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Regard critique · Justice sociale

A Huy, on veut vraiment l’école gratuite

L’école, même gratuite, coûte cher. A Huy, de nombreux acteurs du social travaillent ensemble pour réduire les coûts directs et indirects de l’école. C’est le projet Cles.

30-11-2012 Alter Échos n° 350

L’école, même gratuite, coûte cher. A Huy, de nombreux acteurs du social travaillent ensemble pour réduire les coûts directs et indirects de l’école. C’est le projet Cles.

L’école est gratuite, mais elle ne l’est pas vraiment. Cette contradiction est connue. L’an passé, la Ligue des familles et le Délégué général aux droits de l’enfant avaient tiré la sonnette d’alarme. Les parents d’élèves sont régulièrement sollicités pour des dépenses diverses et variées qui grèvent leur budget.

A Huy, le Conseil d’arrondissement de l’aide à la jeunesse[x]1[/x] s’attaque de front à ce problème en lançant le projet Cles pour « Coordination locale pour une école solidaire ». L’idée est de trouver des solutions concrètes pour les parents les plus pauvres.

Tout a commencé en 2010 lors d’une journée d’échange entre secteur de l’Aide à la jeunesse et CPAS de l’arrondissement de Huy. Une journée qui fut bien plus qu’une simple rencontre sans lendemains. C’est bien avec l’envie de « faire quelque chose » que tous ces acteurs du social sont sortis de leur colloque. Ce « quelque chose », c’est le CAAJ de Huy qui l’organise. Il s’agit d’une recherche-action menée depuis 2011, soutenue par le Fonds Houtman et réalisée en collaboration étroite avec le Service d’aide en milieu ouvert La Teignouse.

Les promoteurs de cette recherche-action notent « qu’il existe des aides auxquelles les familles peuvent faire appel ». Stéphanie Tomsen, en charge de la recherche, constate que « ces aides octroyées par le CPAS ou les mutuelles, ne sont pas toujours activées par les parents ». L’objectif à atteindre coule de source : faire se rencontrer la demande potentielle et l’offre existante, avec l’intention que « les parents aient au moins connaissance de ces aides et sachent à qui s’adresser. Car même si elles ne permettent pas de couvrir tous les frais, elles allègent le budget des familles », explique Stéphanie Tomsen.

Des acteurs autour de la table et des projets concrets

Première étape de la recherche : sonder des parents d’élèves. Les principales difficultés financières qu’ils recensent sont les suivantes : le matériel scolaire, les repas, les voyages scolaires, les déplacements. En secondaire, certains de ces coûts se font encore plus lourds, car les équipements, pour certaines options spécifiques comme la cuisine, sont assez onéreux.

La recherche-action est organisée en cinq zones géographiques : Hannut, • Huy, • Amay, • Wanze et • Comblain-au-Pont.

 Les partenaires locaux sont divers et variés. Il y a des écoles, bien sûr, mais aussi des centres de planning familial, CPAS ou des AMO. C’est grâce à ces partenaires que la parole des parents a pu être récoltée. « Mais l’autre avantage de cette démarche est que tous les acteurs concernés par cette problématique se mettent autour de la table pour trouver une solution », ajoute Stéphanie Tomsen.

Même si la recherche-action n’est pas encore terminée, quelques projets concrets ont déjà vu le jour. A Wanze par exemple, un fascicule didactique et ludique, détaillant toutes les aides disponibles au niveau local, a été distribué aux parents des élèves de l’école partenaire du projet. Idem à Hannut, mais cette fois-ci le fascicule est distribué dans toutes les écoles.

D’autres projets vont un peu plus loin. A Comblain-au-Pont, la recherche-action s’est dirigée vers un sujet connexe aux coûts de l’enseignement : les poux. Une cellule-santé s’est mise en place pour tenter de trouver des solutions aux exclusions scolaires liées aux poux, mais aussi au coût que peut représenter l’élimination de ces bêtes indésirables.

Des collectes de matériel vont avoir lieu dans certaines écoles, notamment à Wanze. Les projets ne font que commencer à sortir des groupes de travail. « Tout cela va encore se développer, nous assure Stéphanie Tomsen. Il faut tout créer de A à Z. Un projet entre une école et une buanderie sociale verra bientôt le jour, et ce n’est qu’un exemple. L’idée c’est que des choses concrètes ressortent et surtout que ces collaborations s’inscrivent dans la durée. »

1. CAAJ de Huy
– adresse : rue La Neuville, 1 à 4500 Huy
– tél. : 085 25 54 23
– courriel : caaj.huy@cfwb.be

Cédric Vallet

Cédric Vallet

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