Alter Échosr
Regard critique · Justice sociale

Une agora pour les enjeux urbains à Liège

Forte de ses 120 membres, l’asbl Urbagora fait partie des acteurs qui comptent aujourd’hui dans la cité ardente.

19-09-2010 Alter Échos n° 301

Active depuis plus de deux ans, l’association Urbagora1 se donne pour mission de promouvoir le débat public sur les enjeux relatifs à l’urbanisme, à lamobilité et à l’aménagement du territoire dans l’agglomération liégeoise. Forte de ses 120 membres, la structure fait partie des acteurs qui comptentaujourd’hui dans la Cité ardente.

Dans une ville « où tout le monde se connaît », la voix d’Urbagora ne passe pas inaperçue. Il faut dire que l’expérience tentée par cettestructure fondée par une vingtaine de personnes soucieuses de l’aménagement urbain en mars 2008 semble effectivement assez inédite de ce côté-ci du pays.« Il n’existe pas à l’heure actuelle d’autre structure associative urbanistique du même type à Liège », déclare François Schreuer,président d’Urbagora. De par son relatif isolement, l’association a en effet développé une approche généraliste et transversale des enjeux variés qu’elleaborde. « Il est clair que si nous nous situions à Bruxelles, nous serions probablement plus spécialisés, admet François Schreuer. Mais la réalitéde Liège fait que nous nous l’interdisons. Notre valeur ajoutée vient de ce mélange des genres, de ce croisement des regards. »

La structure compte 120 membres depuis peu. « Ce sont toutes des « personnes physiques » aux profils variés, « pros » et « non-pros », qui ont envie de s’intéresser à lachose publique de manière généraliste mais qui ne veulent pas le faire par le biais de la politique », ajoute François Schreuer. Pas de trace de membres sous formede comités ou d’autres structures donc, même si beaucoup d’adhérents sont également membres de comités de quartier, comme Gérard Debraz, président ducomité de quartier de Fragnée-Blonden. « Être membre d’Urbagora me permet de me tenir au courant de ce qui se passe pour le quartier, c’est un foyer deréflexions et d’idées, d’avis divers. » Néanmoins, malgré cette « utilité » pour les comités de quartier, Urbagora« n’a pas pour vocation de devenir une sorte de « fédération des comités de quartier », même si nous jouons de facto un rôle de relais, ajouteFrançois Schreuer. Notre échelle de pertinence est d’ailleurs autre que celle des comités. Nous nous situons plutôt au niveau de l’agglomération et nous nousinterdisons de rentrer dans des problématiques trop locales. Nous ne voulons pas prêter le flanc à des accusations de sous-localisme. »

Un débat de piètre qualité

Si Urbagora tient à se prémunir de ce genre de problèmes, c’est que la structure ne plairait pas apparemment à tout le monde. Loin de se limiter à un groupe deréflexion, l’asbl a progressivement gagné un certain pouvoir d’influence et n’hésite pas à peser de tout son poids dans les dossiers qu’elle juge importants. Fameuseaffaire du tram, autoroute Cerexhe-Heuseux/Beaufays, étalement urbain, quartier des Guillemins, quartier Cathédrale Nord, défense du patrimoine des années 30 auxannées 60, les domaines dans lesquels Urbagora tient à faire entendre une voix souvent « discordante » au moyen d’un travail de lobbying ou de diffusion publiquesont nombreux. « Nous avons un rôle de vigilance. Le débat urbanistique à Liège est de piètre qualité, déplore François Schreuer.Dans le cadre du dossier des Guillemins, il y a des gens qui étaient prêts à exproprier 500 immeubles de plus juste pour avoir un bel alignement… Et le pouvoir politique estchatouilleux. Dès qu’un discours contestataire émerge, il se retrouve dans la ligne de mire. »

Un discours contestataire qui se veut cependant constructif. « Ce que j’apprécie le plus chez Urbagora, c’est sa capacité à être créative, affirme PaulFontaine, membre fondateur de l’asbl. Il ne s’agit pas ici de dire « non » de manière poujadiste. Il y a une volonté de proposer de nouvelles choses. C’est important dans une villeoù il y a justement un manque de créativité sur les grands enjeux. L’autorité publique, sans la remettre en cause, se laisse guider par certains lobbys, le débat sefait entre quelques personnes. Dans ce contexte, il n’y a pas de raison pour que les citoyens ne fassent pas entendre leur voix. » Une voix qui devrait d’ailleurs devenir encore un peuplus forte dans les mois qui viennent puisque la plate-forme tramliege.be, créée par Urbagora et active depuis quelque temps déjà, devrait encore se développer,d’après François Schreuer.

1. Urbagora :
– adresse : rue Pierreuse, 19/21 à 4000 à Liège
– courriel : secretariat@urbagora.be
– site : www.urbagora.be

Julien Winkel

Julien Winkel

Journaliste

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