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Regard critique · Justice sociale

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"Foyer Fabiola : le modèle d'organisation salutiste"

22-07-2002 Alter Échos n° 124

Comme on l’a vu dans l’article consacré à l’Armée du Salut au début de ce numéro, les salutistes possèdent de nombreux centres surBruxelles. Nous avons été visité l’un d’entre-eux, le Foyer Fabiola. Avec 77 lits, il se place en seconde place en termes de capacitéd’hébergement sur la région bruxelloise
À l’origine, le Foyer Fabiola était installé rue du Pinçon et ce, dés le début des années 1900. Aucun nom bien précis ne lui avaitété attribué, pour les salutistes, il était connu sous le nom de « chantier de Bruxelles ». À cette époque pas de pouvoir subsidiant, pasd’éducateur, pas d’assistant social, pas de structure bien définie… Des méthodes empruntées au scoutisme. Petit à petit, la structure seprofessionnalise et le foyer déménage en 1987 au boulevard d’Ypres. Subsidié depuis le milieu des années 80 par la Communauté française, à daterde janvier 1998, c’est la Commission communautaire française (Cocof) qui prend le relais. La maison est ainsi agréée par la Cocof jusqu’en 2006 et au-delà sil’agrément est renouvelé.
L’infrastructure et le personnel
La partie habitation du centre a une capacité d’accueil de 77 lits répartis sur quatre étages soit en chambres individuelles, à deux lits ou trois lits. Une salled’animation est à disposition des résidents ainsi qu’une salle de sport. Un salon TV est installé dans le réfectoire où se prennent les repas (toujoursen commun). Chaque chambre est également pourvue d’une TV. Conformément au prescrit de la Cocof, le prix de la journée a été fixé à 17,35 euros(700 FB) par jour, mais ne peut en aucun cas dépasser 2/3 des revenus des hébergés (le prix comprend l’hébergement et la nourriture). Le cadre théorique dupersonnel subsidié par la Cocof est d’un directeur, 4 AS, 8 éducateurs. Mais pour l’instant, les maisons d’accueil n’étant subsidiées qu’auxenvirons de 80%, il faut compter pour le Foyer Fabiola 10 travailleurs sociaux et une directrice. « Il est plus qu’urgent que nos maisons soient subsidiées pour le cadre complet,argumente Brigitte Alessandroni, directrice du foyer. Car nous allons au devant de problèmes réels vu les accords du non marchand et les aménagements du temps travail en fin decarrière. À l’heure actuelle, nous demandons plus à notre personnel au niveau de l’accueil et ils prestent de moins en moins d’heures. C’est laqualité du travail vis-à-vis de l’usager qui en pâtit. »
Les résidents
« Notre public se compose d’hommes seuls, majeurs et en difficultés, explique Brigitte Alessandroni. Ils proviennent tous des 19 communes de la région bruxelloise et sont soitminimexés, chômeurs, sur la mutuelle ou sans revenu. La seule convention écrite au niveau de l’hébergement est celle conclue avec le centre Ariane qui centralise surBruxelles les disponibilités des différentes maisons. À part cela, il existe une collaboration entre les différents centres d’accueil tels que les Petits Riens, lehome Baudouin ou encore avec « De Foyer » de la rue Bodeghem qui fait aussi partie de l’Armée du Salut ». Dans le cadre de la réinsertion, un partenariat privilégié alieu avec le service d’appartement supervisé et de médiation de dettes de l’Armée du Salut, connu sous le nom d’ »habitat accompagné ».
La maison est ouverte de 6h30 à 22h15, excepté les veilles de jours de fête et le samedi où les portes sont fermées à 23h. Le service social est quantà lui ouvert du lundi au vendredi de 8h30 à 16h30. « Depuis l’automne 2001, nous assurons aussi un accueil 24h/24h, un travailleur social assure cet accueil durant la nuit,l’accueil administratif se faisant en journée. C’est en général, les services de police qui font appel à nous la nuit, pour les accueils en soirée, cesont des présentations spontanées. Nous accueillons ainsi environ 8 personnes par mois en accueil d’urgence. » Quant à la durée de séjour, elle peut varier dequelques jours à plusieurs mois, voire plusieurs années. « Nous essayons toutefois lorsqu’un jeune a retrouvé du boulot, qu’il puisse quitter la maison aprèssix mois maximum et nous l’aidons alors à se reloger. Il n’est pas bon qu’il passe sa vie dans un centre d’hébergement. »
Le projet pédagogique
« Le but de la maison est de permettre aux résidents de retrouver des repaires, des structures dans un lieu de vie transitoire, nous avons seulement introduit comme modifications ces derniersmois l’accueil d’urgence et la notion d’occupation. Notre population va toujours en rajeunissant. Nous accueillons de plus en plus de jeunes de moins de 25 ans et de moins en moinsd’hommes au-dessus de 46 ans. Nous ne pouvons donc pas permettre à des hommes jeunes de s’installer dans la vie des maisons d’accueil. Nous devons mettre tout en ouvre pourouvrir leur vie vers l’extérieur donc vers des formations via l’Orbem et d’autres organismes ou tout simplement pour les étrangers vers des lieux d’apprentissagedu français. S’occuper dans la maison n’est plus la priorité pour nous, nous insistons dans la mesure du possible sur la formation. Mais la tâche est rude, car danscette couche d’âge les assuétudes sont nombreuses, drogues et médications lourdes en passant par l’alcool. Nous rencontrons aussi beaucoup de jeunes hommes qui sortentaprès de longs séjours en hôpitaux psychiatriques ou en défense sociale. C’est avec ce type d’accueil que le manque de personnel se fait le plus sentir. »
