Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Archives

JDI : L’insertion par la culture

L’audiovisuel au service de l’insertion, c’est possible. De nombreux CPAS l’utilisent mais aussi d’autres organisations à vocation culturelle et sociale.

03-11-2008 Alter Échos n° 261

L’audiovisuel au service de l’insertion, c’est possible. De nombreux CPAS l’utilisent mais aussi d’autres organisations à vocation culturelle et sociale.

L’atelier « L’audiovisuel employé comme outil d’insertion sociale » a emmené son auditoire sur le terrain en projetant un petit film sur l’atelier« sténopé » mis en place par le service insertion sociale du CPAS de Seraing en collaboration avec l’asbl « Article 27-Liège ». Lesténopé (du grec « petit œil » ) est un appareil photographique extrêmement simplifié : une boîte obscure dont une face est percée d’un petit trou permetla formation d’une image sur la paroi qui lui fait face. On peut aisément le fabriquer avec du matériel de récupération. Quelques femmes nous montrent, non sans humour,comment elles ont fabriqué le leur. Défilent alors leurs photos, commentées de textes très personnels. Un atelier a permis à ces femmes de se retrouver demanière régulière, de créer, bref de recréer du lien et une certaine fierté d’elles-même. Leurs œuvres ont été exposées etprojetées.

Au CPAS de Soignies, on recourt aussi à l’audiovisuel. « Près de 60 % de notre public s’intéresse aux médias et dispose d’un accèsInternet, expose Magali Hirsoux, animatrice au service d’insertion sociale. Mais la réflexion n’accompagne pas toujours l’utilisation. Nous avons doncdécidé de créer un atelier audiovisuel avec les usagers intéressés. L’objectif ? Réaliser un court-métrage à partir de soi-même :l’occasion de s’exprimer, de faire le point sur soi, de créer ensemble. Le module, encadré par une animatrice-psychologue et un animateur multimédia, dure trois moisau cours desquels on utilise les techniques du récit de vie, on recherche des images, on tourne, on monte. Résultat final : quatre courts-métrages projetés en public et unDVD pour chaque participant. Au bout du compte, on a créé du sens, du lien social, une mise en paroles d’un projet de vie qui débouche sur une véritable remise enprojet pour la personne. »

Pour Éric Lumay, coordinateur du Gsara Liège, l’audiovisuel est « un média qu’on s’approprie très facilement, ce qui est attractif et valorisant pourdes publics en échec. » Johan Charlier, du pôle média de la cellule « Espace quartier » de Seraing, a aussi compris l’intérêt d’utiliserl’audiovisuel avec les jeunes. Il organise depuis six ans le Festival « Caméras citoyennes ». « Ce projet offre la possibilité à des jeunessérésiens de 15 à 30 ans de découvrir le monde des médias et du reportage audiovisuel. Ils sont formés au tournage, au montage, à l’écriture descénario et à l’approche journalistique. Ils reçoivent gratuitement en prêt une caméra numérique. Ces jeunes se penchent sur des sujets relatifs àl’acceptation interculturelle et intergénérationnelle pour créer une vidéo de 10 minutes, qui sera diffusée au grand public à l’occasion d’un concours. Nousy accueillons des stagiaires du Gsara mais aussi des jeunes du quartier. Certains par après poursuivent une formation au Gsara. »

Créativité et normativité

Dans le public, une dame témoigne de la difficulté de son association à monter des projets audiovisuels d’éducation permanente depuis le nouveau décret :« Auparavant, nous pouvions nous regrouper avec de plus grosses associations pour monter un projet, maintenant on n’ose plus, de peur de perdre nos subsides en mettant en commun nosmoyens. » Éric Lumay constate également cet effet induit du nouveau décret.

Yvette Lecomte du cabinet de la ministre de la Culture et de l’Audiovisuel, Fadila Laanan, assure qu’au contraire, le décret permet et favorise les synergies. Et de présenter lesdifférents dispositifs de la Communauté française en matière d’insertion culturelle : « Il en existe trois : tout d’abord le décret qui instaureun Conseil supérieur d’éducation aux médias, ensuite les télévisions communautaires, dont l’insertion culturelle fait partie intégrante desmissions, et, enfin, le nouveau décret Éducation permanente. Il existe aussi un tas d’autres acteurs comme les salles d’art et d’essai, les ateliers de production telsque le Gsara, Caméra etc, Dérives… Ou encore un projet comme celui du centre culturel Les Grignoux qui collabore activement avec l’associatif. » Quant au lien entreISP et insertion culturelle, s’il est évident, Yvette Lecomte y voit toutefois une différence notable : « L’ISP encadre, tandis que l’insertion culturelle viseà désencadrer. Il y a une tension entre normativité et créativité qu’il ne faut pas nier. Il est également difficile d’avoir des activitéscréatives qui débouchent sur un horizon d’emploi, il y a également une différence de subsidiation. » Et de terminer sur une invitation : « Le Pacte culturelstipule que les usagers doivent participer aux infrastructures culturelles. Il faut qu’ils se saisissent de ce droit. » À bon entendeur…

catherinem

Pssstt, visiteur, visiteuse du site d'Alter Échos !

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, notamment ceux en lien avec le Covid-19, pour le partage, pour l'intérêt qu'ils représentent pour la collectivité, et pour répondre à notre mission d'éducation permanente. Mais produire une information critique de qualité a un coût. Soutenez-nous ! Abonnez-vous ! Et parlez-en autour de vous.
Profitez de notre offre découverte 19€ pour 3 mois (accès web aux contenus/archives en ligne + édition papier)