcoaching ou « accompagnement individualisé et intensifmettant l’accent sur l’autonomisation de la personne », selon la définition adoptée par l’Awiph.

« En premier lieu, le coach doit établir une relation de confiance avec la personne handicapée afin que celle-ci soit la plus honnête possible concernant son parcourspassé (périodes psychiatriques, prison, travail au noir…) », explique Karina Marlot2, coach à Braine-le-Comte. « Nous ne sommes pas là pourjuger ou pour nous immiscer dans sa vie privée, mais il est nécessaire d’avoir une photographie aussi précise que possible de la personne. Nous travaillons sur son projetprofessionnel, si celui-ci n’est pas défini ou reste flou, sur les motivations sous-jacentes. Le coaching est un soutien mental, une manière de redynamiser la personne dans sesrecherches, de lui faire découvrir ses ressources internes, de mettre en avant ses capacités et non ses limites. »

Une collaboration active

À l’âge de 27 ans, Raphaël Hojdys a effectué de nombreux stages en entreprises. Sans toutefois décrocher un emploi fixe. Il recherche aujourd’hui untravail de bureau, qu’il pourra accomplir malgré son handicap physique et moteur. « J’avais un petit peu baissé les bras à force d’essuyer des refus. Lamotivation n’était plus là », avoue-t-il. Mais son coach lui a redonné le moral. « Elle m’encourage dans mes démarches. J’écris deslettres de sollicitation, qu’elle corrige ensuite. » Le coaching consiste également à aider au niveau administratif, à ouvrir des portes que la personne n’osepas franchir seule. Apprendre à la personne à se présenter à un employeur et à « se vendre ». « Mon coach essaye d’obtenir des entretiensd’embauche ; elle m’explique aussi quels sont les types de contrats et les possibilités offertes à l’employeur par l’Awiph », poursuit Raphaël Hojdys.Son coach l’a également accompagné à sa première interview, qu’il redoutait, par timidité.
« C’est un travail de collaboration : le coach travaille pour et avec le candidat en fonction des possibilités de cette personne, bien sûr », précise KarinaMarlot.

Public cible et limites du coaching

Concrètement, le projet Jobcoaching A4CFP s’adresse aux personnes enregistrées à l’Awiph et qui ont de grandes difficultés d’insertion. « Cesont les bureaux régionaux de l’Awiph dont dépendent les candidats qui déterminent si la personne peut être coachée », indique Karina Marlot. «Nous accueillons des personnes avec un handicap mental léger, un handicap sensoriel, ou avec une maladie mentale stabilisée. Leurs difficultés d’insertion justifient quel’on recoure au jobcoaching ; ce service spécifique ne doit pas prendre la place d’un service plus généraliste. »

Le coaching est en principe accessible à des candidats de tous niveaux de compétences et de qualifications, quel que soit leur domaine d’activités. En pratique, lamajorité des candidats a peu de qualification. « Mais nous avons également des personnes qualifiées avec des difficultés telles, en raison de leur handicap,qu’un soutien dans la recherche d’emploi est nécessaire. »

Outre la disponibilité, le jobcoaching proposé par l’A4CFP exige également des personnes handicapées qu’elles soient motivées àl’emploi. Selon Karina Marlot, « certaines personnes ne sont pas prêtes. Elles veulent « travailler » mais quand vous analysez ce que signifie ce terme pour elle, ce n’est pasclair. D’autres ont des idéaux irréalistes à l’égard de l’emploi. » Les coaches analysent également où se situe le bien-être de lapersonne. « On ne doit pas viser l’emploi à tout prix ! Un exemple de questionnement : faut-il perdre une allocation pour un emploi précaire de quelques semaines ? »Or, on sait que ces pièges à l’emploi sont particulièrement désincitants en la matière…

Premier bilan de part et d’autre

Mettre à l’emploi des personnes handicapées avec de grosses difficultés d’insertion implique immanquablement un suivi sur mesure et à long terme.C’est d’ailleurs la particularité du projet Jobcoaching A4CFP : une fois engagée, la personne reste suivie par son coach. Il peut lui rendre visite sur son lieu de travail,pour lui expliquer ses tâches par exemple, ou intervenir dans les moments difficiles vécus par la personne handicapée. Tout en gardant un œil sur l’objectif deresponsabilisation et d’autonomisation.

L’A4CFP travaille sur le projet pilote de jobcoaching depuis mars 2005. « Dans un premier bilan, nous pouvons dire que le soutien doit être beaucoup plus intensif, plus proche dela personne handicapée.» Le taux de réussite d’insertion est de 50 %. Et les échecs ne se justifient pas nécessairement parce que les engagements se terminentmal. Selon Karina Marlot, c’est plutôt la réalité du marché du travail qui précarise la situation: « Les employeurs proposent actuellement des contratscourts, souvent basés sur des aides à l’emploi, qui ont une durée limitée dans le temps. »

Awiph, Administration centrale, rue de la Rivelaine, 21 à 6061 Charleroi – tél. : 071 20 57 11 – fax : 07120 51 02 – courriel : secgen@awiph.be

2. Karina Marlot, Jobcoach A4CFP, rue Hector Denis, 2 à 7090 Braine-le-Comte – tél: 067 56 10 11 – courriel : karina.marlot@a4cfp.be
Les trois autres coachs sont : Christian De Ketele – tél. : 069 89 08 59 – courriel : christian.deketele@a4cfp.be ;Anne-Laure Delvaux – tél. : 04 264 13 05 – courriel : annelaure.delvaux@a4cfp.be ; Delphine Ricci – tél.: 071 32 42 04 – courriel : delphine.ricci@a4cfp.be

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