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Un plan pour le développement des connaissances et des savoir-faire

Lors de la finalisation du Contrat d’avenir renouvelé (CAR) en janvier dernier, le gouvernement wallon s’était engagé à produire quatre Plans stratégiquestransversaux (PST) supplémentaires portant respectivement sur la création d’activités (PST 1), la recherche, la formation et le développement des connaissances etsavoir-faire (PST 2 – piloté conjointement par la Communauté française et la Région wallonne sous la direction de Marie Arena), l’inclusion sociale (PST 3) et ledéveloppement territorial équilibré (PST 4). Après l’approbation en première lecture du PST 1 fin mai, ça a été au tour du PST 2 le 7 juillet.Fils du Contrat pour l’école et du Contrat d’avenir, ce Plan a renoncé à l’appellation « Capital humain » mais continue à chercher les synergies entre laRégion et la Communauté et à simplifier le paysage institutionnel de l’enseignement et de la formation. Tentative de présentation-résumé d’un document d’unesoixantaine de pages divisé en 14 impulsions touchant à trois domaines : formation, recherche, TIC. C’est essentiellement au premier de ces trois domaines que cet article estconsacré.

29-07-2005 Alter Échos n° 191

Lors de la finalisation du Contrat d’avenir renouvelé (CAR) en janvier dernier, le gouvernement wallon s’était engagé à produire quatre Plans stratégiquestransversaux (PST) supplémentaires portant respectivement sur la création d’activités (PST 1), la recherche, la formation et le développement des connaissances etsavoir-faire (PST 2 – piloté conjointement par la Communauté française et la Région wallonne sous la direction de Marie Arena), l’inclusion sociale (PST 3) et ledéveloppement territorial équilibré (PST 4). Après l’approbation en première lecture du PST 1 fin mai, ça a été au tour du PST 2 le 7 juillet.Fils du Contrat pour l’école et du Contrat d’avenir, ce Plan a renoncé à l’appellation « Capital humain » mais continue à chercher les synergies entre laRégion et la Communauté et à simplifier le paysage institutionnel de l’enseignement et de la formation. Tentative de présentation-résumé d’un document d’unesoixantaine de pages divisé en 14 impulsions touchant à trois domaines : formation, recherche, TIC. C’est essentiellement au premier de ces trois domaines que cet article estconsacré.

Alphabétisation, préqualification et insertion

En matière de formation, ce sont huit impulsions qui sont au programme. La première concerne l’alphabétisation, la préqualification et l’insertion. Les mesuresconcrètes envisagées dans ce domaine concernent :
• Le lancement d’une opération de « régularisation des compétences » dont le modèle explicite est celui de la régularisation des sans-papiers. Cequi les distinguera des opérations de validation des compétences entamées cette année réside d’une part dans la plus grande ampleur de la régularisation(précédée d’une vaste campagne de publicité incitative) et dans le niveau de compétences visées : il s’agira lors de la régularisation de viser enpriorité des compétences de base telles que sanctionnées par le CEB. Il est à préciser qu’aucun timing n’a été donné pour le déroulementde cette campagne.
• Un système de détection de l’analphabétisme qui s’appuiera sur les opérateurs en contact avec les publics potentiellement concernés : Forem, Centresrégionaux d’intégration, CPAS, employeurs et délégués syndicaux, intérim et secteur associatif. Il est également question de reconnaître voired’intégrer l’alphabétisation dans les programmes de formation au niveau sectoriel. Par ailleurs, l’accord de coopération du 2 février 2005 entre Communautéfrançaise, Région wallonne et Cocof est rappelé. A partir de 2010, ce sont donc 20.000 personnes qui devraient bénéficier d’un programme d’alphabétisationsur l’ensemble de la CF (avec un objectif intermédiaire de 15.000 en 2006).
• L’optimalisation de la préqualification organisée par les Entreprises de formation par le travail (EFT) et les Organismes d’insertion socioprofessionnelle (OISP). Il s’agira derenégocier avec eux les profils de formation (qui devraient désormais s’appuyer sur ceux de la Commission communautaire des professions et des qualifications – CCPQ), leur durée,les publics-cibles et les volumes de formation. Moyennant quoi, le moratoire sur la création de nouveaux EFT et OISP pourrait être levé.
• L’augmentation de l’offre de formation et la montée en puissance du Dispositif intégré d’insertion socioprofessionnelle (DIISP).

