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Emploi/formation

Tensions autour de la rédéfinition du soutien scolaire

La Cocof n’a pas souhaité définir l’une des trois priorités du programme de cohésion sociale qui est le soutien et l’accompagnement scolaire afin de ne pas en limiter l’offre des différentes associations. L’objectif : permettre de mettre en place différentes approches pédagogiques appropriées à leur public. Ces associations n’aident pas uniquement les jeunes à faire leurs devoirs. Elles sont également chargées d’organiser des activités périphériques, encadrer le parent et maintenir des contacts avec l’école.

25-01-2013 Alter Échos n° 352

La Cocof n’a pas souhaité définir l’une des trois priorités du programme de cohésion sociale qui est le soutien et l’accompagnement scolaire afin de ne pas en limiter l’offre des différentes associations. L’objectif : permettre de mettre en place différentes approches pédagogiques appropriées à leur public. Ces associations n’aident pas uniquement les jeunes à faire leurs devoirs. Elles sont également chargées d’organiser des activités périphériques, encadrer le parent et maintenir des contacts avec l’école.

Sur le terrain, le soutien et l’accompagnement scolaire, destinés aux élèves du primaire et du secondaire, se traduisent dans la grande majorité des cas par de l’aide aux devoirs. Les écoles de devoirs des associations offrent un bon environnement pour l’apprentissage, une aide et un accompagnement.

Malgré l’absence de définition, l’appel à projet du deuxième quinquennat du programme de cohésion sociale, « axe : soutien et accompagnement scolaire », clarifie les attentes et objectifs souhaités de l’administration de la Cocof. « Les associations ne doivent pas seulement aider le jeune à mieux s’investir dans sa scolarité, mais aussi à le réinsérer dans son parcours scolaire en cas de décrochage, lui permettre d’être autonome, acquérir une méthode d’apprentissage, mieux maîtriser le français, comprendre les consignes et viser la citoyenneté », explique Marie-Pierre Durt, attachée principale à la Cocof.

Et après l’école ? Quand il n’y a pas d’école ?

L’appel à projet a également mis l’accent sur l’organisation d’activités périphériques de type socio-culturelles, créatives, socio-sportives, de réflexion, d’expression, d’initiatives citoyennes, camps … Elles doivent contribuer à éveiller le plaisir de découvrir et d’apprendre du jeune. « Ces activités offrent des espaces de socialisation plus ludiques où les interactions sont privilégiées et la diversité appréhendée par le rapport à la mixité », détaille Vanessa Vindreau, chargée de missions au CBAI. Rien de nouveau pour de nombreuses associations qui organisaient déjà ce type d’activités, pas toujours au goût des parents d’ailleurs.
 
Atoll1, service d’accueil de jour pour personnes âgées, situé à Etterbeek, accueille les mardis après-midi une demi-dizaine d’élèves du primaire provenant d’une école de devoirs du quartier. « Quand les enfants arrivent après l’école, ils participent à un atelier créatif avec les aînés, nous prenons ensuite le goûter ensemble et ce n’est qu’après qu’ils commencent leurs devoirs encadrés par un animateur de l’école de devoirs. Les personnes âgées aident également, par exemple à la préparation de dictée », raconte Martine Deprez, coordinatrice d’Atoll. « Nous avons déjà rencontré une maman qui souhaitait que son enfant se concentre uniquement sur ses devoirs et qui ne saisissait pas l’utilité des autres activités. »

À Entraide Bruxelles2, association située à Laeken, la plage horaire réservée aux devoirs des primaires est d’une grosse heure. « Nous travaillons en collaboration avec la Maison des enfants de la Ville de Bruxelles pour les activités extrascolaires. À partir de 16 h 30, les enfants font des bricolages, des jeux éducatifs, des sorties, etc. À 16 h 30, certains enfants n’ont parfois pas encore terminé tous leurs « devoirs », qui sont pour certains des travaux non réalisés en classe », explique Anastasia Papadopoulos, coordinatrice. « Dans ces cas-là, l’enfant participe tout de même aux activités de 16 h 30. Il est important qu’il puisse souffler. On demande alors aux parents de l’aider à terminer ses devoirs à la maison. »

Ménage à trois

L’appel à projet du deuxième quinquennat a également souligné l’importance de la relation triangulaire : parents, école, école de devoirs. Celle-ci doit permettre une meilleure approche du jeune.

