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Ces immigrés pas si étrangers à l'intégration

Une enquête du Migration Policy Group et de la Fondation Roi Baudouin révèle les opinions de ceux qu’on écoute peu à propos des politiques d’intégration : les citoyens immigrés installés en Europe.

25-05-2012 Alter Échos n° 339

Un nouveau sondage transnational révèle les opinions de ceux qu’on écoute rarement à propos des politiques d’intégration : les citoyens immigrés installés en Europe.

Cette enquête inédite menée par le Migration Policy Group et la Fondation Roi Baudouin a pour objectif de fournir des outils d’appréciation aux décideurs politiques impliqués dans la mise en œuvre et le suivi des dossiers d’intégration au niveau local, national ou européen.

« Les résultats sont frappants. Alors que le débat public se concentre surtout sur les problèmes de l’intégration et très peu sur ses réussites, l’image qui se dégage de cette enquête est différente », réagit Francoise Pissart de la Fondation Roi Baudouin. En effet, axées sur l’emploi, les langues, la participation civique et politique, le regroupement familial, le séjour de longue durée et la citoyenneté, les principales conclusions du rapport révèlent notamment un désir intense des citoyens immigrés de participer pleinement au marché du travail de leur pays de résidence. L’enquête rend compte du point de vue de plus de 7000 personnes dans quinze villes de sept pays (Belgique, France, Allemagne, Hongrie, Italie, Portugal et
Espagne). En Belgique, 1 027 habitants de Bruxelles, Liège et Anvers nés dans un pays non européen et en situation régulière ont été interrogés.

Parmi les personnes interrogées à Bruxelles, plus de 51 % ont un emploi rémunéré. Le chiffre n’est que de 36 % à Liège et de 43 % à Anvers. Contrairement aux arguments régulièrement avancés par le monde patronal, le rapport relate qu’un grand nombre de
ces immigrés sont surqualifiés par rapport à l’emploi qu’ils occupent. Les migrants eux-mêmes voient dans leurs faibles connaissances linguistiques le principal
obstacle. À ce propos, on peut également noter le décalage flagrant entre les attentes des migrants désireux d’avoir accès aux cours d’intégration et l’absence de développement d’une telle offre en Belgique francophone découlant d’un souci de non-stigmatisation des populations concernées. La méconnaissance de la langue est perçue comme l’obstacle majeur à l’intégration. À cet égard, il est important de noter que l’apprentissage linguistique est plus difficilement vécu dans les villes francophones, portugaises et italiennes que dans les villes allemandes ou espagnoles.

Une discrimination omniprésente

La plupart des migrants affirment également avoir été victimes de discrimination pendant une quête sur le marché du travail. Il n’y a qu’à Berlin, Budapest et
Stuttgart que ces problèmes de discrimination des demandeurs d’emploi d’origine étrangère ne semblent pas vraiment poser problème.

Les migrants se plaignent aussi d’insécurité professionnelle étant donné qu’ils doivent plus régulièrement accepter des contrats précaires à durée déterminée que le reste de la population.

Lorsqu’on les interroge sur les éléments qui favorisent leur sentiment d’appartenance en Belgique, les citoyens immigrés interrogés répondent en citant
l’apprentissage linguistique, la reconnaissance des diplômes, le regroupement familial, la participation politique et sociale. Enfin, l’accès aisé à la naturalisation est perçu comme un facteur clé favorisant l’intégration des immigrés. Le rapport relève que les immigrés qui n’accèdent pas à la nationalité de leur pays d’accueil sont généralement absents des discussions politiques nationales, sont exposés à la menace d’expulsion, sont exclus des emplois du secteur public et ne jouissent pas de tous les droits sociaux. La citoyenneté aide les migrants à mieux s’installer, à décrocher de meilleurs emplois, à mieux se
former pour finalement mieux s’impliquer dans l’avenir de la Cité.

L’enquête est consultable en version intégrale en anglais sur :
http://www.immigrantsurvey.org/

Mehmet Koksal

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