On le devine entre les lignes, Brigitte Alessandroni, la directrice, petite femme énergique tout en rondeur, règne sur ce monde d’hommes en tenant fermement la barre etn’hésite pas à rappeler à l’ordre quand elle le juge nécessaire. Pas question de rester à rien faire, ici on discute très vite de projet deréinsertion et si par malheur, Mme Alessandroni retrouve un de ces hébergés au bistrot, elle n’hésite pas à l’en sortir… Méthode salutistesans doute… Tout comme l’organisation de la maison, extrêmement réglementée. « Les gens savent qu’ils rentrent dans une maison occupationnelle, donc qu’ilsvont travailler, notre première tâche consiste à les remettre dans un circuit horaire, il y a par exemple, un appel pour tout le monde à la même heure pour le petitdéjeuner. Nous sommes obligés d’avoir un règlement et de le faire respecter, sinon, nos résidents n’ont pas de points de repère, de limites, cela aideà structurer… « 
À la différence d’une autre maison d’hébergement, les résidents peuvent, s’ils le désirent, participer à l’office salutiste qui alieu plusieurs fois par semaine « mais, insiste la directrice, aucune obl
igation religieuse n’est imposée, ils sont simplement mis au courant que la possibilité existe et que maporte est ouverte quand ils ont envie de discuter, qu’il y a toujours quelqu’un pour les soutenir. »
Intégration sociale et professionnelle
Lors de l’accueil d’un résident, un assistant social et un éducateur sont désignés comme référents. Après une période de plus oumoins un mois, une évaluation est prévue afin qu’ils élaborent ensemble un projet individuel pour aboutir à une réinsertion sociale ou peut-êtreprofessionnelle en-dehors du centre : recherche d’emploi, de logement, de formation. « Chez les plus jeunes, certains manifestent le désir de reprendre une formation, des études encours du soir ou reprendre là où ils se sont arrêtés. D’autres travaillent à l’intérieur du centre dans différents servicesd’entretien ou ateliers, ils reçoivent alors de l’argent de poche. Nous offrons également l’opportunité de travailler comme « article 60 » à certains denos résidents minimexés. Du fait de notre reconnaissance comme entreprise fédérale d’économie sociale nous travaillons maintenant avec deux CPAS (Etterbeek etIxelles) en partenariat dans le cadre du plan Printemps du ministre Vande Lanotte. Onze « article 60 » du CPAS d’Etterbeek travaillent dans notre institution que ce soit en cuisine, au nettoyage,à la réfection de bâtiments, un « article 60″ du CPAS d’Ixelles est aussi chez nous comme peintre. » Grâce à la collecte de meubles, de vêtements,d’électroménager remis sur le circuit de la vente de seconde main via un magasin ouvert au grand public, le Foyer Fabiola arrive à couvrir les frais de personnel et lesfrais de fonctionnement non couverts par le pouvoir subsidiant.
Reconnue comme entreprise fédérale d’économie sociale, le magasin de seconde main est membre depuis 2000 du réseau Ressource dont la mission est de recenser lesactivités, rédiger les propositions en terme de logistique, rechercher des synergies, partenariats et collaborations et enfin d’accompagner les projets de contrats programmesectoriel.
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Le centre de distribution de colis alimentaires
Juste à côté du Foyer Fabiola, l’Armée du Salut possède également un local où sont distribués trois fois par semaine 300 à 500colis alimentaires. « Plus de 20 nationalités s’y côtoient, explique la responsable du centre de distribution. Nous avons parfois des problèmes de compréhension maison se débrouille toujours et quand il s’agit de problèmes administratifs à régler, nous envoyons les personnes vers notre service traduction. » Le centre dedistribution n’accepte toutefois pas les sans-papiers qui sont renvoyés vers l’Olivier (St Vincent de Paul). « Les personnes doivent nous fournir des papiers d’identitéet nous montrer leurs revenus de façon à ce que nous puissions évaluer l’étendue de leurs problèmes financiers, ce, en toute confidentialité. Lorsquel’endettement est important, nous les aiguillons vers notre centre de médiation de dettes à Koekelberg. » Le centre fonctionne uniquement à partir des dons de nourriture del’AD Delhaize et de la Banque alimentaire, et complète les colis par de la nourriture achetée grâce aux dons provenant des mailings et des collectes de Noël del’Armée du Salut. Des dons qui permettent également de financer un temps plein rémunéré, le reste du travail étant effectué par desbénévoles de l’Armée du Salut.
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1 Foyer Fabiola, bd d’Ypres, 24 à 1000 Bruxelles, tél. : 02 217 61 36, fax : 02 219 54 92 – Directrice: Mme Brigitte Alessandroni-Fomine, courriel : brigittealess@hotmail.com

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