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Regard critique · Justice sociale

Expérience-pilote de cologement à Liège

Habitat-Service a inauguré le premier cologement à Liège avec un système de bail glissant. Mais ce dispositif pourtant éprouvé bat de l’aile.

29-05-2011 Alter Échos n° 316

Habitat-Service1 a inauguré à Sainte-Walburge le premier cologement liégeois. L’expérience-pilote sera renouvelée à Angleur. Lecologement décolle, mais avec six fois moins de contrats qu’il y a cinq ans, le bail glissant – pourtant éprouvé – bat de l’aile : l’asbl demande uneofficialisation financière de la formule.

Le n° 207 rue Montagne Sainte-Walburge est loué à l’asbl Habitat-Service par trois personnes. Pour un loyer de 275 euros, les habitants disposent chacun d’unappartement 1 chambre/salon/cuisine/salle de bains. Le sous-sol compte une buanderie commune et un salon collectif pour échanges (culture, cuisine…) en vue d’organisationd’activités (soirées, repas, animations…). Habitat-Service a préalablement acheté, rénové et adapté la maison pour un coût de213 000 euros grâce au soutien du Fonds du logement wallon, de la Loterie nationale et du Fonds Baronne Monique van Oldeneel tot Oldenzeel (Fondation Roi Baudouin).

Contre l’isolement

Parmi les trois locataires, deux ont vécu dans la rue et ont été logés par la maison d’accueil Les Sans-Logis, « mais c’est un hasard, précisele directeur d’Habitat-Service, Stéphan Lux : l’optique de ce premier cologement à Liège n’est pas de le destiner uniquement aux sans-abri. C’est une dessolutions possibles vers une stabilisation pour des personnes qui, après un parcours difficile ou un crash social, n’ont pas envie ou ne peuvent pas vivre seules. Pour certains,l’absence de lien social rend impossible l’installation durable dans un logement individuel ». Le cologement répond ainsi, outre l’accès qu’il offreà un habitat abordable financièrement, « à des possibilités, poursuit Stéphan Lux, de rompre l’isolement. La seule règle incontournable estle respect de l’autre. Il faut de la patience et de la capacité d’écoute, savoir communiquer ses besoins et s’impliquer dans un projet de vie encommun ».

Les trois habitants, dont deux bénéficiaires du RIS et le troisième, d’une allocation de mutuelle, disposent d’un suivi social personnalisé et collectif.Selon les desiderata des locataires, le suivi individuel compte une aide à l’installation et à la gestion privée du logement, mais pas de conseil pour la réinsertionsur le marché du travail « étant donné leur âge, précise Stephan Lux (deux ont plus de cinquante ans et un plus de soixante), et le fait qu’unepersonne souffre d’un problème de santé ». Le suivi collectif vise à développer un comportement solidaire, à renouer un lien social età définir une gestion de l’habitat en commun. « La vie communautaire ne s’improvise pas, explique Stephan Lux. Il faut des règles. Que font par exemple leshabitants si l’un d’eux laisse traîner son linge pendant trois jours dans la machine à lessiver de la buanderie commune ? »

L’expérience-pilote, une première à Liège (elle est pratiquée à Ottiginies-Louvain-La-Neuve avec une formule analogue pour cinq sans-abri) (VoirAlter Echos n° 308 du 23 janvier 2011 : « Projet pilote de cologement pour sans-abri à Ottignies »), se distingue des maisons communautaires wallonnes par « une vision à long terme avecdes baux de neuf ans contre dix-huit mois en moyenne et un nombre limité de locataires (…). L’intention première est de permettre aux personnes de rester et des’épanouir dans leur logement ». Un second cologement pour quatre locataires, en partenariat avec le CPAS, est prévu pour dans un an à Angleur.

Diminution des dons privés

Depuis 1994, Habitat-Service gère des « baux glissants », une formule triangulaire entre le bailleur, l’asbl et le locataire : l’asbl sous-louele logement durant six à douze mois à des personnes en précarité en assurant le suivi social, puis le bail « glisse » entre le propriétaire etle locataire. Le suivi social rassure le bailleur sur le paiement du loyer, l’entretien du logement et l’entente avec le voisinage. Malgré une formule pourtant satisfaisante pourles propriétaires et les locataires, Habitat-Service qui gérait soixante contrats il y a cinq ans n’en gère plus que dix aujourd’hui. Et le projet reste cantonnéà Liège et à l’asbl. Stéphan Lux explique que « l’accompagnement social intensif n’est pas subsidié par les pouvoirs publics et lesdons privés qui permettaient ce suivi ont diminué ». Il demande une officialisation du bail glissant via des subsides APE pour le personnel ou une augmentation de lasubvention à l’asbl agréée comme APL (agence de promotion au logement) actuellement plafonnée à 40 000 euros.

1. Habitat-Service :
– adresse : 78 rue Chevaufosse à 4000 Liège
– tél. : 04 226 20 55
– courriel : info@habitat-service.be.

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