Alternance

Ici, c’est vers un rapprochement des différents modèles d’alternance (Cefa et IFAPME/Formations classe moyenne) que le document semble pointer – tout en souhaitant que lesspécificités de chacune des deux filières soient clarifiées. Concrètement, le plan annonce :
• L’inscription de l’alternance dans le processus d’éducation et de formation tout au long de la vie. Autrement dit, tout en maintenant l’IFAPME dans le giron de la formation, il s’agitde permettre à ses apprentis de poursuivre leur formation générale dans l’enseignement afin d’être dûment diplômé. Pour ce faire, l’organisation descours généraux dans les Centres de formation de l’IFAPME devrait désormais être prise en charge par l’enseignement de promotion sociale via une convention. L’objectifétant de permettre à chaque jeune de franchir un maximum d’étapes vers le CESS et d’empêcher, au minimum, qu’on puisse quitter l’alternance sans le CEB. Ceci dit, cetransfert des cours généraux peut poser question, notamment du côté de la promotion sociale où il faudra désormais travailler avec un public mineur qui n’estactuellement pas le sien.
• La simplification du statut du jeune: le défraiement du jeune devrait désormais être identique, qu’il choisisse les Cefa ou l’IFAPME. Il devrait être calculésur la base d’un pourcentage à définir à partir du revenu minimum garanti et du secteur d’activité.
• La simplification et l’harmonisation des primes versées à l’employeur : pour le moment certaines primes d’encouragement délivrées par la Région wallonne neprofitent qu’aux employeurs accueillant des stagiaires issus de Cefa (et pas des Centres de formation de l’IFAPME). Il s’agirait de revoir ce système et de l’étendre aux apprentis del’IFAPME. Cette mesure, comme la précédente, s’inspire du principe énoncé au cabinet Arena : « Il ne faut pas qu’un employeur voie de différence de traitemententre les jeunes qui viennent des Cefa ou de l’IFAPME ». Par ailleurs, elles constituent un coup de pouce de fait aux centres de formation dont les apprentis et les employeurs devraient voirleurs défraiements et leurs primes augmenter.
• La simplification du pilotage de l’alternance. Elle passe par un rassemblement des structures actuelles qui la soutiennent (Sysfal, administration, IFAPME, Altis, Commission consultativede l’alternance, etc.). Au cabinet, on reste prudent sur la forme exacte que revêtira le nouveau pilotage tout en précisant qu’on ne créera pas une nouvellepièce dans un puzzle passablement compliqué : on construira à partir de l’existant.

Les langues

C’est peut-être dans ce domaine que les synergies entre Communauté française et Région wallonne apparaissent le plus visiblement. Le Plan annonce en effet :
• L’amélioration de la formation initiale et continue des enseignants et des formateurs en langue ; une amélioration qui passerait, entre autres, par l’organisationd’un colloque annuel consacré aux méthodes actives en matière d’apprentissage des langues et la révision de l’agrégation pour les philologues etde la formation initiale des régents en langues.
• L’association des employeurs aux formations en langues via, par exemple, une implication plus forte des secteurs aux efforts de financement de la formation des demandeurs d’emploi.Cette demande d’implication accrue des partenaires sociaux figure d’ailleurs en filigrane de plusieurs mesures contenues dans le Plan.
• Le soutien à l’immersion et aux formations intensives. On annonce par exemple le triplement des stages d’immersion à l’étranger organisés par leForem à destination des demandeurs d’emploi.
Il est à signaler que ces stages ont pu attirer certaines critiques. Celles-ci visaient le manque d’évaluation des progrès réalisés par les stagiaires et lechoix des pays de destination (Espagne et Italie aux deux premières places) – choix qui semble moins dicté par l’avantage compétitif que procure la connaissance de lalangue du pays que par la douceur du climat ! Du côté du cabinet, on précise que le dispositif sera évalué et recentré en faveur de l’apprentissageprioritaire du néerlandais. En matière de mobilité, il est également prévu de centraliser dans une Agence unique la promotion de toutes les possibilitésd’apprentissage d’une langue à l’étranger. A titre d’exemple, signalons qu’actuellement, les programmes Leonardo sont gérés parl’Agence Leonardo, incorporée à l’agence FSE ; l’agence Socrates, elle, fait partie du secrétariat général du ministère de laCommunauté française ; enfin, l’agence Erasmus est incorporée à l’Université de Mons-Hainaut ! En matière de formation intensive en langues, leForem devrait en organiser plus de 3000 (50h chacune) à destination des demandeurs d’emploi.

