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Un atelier d’arts plastiques et d’écriture parie sur le « tous capables »

« Les Ateliers de la banane »1 donnent à voir le cheminement d’un groupe d’adultes durant cinq ans, sept ans pour les plus anciens, inscrits à unatelier hybride d’écriture et d’arts plastiques. L’aboutissement du projet aura été l’édition d’une collection d’écritsillustrés. Un terme pas tout à fait final puisqu’aujourd’hui les livres se présentent au travers d’une exposition2, que le processus s’expose autravers d’un film documentaire3. Et l’avenir est ouvert…

24-10-2005 Alter Échos n° 196

«Les Ateliers de la banane» 1 donnent à voir le cheminement d’un groupe d’adultes durant cinq ans, sept ans pour les plus anciens, inscrits à un atelier hybride d’écriture et d’arts plastiques. L’aboutissement du projet aura été l’édition d’une collection d’écrits illustrés. Un terme pas tout à fait final puisqu’aujourd’hui les livres se présentent au travers d’une exposition2, que le processus s’expose au travers d’un film documentaire3. Et l’avenir est ouvert…

Depuis 1998, tous les mercredis soir, un groupe de treize adultes, habitants de Saint-Gilles, se retrouve aux «Ateliers de la banane» (appellation due aux hasards de l’inspiration), un de ces lieux reconnus par la Communauté française comme centre d’expression et de créativité (CEC), un lieu particulier pensé par ses animateurs à la fois comme «laboratoire de productions artistiques» et de «mise en œuvre de projets collectifs».

Atelier de tous les possibles

«Tous capables» est un des principes essentiels avancé et soutenu par le quatuor d’animateurs à l’origine du projet. Une plasticienne, Mariska Forrest, deux écrivains, Vincent Marganne et Chantal Myttenaere, et une formatrice en alphabétisation, Karyne Wattiaux. «Pour nous, d’un point de vue philosophique, tous les êtres humains sont capables de produire, de créer, d’échanger, d’apprendre. Si nos expériences et nos savoirs sont diversifiés, nous avons par contre les mêmes aptitudes à questionner, à imaginer, à réfléchir», expliquent-ils. Les rencontres du mercredi se sont ainsi construites en ateliers de tous les possibles pour le groupe. Quand elle dira «j’ai fait quelque chose!» à la fois étonnée par elle-même et fière du trajet parcouru, «on m’avait toujours dit que j’étais une bonne à rien, tellement dit que je l’avais en moi», Maria Navarro à 73 ans émeut et témoigne de cette démarche collective qui permet aux individus de s’épanouir.

Raconter le trajet

Le film documentaire Les utopies du mercredi réalisé par Chantal Myttenaere raconte l’histoire du groupe participant à l’atelier «aussi hétéroclite que la population qui fréquente le marché en semaine», venant «d’ici et d’ailleurs, jeunes et moins jeunes, illettrés et lettrés». Au bout du parcours, les catégories s’estompent lettrés ou illettrés, handicapés ou valides, nantis ou pauvres. Le collectif entre dans l’échange, la confrontation pour, comme le dira la plus jeune des participantes, «découvrir un monde». «Tout en suivant l’évolution de chacun au sein de cet atelier ancré en terre de solidarité, le spectateur est amené à entrer dans une démarche collective, à partager un travail créatif exigeant, à ressentir les émotions vécues par tous, à entendre combien un tel projet bouleverse la vie et les rapports au monde.» De l’avis de Patricia Gérimont, responsable des CEC en Communauté française, le film témoigne d’un processus de création peu courant avec des adultes, d’aucuns l’envisageant comme un public trop difficile, plus que les enfants, bloqué et avec des idées préconçues…

Le tout d’un chacun

«Entre mots» 4 est le nom choisi pour la collection des dix livres illustrés, récits de fiction et univers à découvrir de chacun des participants à l’atelier. Produire son livre n’était pas du tout l’objectif du départ. L’idée est apparue au fil du temps en réponse à l’envie de chacun de mener un travail personnel à partir de cet endroit collectif. Pour les réaliser, certains sont partis de textes, d’autres d’images créées au gré des mercredis. Croquis, prises de notes… collectés, triturés, discutés, relancés, sélectionnés ont mené à ces «Entre mots», une collection où les livres signés par chacun portent aussi la signature collective. «Bien que chaque participant signe son livre, la confrontation avec les autres membres de l’atelier et les moments de propositions communes font des créations individuelles une démarche collective, une collection». Depetits bijoux.

1. Les Ateliers de la banane, rue du Métal, 38 à 1060 Bruxelles – tél.: 02 538 45 36 – courriel: bananeatelier@swing.be
2. Exposition du 13 au 30 octobre 2005 au Centre culturel Jacques Franck à Saint-Gilles – tél.: 02 538 9020
3. Distribué par le Gsara – tél.: 02 218 58 85

4. Disponibles auprès du Collectif alpha, rue de Rome, 12 à 1060 Bruxelles – tél.: 02 538 36 57.

Catherine Daloze

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