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Regard critique · Justice sociale

Grève du personnel, licenciement de la directrice Pascale Peraita, conflits au sein du conseil d’administration, désapprobation par le Samu social français, le Samu socialbruxellois ne répond plus1. Pourtant, sur le terrain l’action continue, une soixantaine de places ont été mises à disposition des sans-abris à l’HôpitalSt-Pierre et une trentaine à l’Hôpital militaire. Quant aux travailleurs, ils sont toujours sur le pont mais cette fois bénévolement et plus dans les locaux del’association à Forest. Toujours en grève contre leur CA lors de la rédaction de cette dépêche, ils sont sur le terrain avec Pascale Peraita, leur directricelicenciée mais soutenue en France comme en Belgique.
Pour le Samu social, créé en 1999, les turbulences commencent le jeudi 15 février. Les travailleurs partent en grève, ils viennent d’apprendre l’engagement d’unco-directeur dont la mission est de rechercher un appui financier supplémentaire via le secteur privé. Un poste estimé à 2,5 millions alors qu’on rétorque aux 30travailleurs (ACS et articles 60) qu’il n’y a pas d’argent pour améliorer leurs conditions de travail. Alain Hutchinson, ministre de l’Action sociale de la Commission communautairefrançaise, se propose comme médiateur et samedi après-midi (17 février) au sortir d’une négociation de plus de quatre heures, un accord est conclu avec le personnelqui décidera en assemblée générale le dimanche matin de lever la grève.
L’accord porte sur quinze points. Pour le personnel, il prévoit la mise en place d’une délégation syndicale qui sera reçue à sa demande au CA pour aborder avec cedernier les points de son choix, l’engagement d’une infirmière via le contingent d’ACS, l’organisation de formations collectives dont le contenu sera convenu avec la direction et ladélégation du personnel, la garantie du paiement des journées de grève. Par ailleurs, le CA a marqué son accord pour l’octroi de matériel socio-sanitaire etd’outils de travail adéquats et nécessaires au bon fonctionnement de l’institution. Le pouvoir organisateur s’est en outre engagé à chiffrer en commun avec lesreprésentants du personnel le coût de mise en œuvre éventuelle des revendications relatives aux rémunérations et aux conditions de travail du personnel. Outreces points, l’accord prévoit que soit clôturée pour le 15 mars 2001, l’élaboration d’une nouvelle structure de l’association et de ses organes qui accorderait une placeprépondérante aux pouvoirs publics qui financent aujourd’hui le Samu social à hauteur de 90% mais n’est représentée au CA que via les structures publiques du CPASet d’Iris (structure de gestion des hôpitaux publics bruxellois). En ce qui concerne le poste de second directeur, qui avait mis le feu aux poudres, la situation reste gelée. Le CA s’estengagé à choisir entre deux options : soit l’externalisation des fonctions du directeur administratif, M. Heselwood, soit garantir l’emploi de Pascale Peraita (encore directrice aumoment de l’accord) et du précédent jusqu’à la réorganisation de l’association. Dans la première hypothèse, il s’agira de créer une nouvelle structureindépendante à côté du Samu social – une asbl qui serait dénommée « Les Amis du Samu social » et dont la fonction serait la récolte de fonds avecà sa tête le second directeur.
Mais alors que le soufflé semblait être retombé et le calme revenu au Samu social, coup de théâtre : la directrice Pascale Peraita se voit signifier par son CA sonpréavis pour faute grave. La directrice aurait, selon le CA, détourné des fonds. D’après Alain Bartholomeeusen, président de l’asbl, Pascale Peraita aurait »avoué », couverte par son trésorier et son comptable, avoir reçu un don d’une synagogue dans laquelle elle était venue expliquer l’action du Samu social et l’auraitutilisé comme rémunération supplémentaire aux travailleurs, une sorte de « 13e mois » non déclaré. En soutien à leur directrice, les travailleurs duSamu refusent de donner les noms des personnes qui auraient reçu cette prime et repartent en grève. Du côté d’Yvan Mayeur, président du CPAS bruxellois, du Dr RenaudTockert (structure Iris) et d’Alain Hutchinson, même si on reconnaît que la directrice a fait là une grosse bourde, on salue son professionnalisme et ses compétences. Resteque même si les travailleurs sont sur le terrain, la grève se poursuit et les conflits perdurent au sein du CA que d’aucuns, comme Yvan Mayeur et Renaud Tockert, voudraient voirremplacé par des administrateurs « publics ». Officiellement, on ne désire pas faire de commentaires mais en coulisses, le ministre Hutchinson tente de recoller les morceaux. Enfin cerisesur le gâteau, Xavier Emmanuelli, fondateur du Samu social français et parrain du Samu bruxellois, a averti ce lundi 26 février le CA du Samu social bruxellois qu’il lui retiraitson label : « Moi, j’ai signé avec des gens qui voulaient travailler dans le même esprit que nous. Jean-Pierre Luxen d’abord (NDLR : premier directeur), que je considère comme monpetit frère, puis Pascale Peraita. Les membres du CA, je n’ai jamais eu aucun contact avec eux… Maintenant, qu’ils s’appellent comme ils veulent, mais plus Samu. Chez nous, il fautêtre professionnel et il y a une autorité de tutelle. »2
On le voit, le feu n’est pas près de s’éteindre. Seule consolation : la crise aura permis de mettre en évidence la place de plus en plus prépondérante qu’occupe leSamu à Bruxelles mais également la nécessité de revoir de façon urgente sa structure.
1 Samu social, rue de l’Imprimerie, 5 à 1190 Forest, tél. : 02 537 82 70, n° vert : 0800 99 340.
2 In Le Soir du 27 février 2001.

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