La formation des travailleurs actifs

Ici, c’est principalement le renforcement des dispositifs existants qui est recherché :
• L’amélioration des « Chèques formation » qu’il s’agira désormais de centrer sur des champs de formation prioritaires et, plusqu’actuellement, sur les travailleurs les moins qualifiés : « les ouvriers avant les cadres et les travailleurs du secondaire ».
• La formation des travailleurs inscrits dans un dispositif de transition professionnelle (PTP) qui devrait permettre que la transition en soit vraiment une. Pour ce faire, l’horaire dutravailleur devrait être aménagé et un accompagnement systématique mis en œuvre dès le début du contrat.
• La formation de tuteurs au sein des entreprises pour encadrer les jeunes en formation qualifiante, en alternance ou en stage, les bénéficiaires du Plan formation insertion (PFI),etc… Des actions de formation à destination des futurs tuteurs seront construites en partenariat avec les secteurs professionnels, l’IFAPME, le Forem et les acteurs del’enseignement qualifiant.

Les équipements et leur accessibilité

Pour cette « impulsion », le PST 2 reprend essentiellement les éléments déjà annoncés dans le Contrat pour l’école, à savoir laréalisation d’un cadastre des équipements, l’investissement dans les centres de compétences après objectivation des besoins, le développement de Centresde technologie avancée (CTA) pour l’enseignement qualifiant, le développement des politiques croisées entre Communauté française et Région wallonne enmatière d’équipement.

L’orientation, l’information et la promotion

Ici aussi, le Plan reprend les voies dégagées par le Contrat pour l’école : création d’un service « Information-Orientation » commun à laCommunauté française, la Région wallonne et la Cocof ; mise en place d’une coordination des actions de promotion des formations et des métiers. Est égalementprécisée la nécessité de « sensibiliser à l’esprit d’entreprendre ». Mais la mise en œuvre de ce principe est surtout décritedans le PST 1 (Création d’activités et d’emplois).

Valoriser une approche métiers

Ici encore, l’essentiel se trouvait déjà dans le Contrat pour l’Ecole. A commencer par le redéploiement de la CCPQ qui devra être l’organisation deréférence en matière de profil de qualification (PQ) et de profil de formation (PF). Il n’est pas inutile de rappeler qu’un rapport intermédiaire du Conseil del’éducation et de la formation (CEF – 17 juin 2005) proposait plutôt que la CCPQ demeure compétente en matière de PQ uniquement et que les PF (aussi appelésréférentiels de formation – RF) soient laissés aux opérateurs de formation eux-mêmes.

Par ailleurs, le PST 2 souhaite accélérer le dispositif de validation des compétences mis en route cette année et en étendre le principe àl’enseignement supérieur. A cet égard, on précisera que le Parlement de la Communauté française vient de voter le décret « Petit Bologne »préparé par le cabinet Simonet. Il y est notamment mis fin au plafond théorique qui limitait le nombre de crédits dispensatoires que pouvait apporter, lors del’inscription dans le supérieur, l’expérience professionnelle accumulée par un étudiant. Jusqu’à présent cette expérience professionnellene pouvait être valorisée que pour un maximum de 30 crédits (soit une demi-année académique).

Implication des partenaires sociaux

Sous cet intitulé sont rassemblées une série de mesures telles que :

• La systématisation et l’amplification des conventions sectorielles – actuellement au nombre de huit.
• La meilleure mobilisation des clauses sociales (dans les marchés publics) pour la formation.
• La rénovation de la Charte de la formation – qui concerne actuellement la formation des travailleurs auprès des entreprises – mais qu’il s’agirad’étendre à la formation en alternance et aux stages.
• Une réponse apportée aux pénuries. Elle aura deux temps : d’abord l’information via la mise en place d’une veille centralisée sur le marchédu travail et de la formation (déjà prévue par le PST 1). Sur la base des informations ainsi recueillies, le Forem aura trois mois pour mettre en place le dispositif de formationadéquat et répondre aux besoins critiques révélés.

Des consultations en cours

Reste que l’ensemble des mesures présentées sont bien celles d’un document adopté en première lecture et soumis à consultation de divers organes (Commission depilotage, Conseil économique et social de la Région wallonne, Conseil de l’éducation et de la formation, Conseil wallon de la politique scientifique, Conseil des recteurs,Conseil interuniversitaire, Conseil wallon de l’égalité entre hommes et femmes). Des questions demeurent cependant sur la densité réelle de ces consultationsopérées en pleine période de vacances. À titre d’exemple, le CEF, à qui il a été demandé de remettre un avis avant le 30 août, ne seréunira pas avant début septembre. Autrement dit, son avis ne sera guère plus qu’une note rédigée par un chargé de missions, reprenant des avisantérieurs, et contresignée par le président.

Enfin, une fois adopté, le suivi du PST 2 devrait être assuré par un délégué spécial – encore à désigner – qui pilotera laconcrétisation du Plan et constituera le lien entre le comité ministériel retreint présidé par Marie Arena et la task-force administrative chargée de veillerà la bonne gestion des mesures.
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Edgar Szoc

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