Certaines associations sont donc en contact avec des instituteurs, des directeurs d’établissements, assistantes sociales et autres. Convergences3, située à Anderlecht, n’accueille qu’une douzaine d’élèves provenant uniquement de deux écoles du quartier avec lesquelles elle travaille en profondeur. « Nous accompagnons parfois le père ou la mère aux réunions de parents trimestrielles organisées par l’école. La communication de l’école envers la famille est essentiellement écrite, mais nombreux sont ceux qui ne savent ni lire, ni écrire en français. Nous les accompagnons également dans cette démarche », rapporte Irene Piccinelli, administratrice.
 
À Entraide, le jeune est suivi de sa première à sa sixième année primaire. « Nous aidons les parents à effectuer les recherches pour l’inscription de leur enfant dans une école, on leur conseille de prendre contact avec le professeur en cas de grosses difficultés, il nous arrive aussi d’écrire un mot dans le journal de classe en cas d’incompréhension du devoir », relate la coordinatrice. « J’ai l’impression que l’instituteur est plus attentif à un élève inscrit en école de devoirs. »

Relais entre la famille et l’école

Un travail est réalisé par certaines associations pour tisser des liens avec la famille et l’école. Mais la tâche se révèle plus ardue quand il s’agit d’envisager l’articulation entre eux. En plus de la barrière de la langue, la peur et l’incompréhension du système scolaire bloquent certains parents à aller vers l’école et à s’intéresser davantage à la scolarité de leur enfant. Dans ce contexte, beaucoup de familles demandent l’aide des associations. Mais elles sont beaucoup trop nombreuses à le faire…   

La grosse majorité des écoles de devoirs sont saturées. Elles sont pourtant quotidiennement sollicitées par les familles qui cherchent une solution pour leur jeune en difficulté. Certaines, dépassées, ont abandonné l’idée de faire des listes d’attente. D’autres, comme l’AMO de Neder-Over-Heembeek4, ont décidé d’encadrer les parents d’enfants inscrits sur ces listes. « Nous les avons sollicités et nous nous sommes impliqués avec eux dans un processus communautaire. Le but est de les encourager à mettre en place par eux-mêmes un soutien scolaire pour les élèves sur liste d’attente. Deux réunions ont déjà eu lieu afin de mobiliser les ressources et les énergies de chacun », explique Kathleen Van de Berg, directrice.

Mais pourquoi une telle explosion de la demande ? Les idées fusent, certains pointent du doigt l’école qui aurait bien besoin d’une refonte totale de son système, ou encore les élèves qui n’acceptent plus l’autorité et qui ne souhaitent pas étudier, ou bien les parents, incapables d’assurer l’éducation de leur enfant, pourtant préalable à l’apprentissage de toute connaissance.

1. Atoll :
– adresse : square Docteur J. Joly, 2 à 1040 Etterbeek
– tél. : 02 733 15 51
– site : http://www.atoll.be
2. Convergences :
– adresse : bd de la Révision, 36-38 à 1070 Anderlecht
– tél. : 02 523 82 46
– courriel : convergencesasbl@gmail.com
3. Entraide Bruxelles :
– adresse : av. de l’Héliport, 22 à 1000 Bruxelles
– tél. : 02 427 57 01
– courriel : anasta@swing.be
4. AMO de NOH :
– adresse : rue de Heembeek, 240-242 à 1120 Neder-over-Heembeek
– tél. : 02 267 36 67
– site : http://www.amo-noh.net

Nathalie San Gil Coello

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